vendredi 30 octobre 2015

Emile et Les petits dégoûtants

Emile est revenu à la rentrée, la collection Les petits dégoûtants vient de s'agrandir. Autant de bonnes nouvelles que j'avais envie de réunir dans une même chronique. Peut-être parce que je suis toujours très impatiente de les voir arriver alors qu'ils sont souvent annoncés quelques mois, quelques semaines avant leur parution.

Emile descend les poubelles de Vincent Cuvellier et Ronan Badel. "Aujourd'hui Emile descend les poubelles". C'est pas qu'il a décidé et que c'est comme ça, non, pas cette fois. Cette fois, c'est autrement. C'est juste le jour. A l'image il porte de grands gants de ménage, roses tante qu"à faire, et pas de bouche. Comme pour appuyer encore plus fort sur ses paupières qui sont bien loin d'être rieuses. Trait minimaliste qui dit tout, celui de Ronan Badel. Et quel talent ! Aujourd'hui, c'est les jaunes, les poubelles. Emile fonce docilement regarder s'il n'aurait pas, par hasard du papier à jeter, comme lui a demandé sa maman. Mais non. C'est sûr. Il n'a rien de rien. A moins que... Et s'il jetait le livre Les aventures de Pinpin le lapin au pays des lapins roses ? Maman n'a pas l'air trop d'accord. Mais Emile s'en fiche, il n'a jamais aimé ce livre. Maman ne le voit pas trop dans la poubelle jaune quand même, il n'y aurait pas moyen de le recycler différemment ? Quand Julie son amoureuse arrive, la solution pointe. Enfin preque. Parce que la narration d'un Emile n'est jamais sans rebondissement ni sans chute inattendue. Duo auteur/illustrateur de choc, personnage désopilant, Emile ne perd pas le souffle au fil des titres et c'est un vrai plaisir de le retrouver. Une bonne tranche de rigolade familiale aussi !

Le crapaud d'Elise Gravel. Il est plutôt gros, plutôt vert et porte la plupart du temps de splendides verrues qui lui permettent, à tous les yeux sauf aux nôtres, de passer inaperçu. Dans ce bel opus ragoûtant, Elise Gravel brosse le portrait du crapaud. Pas du crapaud à moustache, ni de l'oreophrynella nigra qui se déguise en caillou, ni du crapaud du Suriname qui voit naître ses petits par des trous qu'elle a sur le dos, ni du crapaud buffle qui peut mesurer jusqu'à 38 cm, non, Elise Gravel parle du crapaud commun. Sa peau, l'eau, ses proies, sa façon de chasser (ou plutôt d'attendre que cela lui tombe dans le bec), ses astuces pour se prémunir des dangers, ses petits... En quelques pas de Petit dégoûtant, voici de quoi faire du visqueux, un charmant. Peut-être pas un prince, mais un charmant tout de même. De quoi se réconcilier avec lui et peut-être même donner envie de le protéger, certaines espèces sont effectivement en voie de disparition... Retrouvez mes chroniques sur la collection des Petits dégoûtants : Le pou, Le rat, La mouche, L'araignée, Le ver, la limace

*** Les références ***
* Emile descend les poubelles de Vincent Cuvellier et Ronan Badel - Gallimard Jeunesse - septembre 2015 -  6 € - à partir de 5 ans
Le crapaud d'Elise Gravel - Editions Le Pommier - Collection Les Petits dégoûtants -  octobre 2015 - 6,90 € - à partir de 4 ans 

mercredi 28 octobre 2015

Monstrueusement beaux !

Un grand frisson, de la littérature, de grandes frayeurs, un parcours initiatique artistique. On peut avoir monstrueusement bon goût, la preuve avec trois magnifiques albums de saison qui s'ancrent pourtant hors du temps.
L'art des monstres de Johann Protais et Eloi Rousseau. Du nouveau monde aux nouveaux monstres, du chaos aux cauchemars, de l'antiquité des boucliers romains à la modernité, des vampires aux géants, des cannibales aux monstres venus de l'espace, en passant par les dragons, sirènes, chimères... cette encyclopédie balaie l'histoire des monstres en offrant au lecteurs des reproductions de toiles de maître, des photographies de statuettes, de statues, de sculptures, détails de vases antiques, mosaïques, des illustrations de livres, des caricatures également... Captivantes, fascinantes, effrayantes, esthétiques, les reproductions ordonnées par thématiques sont accompagnées de textes explicatifs de grande qualité. Vocabulaire précis et rythme soutenu, l'ouvrage parcours le monstre à travers les siècles, à travers ses différentes formes et représentations. Fabuleux voyage dans le fantastique !
Le fantôme de Canterville d'Oscar Wilde, traduit par Albert Savine, illustré par Barbara Brun. Ce grand classique qui narre l'arrivée d'une riche famille américaine s'installant dans un manoir dit hanté, est ici édité dans un grand album et servi par des illustrations fabuleuses. Alors que les Otis prennent possession du manoir sans se préoccuper une minute d'un fantôme qui ne pense qu'à une chose les effrayer, la situation se renverse tout doucement. Mômes déchaînés et parents au langage petit doigt en l'air, il ne fait pas bon être fantôme en leur manoir. Ils dézinguent tous ses plans, lui lancent des oreillers, se moquent de lui... 
Sir Simon, le fantôme passe d'effrayant à upset, d'upset à revanchard, de revanchard à effrayé... Disparition, frousse, mystères et jumeaux... On ne peut cacher qu'il y a des nœuds partout dans cette nouvelle haletant qui n'a pas pris une ride malgré les années (première édition en 1887). Une plume aussi élégante que malicieuse servie ici par des illustrations fantastiques, en grandes planches et  pleines pages et qui le sont tout autant. Formidable réédition du texte intégral originalement revisitée et complétée en fin d'albums par des coulisses somptueuses. 
Docteur Jekyll et Mister Hyde de Robert Louis Stevenson, traduit et adapté par Maxime Rovere, illustré par Sébastien Mourrain . Fabuleusement inquiétante et d'une grande qualité graphique autant qu'éditoriale, cette couverture papillon de nuit qui exprime la dualité et le mystère donne déjà le ton de l'univers visuel dans lequel l'album nous plonge. Immersion dans l'univers londonien de la fin du XIXe siècle avec ce grand et incontournable classique, le lecteur suit le notaire Utterson dans son enquête sur un certain Mister Hyde que personne ne connaît mais dont son ami le docteur Jekyll, un homme bien sous tout rapport, a fait son légataire dans un testament bien curieux qu'il a laissé à son office. Ses suspicions vont être confortées par des faits étranges et les troubles importants du docteur Jekyll. Le voile va peu à peu se lever, la narration va peu à peu se noircir, rythmée par les terribles illustrations de Sébastien Mourrain qui montrent la transformation, la potion, ses effets, la prison sans barreau dans laquelle s'enferme le docteur. Un travail remarquable en pages de garde, une qualité d'édition fabuleuse. Cette version est très réussie. 
*** Les références ***
L'art des monstres de Johann Protais et Eloi Rousseau - Editions Palette... Février 2015 - 24,50 € - à partir de 10 ans.
Le fantôme de Canterville  d'Oscar Wilde, traduit par Albert Savine et illustré par Barbara Brun - Editions Marmailles et compagnie - septembre 2014 -  20 €- dès 9 ans.
Docteur Jekyll & Mister Hyde de Robert Louis Stevenson, traduit par Maxime Rovere, illustré par Sébastien Mourrain - Editions Milan - collection Albums classiques - septembre 2015 - 16,90 € - à partir de 10 ans

lundi 26 octobre 2015

[Je lis et je relie ] Hansel et Gretel

La terrifiante histoire et le sanglant destin de Hansel & Gretel d'Adam Gidwitz illustré par Nancy Pena et Joseph Vernot. Couverture noire intrigante, touches de rouge sang et cette histoire déjà terrible d'Hansel et Gretel revisitée pour l'occasion au format sanglant pré-ado chez Hachette. Allais-je y mettre les doigts ? Illustrations noires corbeau, texte alternant une narration noire à l'encre noir et des commentaires sang à l'encre de la couleur associée. La mise en jambes, en forme et en roman est plutôt attractive. Et l'histoire. J'ai cru que j'allais en avoir marre de ces allers et retours, de ces fins non définitives et de ces adresses au lecteur incessantes, intempestives, parfois fatigantes. Et puis finalement les pages ont passé, les lignes aussi, et clap de fin. Et l'histoire ? Les histoires en fait. Comme des nouvelles qui s'enchaînent avec les mêmes personnages, Hansel et Gretel donc, qui non seulement vivent cuissons, gâteaux et sorcières mais rencontrent encore bien d'autres personnages peut-être pires, toujours aussi noirs voire de plus en plus et perdent des bouts d'âme et des bouts d'eux-mêmes, rencontrent aussi d'autres contes. Lueur d'espoir à l'horizon ? Peut-être. Ou peut-être pas. Du frisson en revanche, oui, il y en a  et c'est de saison, paraît-il. Il est livré ici dans un livre à l'édition particulièrement soignée.

*** Les références ***

* La terrifiante histoire et le sanglant destin de Hansel & Gretel d'Adam Gidwitz illustré par Nancy Pena et Joseph Vernot Editions Hachette Romans - 15 octobre 2014 -  15,90 € - à partir de 12 ans 

je lis et  je relie...
Retrouvez ma sélection sur le conte d'Hansel et Gretel revisité Ici.
*** Les références ***
Hansel et Gretel de Jakob et Wilhelm Grimm illustré par Anthony Browne - Editions Kaléidocope -  février 2012 - 12,50 € - à partir de 5 ans 
Hansel et Gretel des Frères Grimm illustré par Monique Félix - Editions Grasset jeunesse -  Septembre 2003 - 12,50 € - à partir de 5 ans 
Hansel et Gretel adaptation de Véronique Massenot et Xavière Devos - Editions L'élan vert -  2012 - 15,20 € - à partir de 4-5 ans 
Hansel et Gretel de Rascal - Editions L'école des loisirs -  février 2015 - 10,50 € - à partir de 4 ans 
La masure aux confitures de Sylvie Chausse et Anne Letuffe - Editions du Poisson Soluble-  2010 - 14,20 € - à partir de 4 ans 
Hansel et Gretel d'Anne-Sophie Baumann et Amélie Falière - Editions Hatier Jeunesse -  avril 2014 - 9,99 € - à partir de 4 ans 
Hansel le gourmand et Gretel la courageuse de Kimiko et Margaux Duroux - Editions L'école des loisirs - Loulou et Compagnie -  octobre 2014 - 11 € - à partir de 5 ans 
Hansel et Gretel des Frères Grimm illustré par Sophie Lebot - Editions Flammarion - Père Castor - 19 mars 2014- 4,75 € - à partir de 4 ans 

dimanche 25 octobre 2015

Pleine nature automnale sans chasseurs [+concours]


J'aime ces week-ends d'automne ensoleillés. La lumière donne une texture particulière à l'environnement. J'aime aller récolter des glands avec les enfants pour leur collection des 100 jours d'école et des plumes aussi. J'aime regarder les fleurs qui persistent, les feuilles se colorer. Rouges, jaunes, marrons, elles résistent ou elles tombent. J'aime le bruissement des bottes en plastique dans les feuilles séchées ou les splatch splatch qu'elles font sur les sentiers mouillés. J'aime ces samedis et dimanches quand ils sont servis par le soleil mais je les voudrais, pleine nature, épargnés par les coups de fusil. Pourquoi la forêt serait-elle réservée aux chasseurs et dangereuse pour les promeneurs ? Je n'ai toujours pas de réponse, je vis à la campagne et j'entends le vol noirs des corbeaux sur les plaines, les forêts, les animaux détaler, les promeneurs hésiter. Choquant.
Dans la forêt des masques de Laurent Moreau. Jeux d'automnes parés de ses couleurs d'ailleurs, cohésion animalière contre l'adversaire, ce livre qui joue avec les masques se joue aussi des chasseurs. Dans cet album couverture souple et pages bien épaisses, l'un d'entre eux débarque fusil au poing. Certes c'est un matin de printemps dans la narration, mais les coups de fusils retentissent aussi en automne. Le chasseur parviendra-t-il à trouver son gibier ? Non, non. Il n'attrapera pas la renarde et ses petits bien trop malins pour lui, ni le tigre si terrible... Lapin, singe, chevreuil ne seront pas pris non plus. Pour chaque animal poursuivi une double page aux illustrations d'une qualité d'exception et un masque pré-découpé que l'enfant peut poser sur son visage pour jouer dans l'histoire et se jouer du chasseur. Hymne à la nature et aux animaux sauvages que ceux-ci vivent dans notre univers ou dans des forêts exotiques, cet album est magnifique. 
Grâce aux éditions Hélium, un exemplaire de cet album est à gagner, retrouvez les modalités de participation en bas de cette chronique.
Le loup venu de Gauthier David et Marie Caudry. Dans une forêt luxuriante remarquablement illustrée, se promènent Kiki, une petite fille et son chien, Nox. Ils ont rejoint au bout de deux jours et une nuit, sac au dos, une maison de campagne complètement immergée sous les arbres, la nature, les plantes, la forêt : "le monde de la cabane". Elle en savoure tous les instants, toutes les précieuses textures, couleurs, tous les goûts de la nature. Le feu crépite et l'enfant se confie à son journal. Elle a ramassé une masse noire difforme, "noire comme la nuit. Chaude. Elle a l'air vivante". Enfin quelque peu. L'enfant se rend compte que c'est un loup. Édenté, salement blessé, elle le nourrit et prémâche pour lui. Et puis dans la nuit, des offrandes apparaissent sur le perron : du gibier, des dents de loup. Et kiki se sent observée. Si elle lui redonne des dents, que fera le loup ? Il lui fait déjà très peur ainsi... Pourtant, elle le sait, elle le sent, fondamentalement respectueuse de la nature et de son système, elle doit lui redonner sa liberté et ses défenses d'animal sauvage. Mais les chasseurs arrivent avec leur fusil et leur sauvagerie... Cet album à l'histoire très forte est un hymne à la nature et à la forêt, les illustrations sont aussi foisonnantes qu'exceptionnelles. J'avais déjà énormément aimé Le pain perdu du Petit Poucet illustré lui aussi par Marie Caudry ici.
Bestiaire des grands et des petits de Julie Colombet. Pour accompagner cette immersion pleine nature, voici un fabuleux bestiaire, véritable documentaire, il dresse pour chaque animal présenté en paire avec un autre dont il est le plus grand ou bien le bien plus petit, une fiche zootechnique servie par des illustrations de grande qualité qui ne sont pas sans être dénuées d'humour. Grand et beau livre au format à l'italienne, chaque couple fait pour l'occasion, est présenté sur une double page qui s'admire dans toute sa hauteur. Malicieusement croqués, sont ainsi associés l'autruche et le flamant rose , le pic-vert et le tamanoir, l'ourson coquau et le hérisson... Un ouvrage absolument génial qui se promène en haute voltige du bestiaire jeunesse !
Les oiseaux globe-trotters de Fleur Daugey et Sandrine Thommen. C'est encore un documentaire grand format de grande qualité édité par Actes Sud Junior. Avec des illustrations fantastiques et des textes très documentés - son auteure est journaliste éthologue - l'album est très accessible. Les auteurs répondent à la plupart des questions qui se posent autour de la migration des oiseaux. Pourquoi ils migrent ? Quel est le signal du départ ? Les différences entre les voyageurs et les casaniers ; leur métamorphose pour accomplir ces milliers de kilomètres, les chemins et les vents, les traversées, l'arrivée, la fin du voyage... Les oiseaux représentés sont reconnaissables et nommés, le voyage à leur côté est fantastique. Bravo.





Le grand livre des petits trésors de Nadine Robert et Aki. Bords de la rivière, ville, forêt, campagne, parc et plage, Tatsuo et sa grand-mère aiment se promener dans de nombreux endroits et y récolter des petits trésors. L'enfant observe, cherche et ramasse, il a un sac fait tout spécialement pour cela. Une petite feuille transparente ou bien l'aile d'un insecte, une vieille capsule, un morceau de verre poli, un leurre de pêche font les belles couleurs de sa pêche en rivière. Barrette à cheveux, billes, petits cailloux seront saisis en ville, baies, plumes, goupilles de canettes, glands, petits trésors des forêts... Dans chaque univers, des illustrations légendées, des petits jeux d'associations ouvrent l'appétit de l'observation. A la fin de l'album tout doux, un imagier animalier et des informations documentaires sur tous les trésors glanés. Sobre et élégant, cet album a beaucoup de charme. On y trouve aussi un travail d'illustrations remarquable en pages de garde.

La nature d'Alain Grée. Des illustrations vintage font cheminer le jeune enfant au plus près des animaux et de la végétation. Il va tout d'abord à la ferme où les systèmes d'élevages, de récoltes et de productions sont expliqués. Ensuite, immersion en forêt avec sa faune et sa flore. Il parcourt aussi le jardin, la prairie, le bord de mer. Dans chaque univers, un imagier - charmant - est proposé pour permettre à l'enfant de reconnaître et de nommer animaux et végétaux.
Dans la même collection, Le bord de mer ici.

**conCOuRs***  Grâce aux éditions Hélium, tentez de gagner Dans la forêt des masques de Laurent MoreauLaissez ici un commentaire sur vos promenades d'automne et triplez vos chances en envoyant un dessin, une photo ou toute création sur la page Facebook Maman Baobab ou par Mail : drawoua[at]gmail.com. 
Vous pouvez cumuler, bien entendu !
Participation jusqu'au dimanche 8 novembre 20h00 - résultats par tirage au sort. Bonne chance !

*** Les références ***

* Dans la forêt des masques de Laurent Moreau - Editions Hélium - 2015 -  15,90 € - à partir de 4 ans * coup de cœur *
Le loup venu de Gauthier David et Marie Caudry- Editions Thierry Magnier - 9 septembre 2015 - 16,50 € - à partir de 6 ans * coup de cœur *
Bestiaire des grands et des petits  de Julie Colombet - Editions Actes Sud Junior - 2014 - 16 € - à partir de 6 ans * coup de cœur *
Les oiseaux globe-trotters  de Fleur Daugey et Sandrine Thommen - Editions Actes Sud Junior - septembre 2014 - 16,50 € - à partir de 8 ans * coup de cœur *
Le grand livres des petits trésors de Nadine Robert et Aki - Gallimard Jeunesse - mai 2015 -  14,90 € - à partir de 4 mois
La nature d'Alain Grée - Editions Larousse -  2015 - 12,90 € - à partir de 3 ans

**conCOuRs*** en cours également avec Bayard Jeunesse pour tenter de gagner Le Manoir - Liam et la carte d'éternité  d'Evelyne Brisou-Pellen. Premier tome d'une série géniale à dévorer dès 10 ans. Pour participer c'est Ici.

vendredi 23 octobre 2015

Des bisous et puis bonne nuit !

Il y a parfois juste besoin d'un petit bisou pour se laisser aller, pour se réconcilier, avec la nuit, avec autrui, il y a parfois juste besoin d'un petit bisou pour se faire pardonner, pour stopper le flux des émotions qui partent vers la colère, vers la tristesse, vers la fatigue qui fait se sentir mal ou maussade. Il y a parfois besoin d'un petit bisou, pour rien, comme ça. Pour dire qu'on est toujours un bébé, un petit, toujours le petit de maman, de papa, de ses parents, toujours le petit de papi et de mamie, même si on commence à devenir grand. Alors voici une chronique pour se faire des bisous et se souhaiter bonne nuit, sans oublier d'ailleurs que ce week-end, on devrait pouvoir dormir une heure de plus !
La boîte à bisous "Bonne nuit !" de Benoît Marchon et Soledad Bravi. Pas d'histoire dans ce coffret, mais le pied à l'étrier de celles qui peuvent se raconter à l'occasion d'un bisous, d'un départ dans la nuit, dans les rêves. Pas de livre mais de belles cartes épaisses et cartonnées qui souhaitent bonne nuit d'un côté étoilé et qui proposent, de l'autre, un câlin ou un nombre de bisous et une façon de les faire. "Bonne nuit mon oiseau des îles" et voici "cinq bisous mouillés dans le cou" ; "Bonne nuit mon petit ours" et pour toi "un câlin très très fort en grognant tendrement 'grrrrrrrrr'" ; "Bonne nuit mon bijou" et en route pour "quatre bisous prouts sur le ventre". Cadeau de naissance, d'anniversaire à offrir aux tout-petits, ce coffret écrin de tendresse est à offrir aux plus grands aussi et aux familles. Les parents aussi peuvent piocher leur carte et réclamer le bisou spécial ou le câlin original ! Une bonne idée, illustrée avec tout le pétillant de Soledad Bravi.

Moi, j'aime la nuit et Moi, j'aime les histoires de Mathilde Bréchet et Camille Chincholle. Dans cette collection de livres à toucher pour les tout-petits chez Gallimard Jeunesse, deux titres tout doux, un format carré aux coins arrondis, une couverture molletonnée, un intérieur tout cartonné avec des animations, des illustrations pleines, chatoyantes, rassurantes pour adoucir le moment de la séparation, échanger et se laisser aller au sommeil. Dans le premier titre, l'enfant suit des bébés animaux qui aiment la nuit. Les renardeaux jouent dans les buissons, les loutres nagent au calme, les marcassins écoutent une histoire, les bébés chouettes et hiboux regardent les étoiles qui scintillent. Sur chaque page un volet à ouvrir, des matières à toucher. Dans le second album, les bébés animaux indiquent pourquoi ils aiment les histoires. Elles font voyager l'ourson, elles effraient le tigron, emmènent le panda à l'aventure... Beaucoup de tendresse dans des albums solides et très agréables à manipuler : tout à fait adaptés aux petites mains.

Eliott n'a pas sommeil de Françoise de Guibert et Olivier Latyk. Comme beaucoup d'enfants, une fois l'histoire lue et les rituels du coucher passés, Eliott trouve tout un tas d'excuses, d'astuces et de petits manèges pour repousser repousser repousser le moment où il devra fermer les yeux et s'abandonner à cette drôle d'inconnue qu'est la nuit. Son doudou a disparu, il a soif et maman rouspète, il rallume sa veilleuse et relit ses livres... Cette fois-ci c'est papa qui n'est pas content du tout. Mais vraiment, Eliott n'a pas sommeil. Il le dit à son papa d'ailleurs, en bâillant. Pas le temps d'entendre la réponse, finalement Eliott s'est endormi. Ce nouvel opus d'Eliott se construit d'un univers graphique très doux et propose une histoire miroir dans laquelle petits et parents se retrouvent forcément !

La boîte à bisous de Pascal Bruckner et Mayana Itoïz. Il y a ce bébé qui naît, qui porte un joli prénom, Juliette, qui a une maman et un papa. Du côté papa, ça pêche. Bourdes, grossières  erreurs, étourderies à répétition, le papa ne sait pas comment faire avec ce petit être là. Cela pourrait être étonnant. Très étonnant, trop même. Et puis en relisant bien l'album j'ai pensé au baby-blues qu'ont parfois les mamans autour de la naissance de leur(s) enfant(s). Sous cet angle, il prend sens, car dans ces situations les mamans perdent leur bon sens, leur assurance et s'éloignent fortement de leur(s) bébe(s) sans savoi répondre à leurs besoins. Alors pourquoi pas les papas ? Si la baby-blues existe pour les papas, il pourrait être représenté par cet album-là, notamment parce que l'enfant est très réactive à la situation : elle ne mange plus, elle pâlit... Le papa de Juliette trouve une solution, une boîte à bisous qui lui permet de nourrir d'amour et de soins l'enfant, mais sans s'impliquer directement. Mais le jour où cette boîte casse, il lui faudra accepter de perdre cette béquille et se rassurer sur ses compétences de papa et ce jour-là, quand il osera affronter ses peurs et ses angoisses, quand il fera le premier bisous, une autre histoire s'écrira plus spontanée, plus naturelle cette fois. Cette histoire-là, sous cet angle là est touchante. Les illustrations sont vraiment réussies, un très joli travail aussi sur les pages de garde, elles font passer des émotions fortes, et aident à retrouver le sourire, quand Juliette et ses parents le retrouvent eux aussi.
Bonne nuit doudou chéri illustré par MissBonbon. Un petit doudou et un tout petit livre pour sourire et dire bonne nuit en amadouant le coucher avec des petits rituels. Caresser la tête du doudou pour le rassurer, il a peur du noir ; lui faire un câlin, un bisou tout-doux, lui chanter une petite berceuse. C'est un petit livre aux tendre couleurs pour amener l'enfant à lâcher prise tout en douceur.





*** Les références ***
* La boîte à bisous "Bonne nuit" de Benoît Marchon et Soledad Bravi - Editions Bayard Jeunesse - 1er octobre 2015 -  12,90 € - Dés la naissance - pour toute la famille
Moi, j'aime les histoires et Moi j'aime la nuit de Mathilde Bréchet et Camille Chincholle - Gallimard Jeunesse - juin 2015 -  10,50 € - à partir de 6 mois
Eliott n'a pas sommeil de Françoise de Guibert et Olivier Latyk  - Editions Gallimard Jeunesse -  mai 2015 - 9,90 € - dès 2 ans
La boîte à bisous de Pascal Bruckner et Mayana Itoïz - Editions P'tit Glénat - 16 septembre 2015 - 11 € - dès 5 ans
Bonne nuit doudou chéri illustré par MissBonbon - Editions Larousse -  février 2015 - 12,90 € - dés la naissance


L'année dernière je vous parlais déjà du changement d'heure, marronnier, c'est par ici avec de très beaux albums : 
Le petit voleur de temps de Nathalie Minne - Editions Casterman  - septembre 2014 - 14,95 € - à partir de 4 ans *** coup de cœur***
Les petites heures de Gwen Keraval - Editions Fleur de ville  - octobre 2014 - 12,90 € - à partir de 3 ans *** coup de cœur***
La nuit d'Ingrid Seithumer et Parastou Haghi - Editions Philomèle  - octobre 2014 - 13,50 € - à partir de 3 ans *** coup de cœur***
Ecoute dans la nuit En collaboration avec Christel Denol, illustré par Emiri Hayashi - Editions Nathan - octobre 2014 - 14,90 € - à partir de 6/9 mois 
Le livre de la nuit de Valérie Guidoux et Hélène Rajcak - Editions Casterman  - septembre 2014 - 16,75 € - à partir de 8 ans *** coup de cœur***
Le laboratoire du sommeil de Sophie Schwartz et Irina Constantinescu, illustré par Aurélien Débat - Editions Le Pommier - mai 2009 - 6 € - à partir de 8/9 ans.
5 minutes avant d'aller dormir de Delphine Badreddine et Olivia Cosneau - Editions Nathan - octobre 2014 - 14,90 € - à partir de 18 mois 
Mon premier livre horloge de Madeleine Deny et Etsuko Watanabe - Editions Nathan collection Haut comme trois pommes - juin 2014 - 15,90 € - 3-7 ans
Mes premières activités d'école maternelle de Madeleine Deny avec la collaboration de Muriel Servadio-Martin, conseillère pédagogique et illustré par Etsuko Watanabe - Editions Nathan collection Haut comme trois pommes - juin 2014 - 15,90 € - 3-6 ans