lundi 31 mars 2014

En attendant de lire l'article...

... retrouvez l'album du Salon du livre de Paris 2014 sur la page Facebook du blog ici !
L'album est terminé, n'hésitez pas à aller le découvrir et à le commenter !
Article sur la Salon prévu en fin de semaine !

dimanche 30 mars 2014

Clotaire se déguise et nous aussi !

Ce week-end c'était le carnaval de l'école, l'occasion de sortir les plus beaux costumes de la malle magique, non sans avoir hésité entre plusieurs, cela va sans dire, l'occasion d'aller avec les copains et les parents des copains, de défiler dans les rues de la petite bourgade dans laquelle nous habitons, de lancer des confettis et de manger des bonbons, par poignées et par colliers. C'était gai, joyeux et grimé, c'était sucré, doux et coloré ! Cette petite escapade festive me donne l'occasion de vous présenter deux livres autour de ce sujet.
Clotaire se déguise de Janik Coat. Clotaire est de retour ! Clotaire, c'est Clotaire, il ressemble plus ou moins à un pingouin, il ne s'exprime pas trop, pas un mot, pas un cri, pas une expression sur la trombine, enfin sur le profil - gauche, toujours le gauche - mais qu'est-ce qu'il est drôle. Tantôt Zorro, tantôt, aviateur, Freud, Obélix, La Callas, le Père Noël, Harry Potter, la Panthère Rose ou en Barbie, tantôt des références que l'enfant connaîtra, tantôt, c'est plutôt à ses parents qu'elles s'adresseront, toujours avec une pincée de pince sans rire, et un zeste de fantaisie offerts par un personnage un poil rigide que l'on reconnaît parfaitement grâce à son nez proéminent et son regard droit devant, malgré tous les costumes qu'il endosse et tous les univers dans lesquels il se fond (ou presque). Chaque double page présente l'animal sans déguisement à gauche avec une légende qui introduit la planche de droite, le Clotaire déguisé. C'est un album à feuilleter en famille, personnellement j'ai bien ri quand mes enfants tentaient de trouver en quoi était déguisé Clotaire et qu'ils tombaient à côté, La Callas en Mamie, Marie-Antoinette en poule, Les demoiselles de Rochefort en fauteuil... Quelques doubles pages de jeux, "cherche et trouve" et devinettes rythment un album petit format couverture souple qui peut s'emmener partout partout pour un petit brin de poilade discret et rapide ! Bravo à son auteure Janik Coat dont je suis fan, vous le savez... qui vient de réviser les aventures de son personnage dans cette édition revues et augmentée *** Coup de cœur ***

Maquillages de Caro Childs et Chris Caudron - photographiqes de Ray Moller. Papillon, souris, lion, tigre, ours, hibou, vampire, chien, lapin, masques... Voici un album pour faire ou se refaire le portrait en moins de deux et en deux ou trois coups d'éponges et de pinceaux. Du choix du matériel à installation, en passant par les fonds, les traits, les motifs et les modèles expliqués pas à pas, il y a dans ce livre là une mine d'or pour assurer maquillage et grimages. Les spirales permettent de positionner facilement l'album sur la page qui fera modèle pour de belles perspectives et transformations gaies et colorées autour de thématiques classiques qui ne passeront jamais de mode !

*** Les références ***
* Clotaire se déguise de Janik CoatEditions Autrement - mars 2014 - 14,50 €
* Maquillages de Caro Childs et Chris Caudron - photographies de Ray Moller, Editions Usborne 2008 - 8,70€

Quand nous ne sommes pas tous concernés par le 2e tour des municipales, nous le sommes par contre tous par le changement d'heure ! N'oubliez pas de tourner les aiguilles des pendules et de tenter de mettre à l'heure petits et grands. Une pensée d'ailleurs aux parents de tout-petits qui auront peut-être un peu plus de mal que d'autres... 
Et pour les 'un poil' plus grands, voici L'heure des enfants de Nadja. Un album cartonné en forme d'horloge qui permet aux enfants de comprendre le fonctionnement et la lecture des aiguilles, celles qui donnent l'heure ! L'histoire suit le rythme d'une journée avec ses moments clés illustrés par trois personnages : réveil à 7h00, petit déjeuner à 7h30, à 7h45 on s'habille, etc. Simple et efficace, ce livre permet d'aborder la notion de manière ludique et tout en douceur en abordant un rythme que les enfants connaissent bien : le leur ! 

* L'heure des enfants de Nadja  Editions Ecole des Loisirs, collection Loulou et Compagnie octobre 2013 - 13,50 €

vendredi 28 mars 2014

Un petit tour chez les Incorruptibles

Comme vous le savez, cette année, à l'occasion de la participation de la classe de Petit Pois aux Incorruptibles - il est en grande section - j'ai décidé de suivre le prix d'un peu plus près en vous présentant des chroniques régulières sur une partie des livres de la sélection, toutes classes confondues. En peu de temps deux albums sont arrivés à la maison via l'école, Le fil rouge de Géraldine Collet et Cécile Hudrisier et Les baisers de Cornélius d'Agnès de Lestrade et Charlotte Cottereau. L'idée est de lire l'album avec l'enfant, puis de remplir son carnet de lecture qui comporte trois parties, l'avis de l'enfant, l'avis des parents et la réalisation d'un dessin inspiré de l'album. A la maison, Petit Pois aime faire comme - je suppose - à l'école en nous présentant l'album lui-même, page après page, face à son public attentif. C'est un bon moment d'échanges, de discussion et d'atelier autour du livre qui permet aussi à La Grenouille, sa petite sœur de moyenne section, de participer.
Du côté des maternelles...
Le fil rouge de Géraldine Collet et Cécile Hudrisier. Une petite fille crayonnée crayon gris, avec juste deux petites touches de rouge sur les joues, là où ça fait un fard coquet, là où le personnage prend vie, s'interroge sur un fil rouge qu'elle trouve à ses pieds. Curieuse, elle décide de tirer, tirer la ficelle, "oh hisse, la saucisse", qui a l'air de résister. Et pour cause, badaboum, la voici les fesses par terre tellement elle a tiré fort et trois cochons potelés (qu'on imagine petits, les cochons) apparaissent, catapultés dans les airs. Ils rejoignent la petite fille pour le tir et à la corde, et ensemble, ils font apparaître le loup. L'histoire continue sur ce principe et de nouveaux personnages de conte apparaîtront jusqu'à Celui ( avec un grand C) qui tient bon et fort son fil rouge. Misère de misère, on dirait bien qu'il y a une grosse bêtise dans l'air. A la fois tendre et malicieux, Le fil rouge est un album plein de surprise, truffé de références, efficace et drôle qui parlera forcément forcément aux enfants. Ici, la critique est unanime : on a beaucoup aimé !  *** Coup de cœur ***.  

 
 
 

Les baisers de Cornélius d'Agnès de Lestrade et de Charlotte Cottereau. " Cornélius était un vieux monsieur qui n'avait pas trouvé l'amour. Il était seul et triste, parfois". C'est peut-être pour cela que son esprit créatif eut envie un jour de créer une "machine à baisers". Quelle belle idée, les baisers en sortaient par milliers et voguaient au vent pour rencontrer badauds et passants. Un jour, les baisers virèrent direction maison d'une sorcière, "moche, ridée, avec un poireau sur le nez". Cela ne la ravit pas du tout du tout de voir tous ces baisers s'approcher mais quand l'un d'eux se posa sur son bras, la magie opéra. Je ne vous dis pas laquelle, mais sachez que l'album, un conte romantique à l'univers visuel très doux, fait la part belle à l'amour et au changement, comme s'il n'était jamais trop tard pour évoluer et goûter au bonheur...

 


Du côté des CP...

La mémoire aux oiseaux d'Ingrid Chabbert et de Soufie. "Ma grand-mère, je l'aime aussi fort que l'univers. (...) Elle a une robe de chambre toute rose qu'elle prend pour un manteau. En journée, elle sort même avec ses pantoufles". C'est avec beaucoup de tendresse et d'affection qu'un garçonnet haut comme trois pommes mais lucide comme six parle de sa grand-mère souffrant d’Alzheimer. Une grand-mère douce, ronde et rose bonbon qui est un tout petit peu à côté de la plaque mais qui vit pas, contrairement aux apparences de légèreté sa maladie de manière douce, ronde et rose bonbon. Entre ces moments d'oubli et d'écarts aux codes de notre société, il lui arrive de se souvenir que sa mémoire s'envole et elle en pleure, sur le perron de la maison ou cachée derrière un canapé en fleurs. Heureusement, elle n'est pas seule, elle a sa famille, et son petit-fils, tendre et bienveillant. La Mémoire aux oiseaux est un album magnifique sur cette maladie dégénérative du cerveau qu'est Alzheimer, sur la sénilité aussi. Les images induites par le texte doux, sensible et poétique d'Ingrid Chabbert sont parfaitement accompagnées par les douces illustrations de Soufie, tant dans le trait que dans la palette de couleurs choisies, qui permettent une lecture poétique et tout en rondeur d'un sujet compliqué à expliquer aux enfants, autant peut-être qu'à vivre, tant pour la personne touchée que pour ses proches. *** Coup de cœur ***.  
Du côté des CE2 /CM1...
La voix d'or de l'Afrique de Michel Piquemal et Justine Brax. "Près du fleuve Niger, un enfant est né, un enfant pas comme les autres... Un enfant aux yeux un peu rouges, noir à la peau blanche". Malédiction, dit-on en Afrique. Ce jeune enfant albinos se nomme Salif, il est le fils d'une des plus prestigieuses familles du Mali. "Quelle honte pour famille noble (...). On parle de lui donner la mort". Ainsi son père le rejette, mais sa mère s'enfuit avec lui, et lui sauvera la vie. Cette histoire pourrait être l'histoire ordinaire de tous les enfants nés albinos en Afrique, si elle se veut quasi universelle, elle est pourtant singulière puisqu'elle est inspirée de la biographie de Salif Keita, surnommé "La voix d'or de l'Afrique". Il grandit sous les railleries, songe même à se donner la mort, à plusieurs reprises. Il se réfugie dans les livres, puis dans la musique, toujours rejeté et raillé et enfin, enfin perce. Le texte présente un parcours lourd et difficile dans une écriture contée inspirée de la tradition orale. Les illustrations présentées en pleine page de droite réalisées par Justine Brax sont remarquables, cet album, grand et d'une très belle qualité permet d'aborder des sujets sérieux autour du rejet, des cultures, des croyances, de la peur de la différence en faisant une immersion dans le cœur traditionaliste de l'Afrique à explorer sans omettre l'univers de l'artiste que vous retrouverez  Ici.  
Du côté des CM2 / 6e...
La meilleure nuit de tous les temps de Séverine Vidal. 
" Quand on tombe amoureux, on tombe pour de vrai. Aimer, c'est s'écrouler dans les escaliers, c'est se fendre la cheville en deux, avoir l'os qui ressort et hurler à la mort en attendant les secours. Niveau douleur, c'est à peu près ça." Et Raphaël sait de quoi il parle, parce que quand il tente en bafouillant de lui donner rendez-vous, à cette fille aux boucles rousses qu'il croise à l'école, lors de sa rentrée en 6e, il tombe. Il tombe de haut, quand elle refuse car il pense à elle 24h sur 24h. "Aimer c'est se casser la gueule" raconte-il à son frère, son confident, à qui il avoue aussi qu'il ne connait que de la belle sa classe, 5eC et pas son prénom. Et puis entre un plat de carottes râpées et une salade d'endive, elle s'est retrouvée derrière lui dans la queue du self et elle lui a dit oui. Pas comme ça, tout à coup. Elle lui a aussi demandé de refaire sa propostion, mais sans "les potes". Juste un rendez-vous en tête à tête. C'est comme ça que ça a vraiment commencé, avec une entrée de crudités, des yeux merveilleux, un tshirt Born to be wild et un prénom doux, très doux, Colombe.  Et pour les tourtereaux ce premier rendez-vous est devenu une habitude, un rituel.  "La vie c'est fou ! C'est fou de faire la connaissance de quelqu'un le 5 septembre et de ne plus pouvoir s'en passer le 6". Mais le hasard ne fait pas toujours bien les choses. Quand le père de Raphaël découvre que la tourterelle n'est autre que la fille de son nouveau patron il veut mettre fin à l'idylle, comme si l'amour n'était réservé qu'aux adultes, comme si ces raisons d'adultes étaient valables et recevables, comme si on arrêtait comme ça de s'aimer quand on s'aimait vraiment. Comme si une grande claque, la première, l'unique, réglerait quelque chose. Rien, on le sait bien. Mais Raphaël doit en parler à Colombe et les deux amoureux ne mettront pas longtemps à trouver la solution pour vivre leur "amour clandestin", ce qui ne pourra pas se faire sans le frère de Raph de 15 mois son aîné, Lujien - enfin Julien mais un épisode de dyslexie à définitivement transformé son prénom en verlan- ni sans deux ou trois péripéties et événements, et pas des moindres : un mariage et un incendie entre autres ! Drôle et attendrissante, l'histoire de ce jeune couple de pré-ados narrée par la voix du jeune garçon formule avec justesse, insouciance, légèreté et importance des premiers émois. Le contexte tissé met en avant une très belle relation fraternelle, tout en respect et en complicité, et montre les premières tentions qu'il peut y avoir dès les premières années de collège entre enfants et parents, le père ici. J'aime beaucoup les romans de Séverine Vidal. Facile à lire, il entraînera facilement les jeunes lecteurs dès 9 ans, et comme Lâcher sa main publié chez Grasset Jeunesse que j'avais chroniqué ici, ce roman là est une perle. *** Coup de cœur ***.  
*** Les références ***
* Le fil rouge de Géraldine Collet et Cécile HudriserEditions Philomèle - septembre 2011 - 13 €
* Les baisers de Cornélius d'Agnès de Lestrade et de Charlotte Cottereau, Editions Balivernes 2012 - 12€
* La mémoire aux oiseaux  d'Ingrid Chabbert et de Soufie, Editions Des ronds dans l'O 2012 - 12,50€
* La voix d'or de l'Afrique  de Michel Piquemal et Justine Brax, Editions Albin Michel Jeunesse 2012 - 13,90€
* La meilleure nuit de tous les temps de Séverine Vidal, Editions Du Rouergue août 2013 - 7,50€

*** Retrouvez ma précédente chronique sur Le Prix des Incorruptibles Ici
ainsi que les articles présentant deux albums en sélection :
Brigitte la Brebis qui n'avait peur de rien de Sylvain Victor, 
Editions Thierry Magnier 
mai 2012- 12,50 € - ICI - *** Coup de cœur ***.  
La drôle de maladie de P'tit Bonhomme 
de Pierre Delye, 
Editions Didier Jeunesse 
Janvier 2012- 11,90 € - ICI

jeudi 27 mars 2014

Au rythme des tortues...

... la valse lente mais assurée des tortues, une valse à trois temps, pour prendre encore le temps de découvrir des albums qui ne sont pas forcément récents, qui n'ont pas mille ans non plus, la valse lente des tortues pour prendre encore le temps de s'offrir des détours, vers des albums charmants, pour les petits et les plus grands.

Tortue vole illustré par Jean-Luc Buquet sur une idée de Philippe S. Hadengue. Tortue vole est un joli petit album carré de la collection C'est toi qui racontes chez Courtes et Longues, qui propose des images douces et sensibles, pas de texte. Une tortue se promène, on ne voit qu'elle sur la grande double page d'ouverture, au fond beige. Quand elle rencontre une congénère, puis deux,  quatre et des dizaines, elle avance à contre-sens les escalade, ne veut pas rentrer dans le rang, ni dans le moule. Elle en met du désordre et du désordre chez les tortues qui finissent par former une pyramide sur laquelle notre tortue rebelle se hisse, danse, imagine qu'elle n'est pas une tortue et qu'elle pourrait voler. Dur retour à sa condition quand elle aperçoit haut dans le ciel, une hirondelle. Je vous livre ma lecture de l'album, peut-être y verrez vous une autre histoire, puisque celle-ci s'écrit avec l'interprétation que fait le lecteur. Un livre pour observer, échanger, raconter, qui peut devenir, à l'égal des albums de la collection, un très bon support de travail en maternelles et début de primaire.   
Sous ma couverture vit une tortue de Marcus Malte et Aurélie Guillerey. Longtemps mon Petit Pois a eu des personnages imaginaires dans son univers. L'un d'entre eux était une tortue, elle dormait avec lui, elle s'appelait Fanny. Ne me demandez pas pourquoi son père était un requin (gentil, gourmand et qui apportait des bonbons dans une boîte en plastique) mais son père était un requin. Un détail qui donne vie à sa tortue, vous l'aurez compris. Quand cet album est arrivé à La Maison Rouge - fief de la famille Baobab- nous l'avons lu, relu, rerelu, en présence de Fanny bien entendu, que je crois Grenouille et moi, avons presque aperçue. Le lit est une cabane, l'univers du petit garçon de l'album est une chambre où grouillent petits objets, jouets et collections chaleureusement unis par sa fantaisie. Bienvenue dans la vie d'un personnage au grand sourire, à la coupe au bol, aux cheveux raides et carottes. Il a un tee-shirt jaune et une salopette verte, sa tortue est à son image, les mêmes couleurs la représentent, y compris le orange sur la tête, un bonnet en laine. Bienvenue dans son imaginaire, voici sa tortue (pas une toute jeune, elle a déjà 100 ans Un détail qui donne vie à sa tortue, vous l'aurez bien saisi ! Comment ça, je l'ai déjà dit ? ). Voici son amie à qui il lui raconte des histoires d'îles et de soleil pour lui réchauffer le cœur quand dehors il fait froid. Un univers sans nul autre pareil, où il lui faut dessiner des feuilles de salade pour que la tortue n'en manque jamais et mange à sa faim. Il fallait y penser ! Entre poésie et voyage onirique, cet album qui offre des illustrations chaleureuses au joli tête à tête de l'enfant et de la tortue parlera forcément aux jeunes lecteurs qui comme ce tendre personnage sont entourés de ces êtres que personnes d'autres qu'eux ne voient, les copains imaginaires. Ce n'est pas forcément sa vocation, mais il pourra permettre aux parents un peu inquiets de faire une place compréhensive au copain imaginaire (dont il faut parfois s'occuper à l'extrême). Une période qui n'a qu'un temps, comme ces objets de transition que sont les doudous, et que l'on peut en parler et accepter. *** Coup de cœur***
L'histoire vraie de Kik la tortue géante de Fred Bernard et Julie Faulques. La tortue de la couverture est splendide et son réalisme inscrit déjà l'album dans une catégorie à mi-chemin entre l'histoire et le documentaire. Kiki est une tortue géante arrivée un peu par hasard au Jardin des plantes de Paris où elle a vécu une grande partie de sa vie. Elle est trouvée dans la nature alors qu'elle est encore toute petite et est offerte à Monsieur Carrié auprès de qui elle grandira, et grossira surtout, en semi-captivité dans un univers et sous un climat adaptés. Quand l'homme décide de prendre sa retraite, il revient en métropole, plusieurs dizaines d'années se sont écoulées et il ne souhaite pas se séparer de son compagnon (Oui, Kiki est un garçon). Il décide de le confier au Jardin des plantes, à Paris où la tortue retrouve des congénères et s'acclimate plutôt bien. C'est sont épopée et sa vie dans la partie zoologique de l'endroit qui est narrée dans cet album. Kiki observe le temps passer, les saisons filer, les temps changer : évolution des pratiques vétérinaires et du public auprès duquel Kik a beaucoup de succès, il faut dire qu'il en a vu des choses en 146 ans et son parcours est intéressant à découvrir. A la fin de l'album une double page permet d'en savoir plus sur l'espèce qu'il représente et sa vétérinaire de prédilection,  Marie-Claude Bomsel en photo à ses côtés, est interviewée. 

*** Les références ***
* Tortue Vole ! de Jean-Luc Buquet sur une histoire originale de Philippe S. HadengueEditions Courtes et longues - 2008 - 13,50 €
* Sous ma couverture vit une tortue de Marcus Malte et Aurélie Guillerey, Editions Sarbacane 2012 - 13,90€
* L'histoire vraie de Kiki la tortue Géante  de Julie Faulques, Editions Nathan mai 2013 - 10€

mercredi 26 mars 2014

Le petit oiseau est de sortie !


C'est un petit livre carré qui se déplie malicieusement en accordéon. C'est un petit livre carré qui a pour plume Séverine Vidal quand est aux plumes (d'oiseaux) l'illustratrice Csil. Elle offre au texte un univers très doux, au trait délicieusement naïf à un album aussi beau qu'oiseau qui en compte pas un, pas deux, pas trois mais pas moins de, tenez-vous bien, 55 ! 55 oiseaux de Séverine Vidal et Csil aux éditions Winioux. Un oiseau tout d'abord et une épaule aussi, celle de l'enfant qui narre le voyage ou le rêve d'un oiseau qui pointe du bec la page à tourner, prêt à en rencontrer un deuxième dans un nid, un troisième en plein ciel qui emmène les deux autres dans son sillage, puis un quatrième et même un cinquième posé comme les autres sur le bras de l'enfant qui fait branche le temps de reprendre leur souffle pour repartir de plus belle, à tir d'ailes. Chat danger, plumes dociles mais pas cervelles de moineaux, cette histoire là conte et compte jusqu'à dix puis saute jusqu'à 55 tout en poésie et en finesse, celles d'un duo auteure / illustratrice comme on aime en rencontrer dans le paysage des beaux albums jeunesse. Une très belle qualité d'édition, un carton épais qui permet d'exposer l'histoire sur une étagère quand elle n'est pas lue, quand l'album n'est pas manipulé, une frise de haut rang à offrir dès la naissance, que l'enfant pourra découvrir petit à petit en grandissant pour apprendre à compter sur ses oiseaux. Et il y a même un chat dedans, un gros gros chat. Pour un argument de plus, s'il en fallait un. Pour vous faire aimer cet album comme je l'aime, je vous montre comment je le regarde, avec quelques photos prises sans dessus dessous parfois mais toujours avec beaucoup de douceur... Et de plaisir de la prise de vue ! *** Coup de cœur *** 

J'ai ouvert cette chronique avec 55 oiseaux car c'est l'album qui m'a donné envie de traiter la thématique oiseau. Sa douceur s'accorde parfaitement avec un album que j'ai découvert en même temps, à Montreuil, Le Lion et L'oiseau de Marianne Dubuc aux Editions La Pastèque.
Un lion en salopette bleue, un lion jardinier à la crinière parfaitement domestiquée travaille au jardin un jour d'automne. Un jour de migration, un oiseau tombe, trop faible pour faire le grand voyage, il est recueilli par le lion, soigné et adopté pour passer les froides saisons. Une amitié forte naît de leur quotidien, qui se déroule et est montré par les temps de déjeuner, de jeux, de lecture, de pêche et le feu dans le cheminée. Le temps file, la neige arrive, l"hiver passe, les amis sont protégés, l'oiseau est bien au chaud dans le foyer du lion. D'une incroyable douceur les illustrations sont légères et l'histoire s'interrompt d'un coup avec une double page blanche, des pages enneigées, qui laissent poindre un perce-neige, annonçant le déclin de l'hiver et l'arrivée du printemps. Quand le printemps revient et avec lui les migrateurs, l'oiseau n'a qu'une envie, rejoindre les siens, ce qu'accepte le lion non sans tristesse, "c'est la vie". Très peu de texte et de très belles illustrations mènent une histoire sensible autour de l'amitié dans un album de grande qualité à découvrir absolument. *** Coup de cœur *** 

Mon oiseau... de Christian Demilly et Marlène Astrié, Editions Grasset Jeunesse. Un petit garçon raconte ce qu'est pour lui son oiseau, entre animal de compagnie et ami, l'oiseau doux qui ne pique pas, l'oisillon qu'il a trouvé par terre, un jour par hasard, le cœur tambour battant dans le creux de ses mains, représente amitié, respect et liberté aussi. Car l'oisillon n'appartient pas vraiment au garçon "il n'est à personne, il est à lui" et cette rencontre entre tous les deux permet d'aborder émotions, liens d'amitié dans un texte tendre et bienveillant. Les illustrations sont aussi douces que le texte, papiers découpés, couleurs kraft, du brun, des verts, des rouges, elles sont légères et enluminent un très bel album qui aborde avec justesse les relations d'amitiés et le sens de la vie. *** Coup de cœur *** 

L'ïle aux fous de Marjolaine Pereira et Elisabeth Piquet. Bienvenue au pays des Fous. Non pas l'asile, mais l'île, l'île aux Fous de Bassan cet oiseau tout blanc au plumage jaune à la tête, aux yeux maquillés de noir, au bec bleuté, ce fidèle parmi les fidéles qui ne quitte jamais l'élu de cœur qu'il a choisi pour faire naître ses petits. C'est Bréhat qui est est son fief, " cerclée d'îlots épars, lovée dans un écrin d'un bleu profond (...). Au milieu des géraniums et des agapanthes, entourés d'hortensias et de fleurs géantes (...)". Un album pour partir à sa découverte, un album aquarelle et peinture traditionnelle pour découvrir d'une manière originale îles et côtes du granite rose, le Trégor, territoire des Fous, territoire de Bretagne.
Les oiseaux exotiques illustré par Marion Billet, Editions Gallimard Jeunesse. C'est avec un clin d’œil sonore que je termine cette thématique. Un nouveau titre paraît dans l'excellente collection Mes petits imagiers sonores chez Gallimard jeunesse dont je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises. Elle propose 6 images et 6 sons associés qui intrigueront les tout-petits : la mainate de Ceylan, le loriquet arc-en-ciel, l'incontournable toucan que l'on retrouve en couverture, le martin-pêcheur, le manchot royal et le flamant rose. Les illustrations de Marion Billet sont vives, joyeuses et colorées, l'univers sonore proposé est aussi surprenant... qu'exotique ! 

*** Les références ***
* 55 oiseaux de Séverine Vidal et Csil, Editions Winioux - Novembre 2013 - 10 €
* Le Lion et l'oiseau de Marianne Dubuc, Editions La Pastèque - Juillet 2013 - 16,40€
* Mon oiseau de Christian Demilly et Marlène Astrié, Editions Grasset Jeunesse Février 2014 - 15,90€
* L'ïle aux Fous de Marjolaine Pereira et Elisabeth Piquet, Editions Millefeuille - collection Patrimoine maritime avril 2008 - 14€
* Les oiseaux exotiques illustré par Marion Billet, Editions Gallimard Jeunesse - collection Mes petits imagiers sonores mars 2014 - 10,10€

lundi 24 mars 2014

La mariée portait des Crocs...

 ... Et exceptionnellement, de retour du Salon du livre de Paris, je vous donne rendez-vous pour ma chronique du lundi... jeudi ! On parlera tortues avec trois beaux albums très différents qui vous donneront une idée du rythme que j'adopte pour cette semaine : lent !
Revenez quand même avant jeudi, car mercredi, on fera cui-cui autour de très beaux oiseaux !

dimanche 23 mars 2014

Un dimanche 100% Mag !

*** et 300% Salon du Livre de Paris avec La Mare aux Mots mais vous retrouverez mon reportage en fin de semaine prochaine ***


Ils sont sortis, ils sont sortis ! Un numéro 11, un numéro chaise, un numéro "même pas peur", un numéro chaise et autres assises. Je vous en ai déjà parlé, voici des nouvelles toutes fraîches du bon Bonbek et du bon Georges, deux magazines jeune public hors du commun que vous ne quitterez plus, une fois que vous aurez goûté à leur univers (très différents l'un de l'autre) et à leur qualité (grande, c'est incontestable) : deux magazines *** coup de cœur *** A lire, à dévorer, à collectionner, à garder. Jugez plutôt !















Côté
Bonbek, sous une superbe couverture noire avec du rose bonbek papier glacé pour réhausser, le rythme est soutenu. C'est bien entendu Maurice qui ouvre le magazine et il nous prévient de suite, même pas peur, il a fait du karaté, il court extrêmement vite, gare alors à celui qui voudrait voler son numéro ! Puis on passe à La grande histoire : Moulouk d'Agnès Bertron-Martin, illustré par Gwen Keraval dont l'univers graphique est tout à fait identifiable dès que l'on croise les personnages qui lui sont chers, géants et dragons, ogres et sorcières. Ce que fera Noulouk, esquimau qui vit sur l'immense banquise blanche, "pleine de dangers". Il est amoureux d'Anouk qui vit de l'autre côté de la banquise. Alors pour la retrouver, il n'aura pas d'autre choix que celui de la traverser, et sans père, car bien que Noulouk soit un jeune garçon, il est devenu assez grand pour conduire le traîneau de son père et s'il ne sait pas vraiment qui il risque de croiser, il ne sait pas non plus s'il plairait à Anouk d'être à ses côtés. Mais il y va, des poissons qu'il a lui-même pêchés en guise d'offrandes, et des dangers à esquiver courageusement et avec malice, ce qu'il fera, tout conte fait. Une histoire que l'on retrouve en intégralité aux éditions du Père Castor mais qui ne perd pas de sa saveur pour autant. Puis en route pour Les petits ateliers, et quitte à avoir presque pas peur, autant réaliser une mygale au chocolat côté cuisine, colorier, colorier grâce à Omy, être prêts à coller des poissons qui font peur pour le 1er avril, une belle réussite
signée Gaëlle Duhazé. Ensuite, on pourra découper des habits pour sorcière et vampire tout nus, observer la photo de la chambre de Suzanne et en trouver les 10 différences ! Le nouveau Bonbek a bon goût (de mygale au chocolat), il fait frissonner, dresser les poils, c'est un petit peu vrai, mais il fait aussi sourire et rire, sûr qu'il plaira, plaira, dès 6 ans ! *** coup de cœur ***

Côté Georges, on ne se lasse pas de vouloir s'asseoir, de se prendre un siège, un fauteuil, de s'affaler sur le canapé, de reprendre un tabouret, sous la table, un verre un main, pour feuilleter, feuilleter, lire et regarder, de se tenir bien comme il faut sur une chaise molletonnée au dossier bien droit,  quand on s'y fait appeler Mesdames et Messieurs, ou de tourner dans un fauteuil de bureau, quand on joue avec les mots. Envie d'aller comme sur des roulettes, de rire sur un pouf, de se relever pour se rasseoir et pas par terre - non, non ! Sur une assise !  - alors allez voir le nouveau Georges qui fait hymne à la chaise. C'est son pari, un numéro Chaise, et moi, y a pas à dire, je chaise. Oui, je chaise, un barreau (de chaise), assise en bois, velours ou paille et un point c'est tout. Un peu comme si c'était un verbe. C'est ainsi et je suis assise. Et c'est bientôt mon anniversaire et comme Pablo, celui narré par Delphine Perret, je veux comme cadeau une assise, oui, une chaise pourquoi pas et je ne ferai pas la tête, mais je ne fera pas comme lui par contre, le tour du monde, et je n'aurai pas alors comme lui, par contre, un succès fou.
Avec ma chaise. Et puis comme on dit sans pied pas de cheval, on pourrait dire sans pied, pas de chaise. C'est sûrement pour cela que Georges livre une interview exclusive d'Helmut le cheval qui n'a presque pas joué dans Pablo et la chaise. Et paf, à peine lue, il faut tourner le mag pour découvrir l'histoire courte et coloré, comics et comique de Marie Novion : Panpi et Corri. Une histoire de chaise longue de laquelle Gorri ne veut pas décoller. Elle fait pourtant des envieux, et pour cause, qui s'y assiéra ? Vous le saurez seulement en tournant votre magazine à 90° dans le sens des aiguilles d'une montre (mais en restant assis, ça marche aussi).
Et puis des rubriques (à brac ou pas) et des histoires (de chaises mais pas seulement), il y en a d'autres bien sûr : une vraie interview de designer, le conte détourné d'Hansel et Gretel cette fois, et des jeux bien entendu  : univers de brocante, chaise à découper, personnages à dessiner assis, jeux de mots, visuels vifs, assises à remettre sous les bons séants, jeux de différences, culture, design, cuisine, vocabulaire... Georges a la classe, encore une fois. Un beau papier, un bel univers, des motifs rétros et des idées neuves. J'aime, j'aime, et j'espère que vous aussi, pour les enfants plus grands que les lecteurs de Bonbeks  - à partir de 9 ans parce qu'il est dense - comme ça y a pas de concurrence directe ! *** coup de cœur ***


*** Les références ***

Bonbek - N° 11 - Même pas peur ! Editions Mango Jeunesse - mars 2014 - 9,50€
Ma chronique sur l'avant-dernier numéro Ici







Georges - N° Chaise - Editions Grains de Sel - Mars 2014 - 8,90 €
Ma chronique sur l'avant-dernier numéro Ici