lundi 30 novembre 2015

Dimanche à la mer * Côtes d'Armor et Loire Atlantique aussi !

Quand l'amer est là, moi j'aime aller à la mer. J'aime la regarder, ne rien faire, j'aime la respirer, ne rien faire, j'aime marcher, le long, ne rien faire, j'aime être à la mer, j'aime être la mer. Alors on a fait ça, dimanche, entre amis, on est allés manger chouette au Truc Bidule à Saint-Cast-Le-Guildo, et on est allé rien faire à la mer. La mer en hiver, désert. C'était bien. C'était beau. C'était presque rien qu'à nous. 

On a fait un lâcher de mômes, des lâchers de mots, on a joué à saute-sillons, à attraper des vives, on a regardé les mouettes s'aligner, bien rangées. On a regarder les mouettes tenter de casser une sacrée croûte en jetant de haut des coquillages pour les croquer. On a regarder la mer moutonner, on a couru, on est tombé, un peu mouillés. On a trouvé des coquillages, sur la plage, on s'est donné la main, on a trouvé des trésors, on a fait le course plus vite que lui, on a regardé la mer, on a senti l'amer passer, la lumière baisser... Alors c'est comme ça, tranquillement, qu'on a pu rentrer, allégés.





 
C'est marrant comme cette petite épopée dominicale m'a fait penser à un album qui se déroule sur la plage, plage de Loire Atlantique, cette fois. Monsieur Hulot à la plage de David Merveille d'après Jacques Tati. L'illustrateur rend un nouvel hommage au réalisateur dans cet album tout en Noir et Blanc, en gris plutôt. Une forte impression d'images photographiées se dégage de cette belle histoire qui traite de la rencontre imaginée de Monsieur Hulot avec un petit garçon sur la plage de Saint-Marc-Sur-Mer où Jacques Tati avait tourné Les vacances de Monsieur Hulot. Ici non l'amer mais la nostalgie illuminée par des séries de saynètes humoristiques qui se s'enchaînent en boules de neige pour assurer une narration rythmée, sans un mot pourtant, car l'histoire est sans texte. Elle parvient à saisir avec Merveill(e) la substantifique moelle de l'esprit de l'illustre réalisateur, avec malice, charme et poésie. 
Et pour reprendre la route, joyeuse et lumineuse, on se mange-disque une ribambelle de chansons, comptines, chansonnettes réunies par Didier Jeunesse dans un livre-CD sur la thématique de l'eau. Au fil des flots propose 29 chansons de la mer chantées par Nathalie Tual, Michel Chatet, François, Barré, Sylvain Girault, Yves Prual, Les Matous et même des enfantas sous la direction de François Barré et Yves Prual. Titres connus, La maman des poissons, Bateau sur l'eau, la baleine bleue, à d'autres qui le sont moins - Monsieur Glouglou, Un p'tit crabe, La mer est pliée - sans oubliée notre coup de cœur familial La chorale des crevettes titre interprété par Nathalie Tual. Chants de marin, chansons et comptines tissent des airs entraînants, joyeux et frais pour remonter le moral des troupes, colorer les petites oreilles, chanter à pleins poumons ou babiller. Le livre reprend paroles et partitions, il est remarquablement illustré par Isabelle Chatellard et Stéphane Girel. Un chouette cadeau à offrir aux petits moussaillons ! 

*** Les références ***

Monsieur Hulot  de David Merveille d'après Jacques Tati - Editions du Rouergue -  mai 2015 - 16 € - à partir de 5 ans
Au fil des flots 29 chansons de la mer direction musiclae François Barré et Yves Prual - illustrations Isabelle Chatellard et Stéphane Girel - Editions Didier Jeunesse -  avril 2006 - 23,50 € - dès la naissance 

samedi 28 novembre 2015

Free hugs : Eux, c'est nous...

Lessivée, ras-de-marée, fatiguée. Ours polaire, gros pull, couette à plumes, pavés à avaler, ils s'empilent sur la table de nuit. Envie de dire, de voir, de lire du doux, envie de pleurer aussi, envie de voir, de rire, de tout. Et comprendre que parfois c'est plutôt compliqué. Envie d'arrêter de mal dormir, ou pas assez, envie de retrouver la bonne direction. D'arrêter les papillons qui font vibrations dans les yeux. Les deux. Le gauche plutôt. Après le chamboulement, les idées sont nouées, il faut aller chercher bien au fond de ce que l'on est pour retrouver sa boussole, sans laisser bouillir les émotions, faudrait pas cocote-minuter, déborder... Envie de remettre en Une la fragilité de la vie, l'éphémère, envie de toute urgence d'aimer et d'être aimée. Envie de le dire à ses proches, à sa famille à ses ami-e-s. A un quelqu'un inexistant. Envie d'envoyer des petits mots. Envoyés, quelques petits mots ici et là et missives. Des signes. Et ici dans le microcosme familial si cruellement dépourvu d'un second adulte pour faire le pendant, l'autre, le complément, j'ai tenté de ne pas toujours trop m'énerver non plus. C'est marrant comme c'est pire tendu et non tendresse quand on est à fleur de peau.
Reprendre le cours. Ecrire donc. Quoi ? Pour qui ? Pourquoi ? Reprendre le fil perdu de ce blog qui volette en ce moment, c'est ça le plomb dans l'aile. J'ai choisi des petits livres doux pour la prochaine chronique. J'avais écrit "libres" à la place de livres, phrase précédente, doux lapsus qui pointe du doigt le tout sécuritaire qui se met en oeuvre. Etat d'urgence... Etats, même. Chasses aux sorcières. Plus de frontière pour l'urgence, pour le reste, faut voir. Et en attendant de voir dans quel bateau on rame, dans quelle direction on veut aller, il y a toutes ces envies d'être ensemble, d'être doux, de se sourire et de se marrer aussi, malgré tout. D'aller boire un verre, de refaire le monde, de ne pas se taire. De ne pas se terrer. Sidérés. D'écrire, d'écrire, de dire, de dire, d'écrire encore. Et ce n'est pas ne plus penser aux victimes et à leurs familles, qui inhument si douloureusement des parties d'elles-mêmes. Ce n'est pas oublier non plus ce vendredi alors que j'écris nocturne, que c'est la date choisie pour l'hommage national aux victimes. Deux semaines déjà après les événements. Si j'avais un drapeau à mettre à ma fenêtre, il serait international. Si j'avais des valeurs à arborer, elles ne seraient pas celles de la patrie, ni celles de la nation. Facile peut-être à dire pour une française. De naissance, de plein droit. Elles diraient égalité, fraternité, liberté, bien sûr, elles diraient solidarité, ouverture, partage des richesses aussi. Et d'autres trucs que j'oublie là tout de suite, parce que j'ai ma journée de travail dans les pattes, ma semaine à l'ouest, parce que j'ai ma soirée de parent solo dans le dos, parce que je me colle sur l'ordi alors qu'il n'est déjà plus d'heure. Il devait s'agir de laïcité, sûrement.
La pluie tombe et éteint les bougies. Je dis ça, mais je n'en ai pas mis. Mais la pluie tombe fort. Peut-être la tempête, peut-être de la colère. Peut-être pour dire qu'il ne faudra pas oublier l'état dans lequel ça nous a mis, ça nous met. J'espère qu'on n'oubliera pas. J'espère aussi qu'on n'oublie pas malgré les émotions et l'intensité du drame, les valeurs existentielles qui nous animent. Qu'on n'oubliera pas de continuer à les faire vivre et à les transmettre. Parce que ça continue à péter. Mais quand il est hors Occident, il fait peut-être moins de bruit, le terrorisme. Pas moins de morts. Bien plus même. J'espère qu'on se souviendra de nos valeurs quand il s'agira de confier des mandats ou d'en prendre la responsabilité, de laisser prendre les bonnes décisions ou de s'y opposer le cas échéant, qu'on était pas trop portés sur le sécuritaire, avant.
Eux, c'est nous. L'instinct, le cœur et la raison de Daniel Pennac suivi de Réfugiés en 8 lettres de Jessie Magana et Carole Saturno. Illustrations Serge Bloch. "Si un homme, une femme, un enfant souffrent et que personne ne veut les secourir, vous entendrez tout. Toutes les excuses, toutes les justifications, toutes les bonnes raisons de ne pas leur tendre la main. Dès qu'il s'agit de ne pas aider quelqu'un, on entend tout. A commencer par le silence".  Daniel Pennac ouvre ce recueil. Un texte d'exception. Un texte à mettre entre toutes les mains. Qui sont les réfugiés ? Qui sont ces hommes, ces femmes, ces enfants "qu'on bombarde, qu'on fusille, qu'on torture, qu'on terrorise, qu'on affame". Des victimes de guerre, "des rescapés qui fuient  (...) pour sauver leurs vies qui ne sont presque plus des vies". Des gens "dont nous pourrions faire partie, qui pourraient être moi, toi, vous.
Nous.
Mais qui sont eux". Pennac nous invite à nous détacher des mass média, des grand-messes, des refrains qui lancinent EXODE-MASSES-HORDES-DÉFERLEMENT-MULTITUDE-INVASION. Un pas de côté, deux peut-être pour réaliser que si nous voulons, nous le pouvons. Que ce ne serait pas la première fois, qu'il n'y a pas péril ni économique, ni culturel. Et s'il le signe haut et fort dans ce manifeste, il l'écrit aussi tellement bien dans la saga Malaussène, Belleville en plein cœur. Pennac, l'humaniste.
A ce texte, suivent 8 mots-clés, illustrés avec force et expliqués avec conviction à l'intention des jeunes lecteurs. 8 mots, 8 clés pour comprendre avec des mots sélectionnés par l'acrostiche les notions et les questions que soulève la situation des réfugiés en France et en Europe clairement brossés, avec finesse, pédagogie et intelligence.
réfugié, étranger, frontière, urgence, guerre, immigration, économie solidarité.
Un recueil indispensable pour expliquer et comprendre. Un recueil solidaire, c'est ce qu'ont voulu ses nombreux éditeurs (collectif impressionnant!) en finançant ce projet pour lequel l'intégralité des recettes est reversé à La Cimade. Les auteurs cèdent l'intégralité de leurs droits également. Un projet à soutenir, à diffuser, à rejoindre, à offrir...

*** Les références ***

Eux, c'est nous  de Daniel Pennac, Jessie Magana, Carole Saturno, illustré par Serge Bloch - Collectif d'éditeurs -  Novembre 2015 - 3 € - à partir de 8 ans

vendredi 20 novembre 2015

Le ciel est bleu comme une enclume # Attentats de Paris

Vendredi 13 novembre 2015. Je suis loin mais j'ai l'info très vite, je suis en train d'écrire ma chronique. Les télés ne disent rien. Le site du Monde bugue. J'ai l'impression qu'il a fallu un temps de folie pour avoir de l'info sourcée sur cette folie justement qui semble être alors en cours. Et blam, c'est tombé, tombé, tombé, tombé. Et blam, le chiffres des victimes est monté, monté, monté. Le choc, le scotch sur les différents sites d'actu, les fils radio, les réseaux sociaux. Plus de télé. Merci. Je ne l'ai allumée que lundi soir pour Le Petit journal, dont l'équipe endeuillée, a réalisé une émission d'une grande qualité, forte, émouvante, engagée, drôle, généreuse et élégante... Pour Fanny leur monteuse, pour toutes les autres victimes aussi. Depuis, cette soirée atroce de vendredi dernier, c'est la sidération. J'ai adopté un parpaing. Il est logé dans mon bide, il n'a pas l'air de vouloir beaucoup bouger. Et l'écho aux attentats de janvier est terrible, il dit que les rouages sont bien enclenchés et qu'ils continuent à tourner. Probablement doucement, pas tout à fait sûrement car on apprend aussi régulièrement que certains sont déjoués, mais cette fois-ci de manière absolument soudaine, multiple, terrible : ils ont massacré. Les trois équipes de commandos se sont coordonnées pour sauter à la gueule de femmes et d'hommes, pour une fois il y avait égalité, pour toucher avec eux la culture et la jeunesse françaises. Liberté, ouverture, rock, tendances bobos, hipster, badaud, passant, voisin, who ever, wathever. Cible première la jeunesse vingt-trentenaire. Ils ont pété la gueule à leurs camarades de classe. Moyennes d'âge des kamikazes et des victimes sont terriblement proches. Ils ont appris à écrire et à lire ensemble, dans le même pays, au même moment. Mais c'est plus l'heure de la récré. Frustrés, cinglés, embrigadés, ils voulaient que ça saigne.
Que le peuple saigne. Ils ont tenté ainsi de viser le plus populaire des sports en agissant à proximité d'un stade de France trop sécurisé pour qu'il soit vraiment possible d'y entrer. Populaire, le peuple. Le peuple, nous. Ils s'en sont pris à nos copains, à nos copines, disait l'une des miennes. Oui c'est ça, c'est ce sentiment que j'ai ressenti aussi directement sans en trouver les mots. A nos frères et sœurs, à nos potes, à nos cousins-cousines. Je ne savais pas alors que l'un des siens faisait partie des victimes.
Les jours d'après. Cette ultra-violence est hors de mon entendement. Hors de notre entendement. Alors j'ai adopté un parpaing. Je ne suis pas la seule. J'ai pas PRAYer pour PARISsss. Merci bien. J'ai expliqué les faits à mes enfants, avec mes mots, mes filtres, le sujet allait être abordé en classe dès le lundi. Je n'ai rien annulé de ce qui était prévu, un salon du livre jeunesse en Bretagne, et on y est même allé plutôt deux fois qu'une. Et j'ai caché mon parpaing. Et je suis restée fade, estomaquée, médusée, sidérée bien quelques jours. Le temps peut-être du deuil national qui s'achevant m'autorisait à republier tout en pensant aux blessés, aux familles et proches des victimes pour qui ce deuil n'a pas encore commencé. Je pense à l'efficacité des intervenants, des sauveteurs, des soignants. Aux témoins. A leur choc inimaginable. Ils parlaient de scènes de guerre.
Ma Grenouille surprenant parfois mon regard probablement vide, ou alors tellement empli de tristesse, m'a fait ce dessin alors que je cherchais des illustrations pour cette chronique qu'il me fallait égoïstement écrire. La tristesse, les yeux qui pleurent, la bouche fermée, muette, retenue, asséchée, dedans. La main sur le cœur pourtant et tous ces petits cœurs qui cacheraient si bien mon parpaing. Elle l'a fait en deux temps trois mouvements, mon éponge. Je n'ai pas le cœur ni les mots pour m'exprimer plus à ce sujet. Je pense beaucoup aux victimes, à leurs familles, à l'entourage des personnes qui ne sont pas encore identifiées, à celles qui sont encore entre la vie et la mort, je pense beaucoup aux blessés, à mes amis parisiens qui ont eux aussi adopté un parpaing mais qui s'en sont jeté une en terrasse, de bière. Je pense aux voisines et voisins des lieux du drames, à mes copains-copines, à leurs enfants, à leur force et en leur foi en l'humanité. Admiration. Et sentiment d'impuissance, j'aurais aimé, du Finistère à Paris, les serrer dans mes bras, je le leur écris comme ça pour qu'elles et ils le sachent mieux. Et prendre un verre. De vin rouge, plutôt, je suis moins bière. Mais je suis restée terrassée. Et depuis que j'ai repris la plume sans encore publier, il y a eu Saint-Denis.
Je me suis posé la question du choix des albums qui allaient accompagner cette chronique, puisque c'est quand même la mission première de ce blog. Puisque le mot est sorti, la guerre ? Non. Il est dans la bouche des politiques et les bombes sont larguées. Il est dans les mots des djihadistes qui sont en guerre contre nous. Mais nous on n'est pas en guerre. On ne veut pas être en guerre ! Nous c'est pas la France, c'est pas l'Europe, les Etats-unis, la Russie, Nous c'est l'humanité, la liberté, la fraternité. Nous c'est tous, ensemble. Et ces gens qui traversent les mers dans des coquilles de noix, au risque de la noyade, de la perte de leur vie, de celles de leurs enfants, j'y pense aussi. Ils estiment finalement - horreur absolue - que face à cette terreur là, quotidienne sur les terres qui les a vus naître, la mort ne serait pas pire que celle qu'ils trouveraient en restant là-bas. Ce n'est pas non plus leur guerre, cette guerre de lâches. Ils larguent tout et au-delà des mers, l'espoir ? Une nouvelle chance ? Donnons-les leur. Je ne vais pas mettre en avant des livres qui parlent de la guerre. Je n'ai pas envie pour le moment, choquée encore, ahurie, de lire sur ce sujet là. Je n'ai pas mis non plus ce mot dans la bouche de mes enfants. Je préfère l'exact flou du mot terrorisme.
Non, dans cette chronique et alors que mes jambes sont molles, que ma bouche est fermée, mes dents serrées, mon parpaing en pleine forme, priorité aux valeurs. Je ne parlerai pas de la kalash contre la fleur symbole, ce n'est pas non plus ce que je peux leur dire pour l'instant, à mes enfants qui ont plutôt besoin d'être rassurés et de se sentir aimés et protégés. Même loin de là, en province. Par contre, je veille et je ne suis pas la seule. Je ne veux pas que nos libertés soient rognées par une politique ultra sécuritaire. Je ne veux pas que l'on barricade nos frontières, que l'on se barricade dans nos chaumières sans ne plus tendre la main ou regarder son voisin. Je m'étonne qu'on autorise les uniformes hors service à porter leurs armes de service. Quelle formation, quel cadre pour la police municipale désormais autorisée aussi à en porter également ? C'est vrai que j'appréhende des actes isolés de fanatiques religieux, de cinglés. J'ai peur de la recrudescence des agressions racistes, de la montée en flèche de la droite extrême, de la contamination nationaliste qui gangrène la vie quotidienne, nos libertés, l'égalité, nos droits, notre regard sur le monde, sur la vie, la culture sous toutes ses formes. J'ai peur de ça. Mais j'ai aussi peur des bavures et des schémas hâtifs, des lois votées sous le coup des émotions. Elles sont vives pour tous. Mais les bavures armées, je n'ose même pas imaginer. Alors non, je ne parlerai pas de guerre ni de nationalisme, ni d'égoïsme, d'impérialisme, de trafics de drogues, de ventes d'armes et de transactions pétrolières, encore moins d'économie ou du capitalisme qui les nourrit : ne sont pas innocents ceux qui ont, en l'occurrence, les mains pleines. Billets maculés. Peuple ensanglanté.
J'ai fait ma sélection en pensant respect, égalité, partage, amitié, tolérance, fraternité, solidarité, liberté, pacifisme car ce sont ces valeurs là que je veux entretenir, sauvegarder, transmettre à mes enfants que je voudrais voir grandir, ô utopiste que je suis, dans un univers de paix. Et je l'écris. Non pour me faire moquer et me voir étiqueter d'un substantif naviguant entre naïveté et niaiserie. Je l'écris d'abord pour me rappeler de ma candeur, quand je vivais à Paris et que j'avais cet âge là, celui des plus jeunes victimes. Je l'écris aussi pour dire que ces valeurs je ne les ai pas perdues, et je sais que je ne suis pas la seule à vivre avec. Il est important de se le dire car il va nous falloir embrayer après l'horreur et l'effroi, nous unir, parce qu'il va y avoir du boulot pour faire front contre les fronts.

Un mur si haut de Nancy Guilbert et Stéphanie Augusseau. Amis pour la vie, c'est ce que se sont dit Plume et Timy, une fille et un garçon de deux ethnies différentes. Deux enfants qui partagent tout et se voient tous les jours jusqu'à ce que les rois de leurs villages respectifs se fâchent et décident de construire un mur immense entre les deux territoires. Il n'est plus possible pour Plume et Timy de se voir... le mur est infranchissable. Entre eux, dorénavant, les pierres froides. En eux le chagrin. Jusqu'au jour où le Roi Blanc tombe gravement malade. Le seul remède se trouve de l'autre côté du mur, sur le territoire du Roi Bleu. Mais il lui était inconcevable de franchir le mur même pour sa survie. Le Roi Blanc tout pouvoir était têtu, le Bleu autant. Mais les peuples unis viendront à sa merci. Le mur n'est pas sans rappeler celui de Berlin bien sûr, pourtant dans cet album là pas d'indicateur de lieu, le marquage du temps passe par l'illustration des vêtements d'antan. Comme pour dire ce qui n'est pas écrit "il était une fois", "Il y a fort longtemps"... La narration prend d'ailleurs le style du conte pour tendre à l'universalité du message : amitié, solidarité et tolérance. Les illustrations sont douces, sobres et très élégantes, parfois tristes et pourtant très attirantes : un bel album.
Une île sous la pluie de Morgane de Cadier et Florian Pigé. D'un côté, une île urbanisée où il pleut tout le temps, tellement que "ses grands immeubles n'ont jamais le temps de sécher". De l'autre côté, une seconde île restée à l'état sauvage et sur laquelle il ne pleut jamais. Chats distingués d'un côté, habillés et ne sortant jamais sans parapluie ;  chats sauvages de l'autre, sans garde-robe ou presque ni bonnes manières, au contraire. Civilisation versus sauvageons, le contexte est posé. Alors quand l'un de ces chats sauvages débarque à la nage sur l'île pluvieuse des chats de la "haute", ça dénote fortement. "Il saute dans toutes les flaques et danse sous la pluie en riant". Il pêche ses poissons lui-même, chasse les souris, mange à même le sol, dort à la belle étoile
"Partout dans la ville, les habitants s'offusquent : 
- Mais d'où vient-il celui là ? ce ne sont pas des manières !
- Une seule chose est sûre : il n'est pas d'ici!"
C'est vrai, mais il s'installe. Alors les chats civilisés plutôt bienveillants, décident de l'aider à s'intégrer : vêtements, bonnes manières, parapluie... Rien ne fonctionne "renvoyons-le d'où il vient!". Et quand vient le déluge sur l'île civilisée des chats qui ne savent pas nager, qui viendra pourtant les sauver ? Un très bel album autour de l'importance et de la richesse de l'interculturalité et de l'intégration. Les illustrations au graphisme géométrique livre l'essentiel et sert le texte avec générosité dans l'occupation de la France. Son édition soignée, beau format, beau papier est de très belle qualité.

Avec cette première chronique après le 13 novembre, je voulais aussi rendre hommage aux voisins, aux voisines. Dire merci à ceux qui ont ouvert leurs portes, leurs porches dans cette société habituellement si fermées, qui se sont soudés, rassemblés qui se sont souris, après avoir tremblé et pleuré ensemble. Ces gens qui ne se ressemblent pas, mixité culturelle, ethnique, mixité sociale, mais vivent au même endroit, qui n'avaient peut-être alors que ce point commun là, la localisation à quoi tout le monde donnera dorénavant un autre sens. 
Rue des voisins d'Aurélie Dufour  et Coline Citron. A chacun sa vie, sa maison, ses habitudes, sa solitude, ses cloisons, ses peurs et ses œillères, Rue des Voisins. C'est une rue n'importe où qui compte quatre maisons et quatre voisins "ni plus, ni moins". Dans la maison rouge, Monsieur Stan statisticien "En mettant le nez dehors, il aurait aussi une chance sur cinq milliards de tomber nez à nez avec un alligator!". Madame Muguette, elle, a pour passion les jeux de loterie, elle gagne, tout, trop, amasse, entasse pour combler peut-être le vide que provoque l'extrême solitude. Dans la maison bleue, Tristan est un mélomane, il écoute le chant des oiseaux tellement, qu'il en oublie de sortir... Personne ne se connaissait, personne "n'avait quitté son petit nid douillet" jusqu'à ce qu'un salon de thé s'installe dans le quartier et vient tout chambouler, il devient le point névralgique du quartier, tout le monde y sort, s'y croise, échange, s'ouvre, s'amuse... Un album aux illustrations denses et joyeuses qui fait du bien !

Et puis il me faut aussi parler de la mort... J'ai déjà réalisé un certain nombre de chroniques sur la question (voir Ici). Pour cette fois et parce qu'il parle du poids du chagrin, je vous invite à la lecture de Mon chagrin éléphant de Cécile Roumiguière et Madalena Matoso, un album qui fait écho à mon parpaing. Le chagrin que provoque le décès de sa grand-mère, fait apparaître à un jeune garçon un éléphant qui le suit partout, tout le temps. Lourd, pataud, grand, le chagrin personnifié est un sacré éléphant, un tout bleu avec du rose.  "je me suis habitué à lui" même s'il faut bien dire que sa présence n'est pas des plus agréables. "Quand je suis seul, le soir, dans mon lit, il me tient compagnie. Il prend toute la place et rie la couette sur lui, alors j'ai un peu froid". Sa taille varie, "est-ce qu'il disparaîtra un jour comme il est venu ? ". C'est toute la question de l'album dans lequel le jeune héros doit initier son deuil. Un album fort émouvant au style graphique de haut vol, couleurs pleines et intenses mais traits minimalistes. Une histoire à lire et à relire comme pour apprivoiser le chagrin et pourquoi pas aussi initier le long chemin que peut être le deuil. Un texte pudique qui se tisse avec des mots d'enfants autour d'une comptine enfantine qui revient en ritournelle, Une Souris verte, peut-être transmise, on ne le sait, par sa Mamiette qui manque tant ?

*** Les références ***

Un mur si haut  de Nancy Guilbert et Stéphanie Augusseau - Editions Des Ronds dans l'O jeunesse -  Novembre 2015 - 16 € - à partir de 5 ans 
* Une île sous la pluie de de Morgane de Cadier et Florian Pigé - Editions Balivernes - novembre 2015 - 13 
Rue des voisins d'Aurélie Desfour et Coline Citron - Editions Les P'tits Bérets - 2015 - 12,90 € - à partir de 5 ans 
* Mon chagrin éléphant de Cécile Roumiguière et Madalena Matoso - Editions Thierry Magnier - 26 août 2015 - 15 € - à partir de 4 ans 

dimanche 15 novembre 2015

Comment parler des attentats de Paris aux enfants ?

Bouleversement, effroi, ahurissement, sidérations, émotions vives, écœurement sont ravivés violemment et toujours aussi violents qu'en janvier dernier. A croire que ne s'habitue pas à l'horreur. Tant mieux. Les attentats de Paris daté du vendredi 13 novembre dernier sont l'horreur. Je reviendrai probablement sur la question dans une prochaine chronique ou en rééditant celle-ci.
En janvier dernier je vous proposais une compilation d'articles permettant de guider les discussions avec les enfants, elle reste ô combien pertinente dans cette nouvelle situation.
Mes pensées émues et sincères aux victimes et à leurs proches, à mes copains et copines qui ont subi de plein fouet cette ultra-violence. Mes pensées aussi au-delà des frontières, aux populations qui la subissent au quotidien. Mes pensées fortes et émues aux femmes et hommes, aux enfants, qui embarquent dans des bateaux de fortune pour tenter de sauver leur peau et qu'on ne sait pourtant pas bien accueillir... 

Un récapitulatif d'articles ressources parler avec les enfants Ici 

Vous êtes nombreux à consulter cet article, je relaie des ressources sur la page facebook du blog Ici et sur twitter @drawoua
Avant d'aller à l'école - avant de discuter et d'échanger
avec les camarades et les enseignants, avant de
 faire le silence, une minute, tous ensemble,
 lundi 16 novembre au matin à Rennes
Des ressources à destination des enseignant(e)s 
sur .  Eduscol Ici et aussi... 
.  Quelle pédagogie pour aborder les attentats avec les élèves ? dans Les cahiers pédagogiques Ici
.  Préparer les enfants à la minute de silence de lundi par Isabelle Fillozat Ici et un billet de L'instit'humeur Ici et chronique de janvier dernier de Chouyo "Mes élèves, un drame et des mots "




Des journaux, des vidéos en ligne :
. Astrapi Ici
Le Petit Quotidien (6-10 ans / CP-CM1) édition spéciale gratuite et exclusivement numérique Ici
Mon Quotidien (10-14 ans / CM1 - 5e) édition spéciale gratuite et exclusivement numérique Ici


L'Actu (14-17 ans) édition spéciale gratuite et exclusivement numérique Ici










Un jour une actu "C'est quoi le terrorisme ?" Vidéo Ici "C'est quoi le djihad ?" Vidéo ici "La France se défend" édition du 16 novembre 2015 ici
Pomme d'Api (pour les moins de 6 ans)  "Que dire aux plus petits ?" Ici
Le journal des enfants (JDE) "Attentats les mots pour comprendre" Ici " Plusieurs attentats frappent Paris" Ici " Un deuil national qu'est-ce que c'est ?" Ici
Psychologies. com "Attentats de Paris : Que dire aux enfants "  Ici
Philomag "Rassurer, consoler puis réfléchir : comment parler des attentats aux enfants? " 
 : Ici
. La Passerelle "Par qui notre liberté est-elle menacée ?" (à partir de la 4e)  Ici
L'école de demain renvoie sur un grand nombre de ressources Ici
Le Café Pédagogique "Que faire lundi matin ? Agnès Florin invite à laisser s'exprimer les enfants et à donner toute sa place au sens du collectif. Ici
Les décodeurs * Venons en aux faits "Attaques de Paris : quelques conseils pour ne pas se faire avoir par les rumeurs" Ici
Ici

{Mise à jour le 16 nov à 23h00}

vendredi 13 novembre 2015

Politesse, civisme et quelques règles et bonnes manières

... Parce qu'il n'est pas futile de faire de dire, d'expliquer, de discuter autour de ces questions et de faire des petits rappels voici trois titres à mettre entre toutes les mains !

Le dictionnaire des bonnes manières de Philippe Jalbert. "Pour enfant et pas que..." ! Voici un petit petit précis très précis qui liste des règles élémentaires de bonnes manières, de politesse, de bienséance, qui montre comment on doit se conduire quand on vit en société, dans le respect de soi d'accord mais surtout des autres. Petites sentences sur la gauche, simples et directes, illustration joyeuse et colorée sur la droite pour compléter avec un bon zeste d'humour pour huiler le message ! Quand on rencontre quelqu'un on dit bonjour, même si on est lapin et qu'on se retrouve face à un lion. "On ferme la bouche quand on mâche" (sinon c'est sûr que tous les lapins engouffrés vont se faire la malle). "On frappe avant d'entrer", indication au lièvre qui voudrait tester la carapace de la tortue... Le lapin cocasse n'est jamais bien loin, auteur ou dindon de la farce, il fait rire à tous les coups tout en permettant au message de passer : bien joué ! 
A l'école il y a des règles ! de Laurence Salaün avec Emmanuelle Cueff, illustré par Gilles Rapaport. On dit bonjour quand on arrive -juste une le matin, pas encore une fois et une autre et encore une autre au retour de la récré, du sport, des toilettes, de la récré, des toilettes... "Je m'excuse quand j'arrive en retard à l'école, même si c'est presque toujours la faute de mes parents"... Dans ce livre tout en hauteur qui fait suite à A la maison, il y a des règles, on imagine bien le quotidien des enseignants qui doivent rabâcher certaines règles de base en tentant de ne pas s'énerver (chapeau). On en sent la touche parmi le collaboratif d'auteurs, d'ailleurs. Cet album pourra être présenter en classe pour tenter de ne dire qu'une bonne fois pour toutes, règles de base et bonnes manières. L'humour prend ses aises dans la caricature dont l'effet est renforcé par la sobriété de la palette des couleurs et d'un style relevant du dessin de presse. 




*** Les références ***

*Le dictionnaire des bonnes manières  de Philipppe Jalbert - Editions Larousse -  septembre 2014- 13,50 € - à partir de 4 ans 
* A l'école il y a des règles ! de Laurence Salaün avec Emmanuelle Cueffe et Gilles Rapaport Editions Seuil Jeunesse - juin 2015 - 13,90 

mardi 10 novembre 2015

Voyage en musique ! [livres-CD pour les enfants]

Un petit tour du monde en musique, ça vous dit ? Alors, c'est parti !

La mémé et la mouche. Dans ce livre-disque édité par La montagne secrète, on prend un sacré bol d'air québécois, et on en redemande ! Le disque est un hommage à l'auteur-compositeur interprète montréalais Alan Mills, l'album l'illustre avec joie et malice, en reproduisant les paroles (ce qui est pas mal d'ailleurs ça permet parfois de comprendre de quoi que ça cause sans l'accent). On découvre avec plaisir et sourire des airs de folk aux chansons à textes pour enfants qui ne sont pas piquées de hannetons. On récite l'alphabet des animaux, on compte, on danse la polka,  on chante en se pinçant le nez, on navigue au fil des flots, on court après une vieille poule, un canard, un dindon, un mouton... Pas le temps de s'ennuyer dans cette aventure qui nous en fait voir de toutes les couleurs. Depuis qu'on a reçu le disque, on a bien dû passer 50 fois la chanson qui donne son nom à l'album : La mémé et la mouche. Une course folle d'insectes ingérés par une mémé. Et vous savez quoi ? On l'a même fait chanter à notre propre mémé et elle a adoré ! 
Allez jeter un œil ici pour vous faire un avis.

Les plus belles comptines d'Europe. C'est une grande promenade à travers ses albums précédents - il s'agit ici d'une compilation - et à travers l'Europe que nous proposent les éditons Didier Jeunesse. Trente titres de comptines originaires de différents pays du continent marquent ce titre de la collection Les petits Cousins. Angleterre, Portugal, France, Italie, Hongrie, Roumanie, Grèce, Turquie, Espagne, Slovaquie, Allemagne : immersion joyeuse mise en musique pour offrir, malgré les différences de culture, de langue et de folklore,le goût d'une enfance universelle. Le livre est un recueil des paroles, illustré avec humour et dynamisme par Magali Clavelet, Roland Garrigue, Magali Le Huche, Cécile Hudrisier, Olivier Latyk, Sébastien Mourrain, Nathalie novi, Olivier Resnoust, Rémi Saillard, Clémentine Sourdais. Traductions des paroles et commentaires le concluent et lui apportent une dimension pédagogique qui permet de le travailler en classe.   

Des extraits sur le site de l'éditeur ici

Mr Gershwin, les gratte-ciels de la musique de Susie Morgenstern, illustré par Sébastien Mourrain. On file à New-York avec Susie Morgenstern qui nous emmène dans une histoire fabuleuse, celle du grand musicien George Gershwin. Une bio vue par son piano, écrite par la célèbre auteure qui la lit dans ce très beau livre-CD avec toutes les couleurs, les respirations et les sonorités de son accent charmant, voyageur, mais pas toujours intelligible. L'histoire est bien écrite pourtant, sa mise en musiques et son univers graphique lui offrent une belle dimension. Un album de belle facture, ponctué par des morceaux de musique qu'il est plaisant de réentendre, et de découvrir. Particulièrement le sets qui clôture l'album que les enfants ne seront pas les seuls à aimer. Des morceaux qui swinguent, qui Broadway, qui New-York d'avant crack et un poil après, qui Paris, même! Ne manquez pas d'écouter des extraits sur le site de l'éditeur ici.

Contes et musiques d'Afrique de Souleyane Mbodj et Anne-Lise Boutin. Départ pour l'Afrique avec ce bel album au graphisme et à la palette sobres, chauds et élégants. A travers cinq contes mis en musique, l'auditeur est emmené à la découverte d'instruments essentiels  à la culture africaine. Son basse, son tonique, son claqué, hymne au djembé avec un conte qui en narre sa création. Vient ensuite le xylophone d'Afrique, la balafon, décrit tout d'abord puis conté. Chaque instrument trouve ainsi une fiche informative sur ses origines, puis un conte qui les met en scène : les guitares, le tambour d'eau, et l'udu, une percussion originaire du Nigéria qui produit "des sons chantants qui ressemblent au ruissellement de l'eau ." Ils prennent sens et mélodies au fil d'un livre-CD de qualité.
Le taxi-brousse de papa Diop de Christian Epanya, raconté par Thierno Diallo. Sené ne s'ennuie jamais dans le taxi de Papa Diop qui relie Saint-Louis du Sénégal  à Dakar. Il aime monter à bord quand il ne va pas à l'école. Avec chaque passager, c'est une nouvelle aventure qui s'écrit. Une équipe de lutteurs les font ainsi danser  sur les sons des djembés jusque tard dans la nuit ; un autre jour Papa Diop sauvent des pêcheurs d'une crue. A bord, le quotidien et la vie sénégalaise, toute la vie, avec ses traditions, ses joies - une future mariée, des bébés fraîchement nés - et ses peines. Dans le taxi de Papa Diop, il y a toutes les couleurs de la vie et puisque la vie est ainsi, Papa Diop transporte un cercueil quand il le faut. Cet album aux couleurs et teintes énergiques et denses permet un chaleureux voyage sur les terres sénégalaises.




*** Les références ***
La mémé et la mouche chansons d'Alan  Mills, illustrations de Pishier - interprètes : Thomas Hellman et Emilie Clepper - Editions La Montagne secrète - 2014 - 12,90 € - à partir de 3 ans
 Les plus belles comptines d'Europe compilation * illustrations :  Magali Clavelet, Roland Garrigue, Magali Le Huche, Cécile Hudrisier, Olivier Latyk, Sébastien Mourrain, Nathalie novi, Olivier Resnoust, Rémi Saillard, Clémentine SourdaisEditions Didier Jeunesse -  aavril 2015 - 22,80 € - à partir de 2 ans 
 Mr Gershwin les gratte-ciels de la musique de Susie Morgensterne, illustré par Sébastien Mourrain - Editions Didier Jeunesse -  septembre 2015 - 23,80 € - à partir de 6 ans 
Contes et musiques d'Afrique de Souleymane Mbodj et Anne-Lise Boutin - Editions Milan - septembre 2015- 5,90 € - à partir de 4 ans
Le taxi-Brousse de Papa Diop de Christian Epanya, avec la voix de Thieery Diallo - Editions Syros - octobre 2015 - 15,90 € - à partir de 4 ans 

vendredi 6 novembre 2015

Les couleurs du ciel et celles des sentiments

J'ai reçu une dizaine de mails et messages en privés concernant ma dernière chronique ces jours-ci. Et les aléas de la semaine ont fait que je n'ai pas été très présente ou connectée pour y répondre assez vite. Le travail, les enfants, les journées denses, la fatigue automnale peut-être, quelque microbes aussi peut-être. Quel rythme m'impose-je ? Quelques soirées hors écran, assurément. Sauf ce soir, mais c'était pas l'ordi en premier. Non, ce soir c'était soirée pizza, une pizza/un DVD. Un petit rituel hebdo du vendredi qui veut dire qu'on se fait à trois un plateau repas et un "bon" film ou dessin animé emprunté à la médiathèque. Le film change, le menu aussi, même s'il garde la soirée garde le nom Pizza. C'est LE concept. Je vais le faire. Répondre. Vous répondre. Petit à petit, mais si je vous envoie quelques des salves d'émotions avec mes chroniques, certains d'entre vous m'ont envoyé des messages très personnels, intimes, forts, tristes engendrées peut-être par certaines de mes chroniques qui pourraient l'être tout autant. Et que vous lisez peut-être de manière passive. Car il est vrai que je n'ai pas souvent de retours. Et cette semaine, je n'ai pas eu l'impression d'écrire pire. Ecrire, c'est ce qui m'a fait surmonter les plus rudes épreuves passées. Vous écrire, pour que parfois vous me répondiez, m'encouragiez, me rassuriez, m'aidiez peut-être juste par un mot. Ou que je le fasse moi-même. Que ça sorte. Et ces mails de cette semaine retournent la situation (et l'estomac,et le nid des émotions). Alors je vous dis merci. Merci pour vos envois, vos messages et vos témoignages. Et je reviendrai vers vous, vite. Enfin vite comme je peux. Comme les gouttes viennent et comme fait mon parapluie pas toujours bien consciemment dirigé. Comme il pleut, lui aussi. Comme il m'expose ou me préserve.
Ours et Gouttes d'Elsa Valentin et Ilya Green. Doux voyage dans l'imaginaire, mené par les couleurs pastel d'Ilya Green et son trait si sensible, si fin, si onirique. Tendre promenade dans l'imaginaire de l'enfance mené au landau et sans trompette par Elsa Valentin qui fait cheminer le lecteur aux côtés de la famille Ours. Une jolie petite famille qui veut jouer aux gouttes. Facile, pour ce faire, il suffit de mettre son masque de goutte. Mais il se met à pleuvoir et les gouttes, les vraies, tombent et mouillent les masques. Papa les met sur la corde, mais le jeu est gâché. Il faut en trouver un autre. Ce que va faire la petite fille ourse, livrée  à elle-même et à son imagination pendant la sieste de ses parents. La voilà avec ses bébés. Elle joue à la maman, à la pêche aux bébés ours mouillés, elle leur lit des fleurs, les emmène en promenade, ses bébés, ses oursons, ses doudous... Douces, douces gouttes de pluie... Très bel album présenté dans une édition papier et couverture de qualité.
Un ballon sous la pluie par Liniers. Allez Clémi, c'est samedi, il faut sortir du lit, il y a plein de choses à faire, lui explique sa grande sœur. Tout est mieux le samedi non ? Même s'il pleut ! "Il faut juste s'habiller comme il faut". Mettre des bottes, un ciré et c'est parti. Mais Clémi ne veut pas trop s'amuser dehors. C'est mouillé. Alors prends un parapluie, Clémi. Et zou. C'est parfait là, non ? Oui jusqu'à ce que le vent se lève et que l'orage arrive... Dans cette BD, l'auteur croque en apparente simplicité les jeux du quotidien de deux sœurs, il y a tout. La simplicité, l'enfance tendre et joyeuse, la relation fraternelle, le regard bienveillant de l'adulte qui surveille et peint, de loin et puis des ballons colorés, plein, plein, plein. A la fin de l'ouvrage, quelques photos carrées et relevées au filtre coloré. Beau et tendre, dans une édition de grande qualité, comme l'est la Maison, La Pastèque.
*** Les références ***
 Ours et Gouttes d'Elsa Valentin et Ilya Green - Editions Didier Jeunesse -  août 2015 - 12,90 € - à partir de 3 ans 
Un ballon sous la pluie de Liniers - Editions La Pastèque - juin 2015 - 13 € - à partir de 4 ans
Retrouvez aussi La dictature des petites couettes d'Ilya Green  Ici