dimanche 29 mai 2016

Bonne fête Blanche-Neige !

C'est un jour parfait - la fête des mères - pour parler de Blanche-Neige et les 77 nains, un conte revisité avec poigne, pioche et diamants, par Davide Cali et Raphaëlle Barbanègre en hommage sûrement à toutes les centrales vapeur, épilateurs électriques,
aspirateurs-qui-aspirent-tout-seuls et autres box-c'est-vraiment-génial-tu-as-un-an-pour-l'utiliser-mais-y-a-jamais-les-dates-qui-vont-bien. Bien sûr que non je ne suis pas jalouse. Et Blanche-Neige ? Blanche Neige non plus. Blanche-Neige elle est contente d'abord. Elle est contente de trouver une petite maison avec 77 gentils nains qui acceptent de lui donner le gîte si elle met le couvert. Alors elle le met. Le couvert, la lessive, elle fait le rasage en tentant de ne pas trouver ça barbant, elle lit comme ils le veulent la petite histoire du soir à chacun d'entre eux,  77 fois quand même. Et caetera et caetera. Ni contents ni reconnaissants, les nains étaient plus qu'exigeants. Face à 77 nains incarnant le machisme par excellence, qu'est ce qu'on fait ? On grogne, on rumine et puis on jette l'éponge ! Le tout est de savoir comment! Un album désopilant aux illustrations furieusement envahies par les nains ; une héroïne qui brise ses chaînes et se rit du joug avec un flegme de haut talent.
Pour continuer dans la mise aux points sur le i, deux nouvelles déclarations. Couverture bleue pour les mamans et fushia pour les papas, voici La déclaration des droits des mamans et La déclaration des droits des papas d'Elisabeth Brami et Estelle Billon-Spagnol. Le droit de ne pas être parfait, celui de se tromper, d'oublier, les droits pour les mamans de faire comme les papas, et pour les papas de faire comme les mamans. Pas de tâches socialement assignées ni génétiquement programmées en quelque sorte ! Le droit de se mettre en colère, d'être triste, de vouloir être tranquilles aux toilettes, j'aime le droit pour les mamans de "se révolter quand on leur offre des cadeaux débiles" ou celui pour les papas "d'être plus timides, plus jeunes et plus petits que les mamans, d'être inquiets pour leurs enfants sans se faire traiter de papas-poules". Les papas ont aussi le droit de prendre un congé parental, de ne pas être sportifs ou bricoleurs, d'aimer faire les soldes, de rester au foyer... Dans ces deux petits traités les préjugés sont maltraités, les carcans sont explosés (de rire) et les droits fondamentaux sont réhabilités à coup de bonne humeur, de couleurs et de la vivacité d'une sauce piquante ou d'un bonbon acidulé mitonnés par un duo auteure-illustratrice qui avait déjà jeté des pavés sur les idées stéréotypées. (Voir La déclaration des droits des filles / la déclaration des droits des garçons). Un petit dernier et pas des moindres pour conclure,  le droit pour les parents "de vivre leurs histoires d'amour comme [ils] / elles le veulent, avec qui [ils] /elles veulent, et d'avoir des enfants avec qui, et quand [ils] /elles le désirent



*** Les références ***
* Blanche-Neige et les 77 nains de Davide Cali et Raphaëlle Barbanègre - Editions Talents Hauts  février 2016 - 15 € - à partir de 4 ans 
* La déclaration des droits des mamans d'Elisabeth Brami et Estelle Billon-Spagnol - Editions Talents Hauts  mai 2016 - 12,50 € - à partir de 4 ans 
* La déclaration des droits des papas d'Elisabeth Brami et Estelle Billon-Spagnol - Editions Talents Hauts  mai 2016 - 12,50 € - à partir de 4 ans 

mercredi 25 mai 2016

un, deux ou plusieurs arbres...

Un petit tour dans la nature, un petit tour en forêt, c'est une image, un dessin, d'arbres ou de forêt qu'il vous faut me transmettre pour participer au concours Étonnants voyageurs. Mais en attendant, je ne prends que deux arbres, deux arbres symboles de la vie, de la liberté, de la résistance et de la
fraternité. Les deux arbres d'Elisabeth Brami et Christophe Blain, un album incontournable dans l'univers de la littérature jeunesse, paru en 1997 et réédité cette année. Deux arbres amis, amis pour de vrai. Peu importe si l'un était plus grand, l'autre plus petit (forcément), ils faisaient tout ensemble : fleurir au printemps, grelotter l'hiver, ils jouaient à perdre leurs feuilles le plus vite possible en automne, ils jouaient à oiseaux perchés aussi. Le temps passait sans qu'il ne leur semblait, ils s'amusaient, ils se disputaient aussi, ils étaient de véritables amis. Mais "un jour, le jardin fut acheté, puis coupé en deux. Des hommes construisirent un mur si haut qu'il les empêcha de se voir". Rien n'était plus comme avant, forcément. Le grand arbre dépérissait, le petit gardait espoir, celui de grandir et de pouvoir dépasser le mur. Celui de pouvoir continuer l'histoire, même si elle sera forcément écrite autrement. De superbes illustrations dans cet album au sens fort, qu'il est important si ce n'est vital de mettre dans les mains des familles, pour qu'ils tracent avec lui le sage chemin. Humanisme et fraternité. 

*** Les références ***
Les deux arbres d'Elisabeth Brami et Christophe Blain - Editions Casterman - 1997 réédition mars 2016 -  13,95€- dès 4 ans.

dimanche 22 mai 2016

Petites graines de liberté...

... Semées au vent, et envolées, semées dans les têtes des marmots pour faire pousser... Parfois, quand il y a résistance, c'est qu'il y a piétinement des libertés, non ? Cette fois là, oui.
Graines de liberté de Pascale Maupou Boutry et Régis Delpeuch. Un sac et une flûte en bambou, un carnet, et la voilà tout le temps sur le chemin. De villages en villages, de pays en pays troubadour ou poète, elle raconte des histoires sur la place publique. Avec ses mots, sa musique et ses images, elle emmène les gens dans ses voyages. Mais un jour, dans un village qui n'a ni nom, ni pays, qui pourrait être ici, ailleurs ou nulle part, les gens lui tournent le dos, s'enferment chez eux et la laissent seule. C'est la même chose dans le suivant, et presque aussi dans celui d'après. Presque parce qu'une petite fille vient poser ses yeux sur elle et ouvre la brèche dans laquelle peut se faufiler la liberté. Tout un symbole. Illustrations aériennes et hymne à l'ouverture dans ce grand livre-CD de la collection Il était une voix chez Utopique et soutenu par Amnesty International. 
Graines de liberté de Pascal Maupou Boutry et Régis Delpeuch- Editions Utopique  Collection De vive voix février 2016 - 24 € - à partir de 5 ans

vendredi 20 mai 2016

Etonnants Voyageurs, un joyeux voyage pour les petits


Une attention toute particulière est portée à la jeunesse lors du festival Etonnants voyageurs. Pour les plus jeunes, des ateliers graphiques avec des illustrateurs de renom au sein de L'île aux trésors, où sont mis à disposition également des livres à dévorer et tout le matériel nécessaire à la création, et au sein du salon du livre, la présence en dédicace de grands talents, auteurs et illustrateurs de livres pour enfants.

Embarquement immédiat pour quelques rencontres et la découverte d'une dizaine de titres pour les petits et tout-petits. Olivier Latyk était présent avec ses deux personnages phares, Yoki le doudou chez Actes Sud et dont il est auteur et illustrateur, Eliott chez Gallimard qu'il co-signe avec Françoise de Guibert.

Yoki et le doudou * La mer d'Olivier Latyk. Yoki est le doudou de la classe. Il passe chaque week-end avec un enfant de la classe de petite section. L'occasion à chaque titre de découvrir un univers différent ou de vivre un événement (visite au musée, anniversaire...). C'est avec Maël que Yoki passe le week-end. Une couverture bleue comme le ciel, un crabe vert d'envie de se promener sur la plage, Yoki va à la mer ! Youpi. Petit seau rouge, parasol, maillots de bain, tout le monde est prêt à prendre la route. Maël est ravi, c'est la première fois que Yoki voit la mer, et c'est grâce à lui. L'eau est tiède, Maël se baigne là où il n'a pas pied. Il n'a pas peur car il nage entre ses parents. Avec papa, il construit un château, et qui en devient le roi ? Yoki, bien sûr! Et qui vole au vent ? Vous le saurez en découvrant la suite de cet album, toujours tendre, aux illustrations fourmillant de détails... D'ailleurs attention, alerte aux petites bêtes sur l'affichage de la classe, en dernière page ! Retrouvez la présentation vidéo par l'éditeur Ici et le blog de la série .

Eliott aussi aime aller à la mer. D'ailleurs quand ce petit personnage signé Françoise de Guibert et Olivier Latyk part en vacances, il va en Bretagne, à Doëlan plus précisément (voir Eliott part en vacances), c'est dire s'il a bon goût. Mais pas question de plage pour cette fois-ci, Eliott dort chez son copain et c'est pas rien !  Doudou, pyjama et bien sûr brosse à dents; Eliott est prêt pour aller dormir chez Coco ! Et ça c'est cool ! D'ailleurs dans la chambre de Coco et de Colette sa petite sœur, il y a plein de jeux qu'Eliott ne connaît pas et même des déguisements. Le temps passe trop vite, même si la soirée a failli tourner au drame, plus de peur que de mal pour ce bobo vite oublié grâce à un doudou et une histoire et une bonne nuit entre copains !
C'est moins drôle au parc, on dirait ! Eliott s'y rend avec son papa et sa copine Chaïma pour y passer un bon moment. Au programme togoban enfin plutôt toboggan, cache-cache... Mais une petite fille qui aimerait probablement bien jouer avec eux n'a pas trouvé une meilleure idée que celle de les embêter. Dans Eliott n'aime pas qu'on l'embête, il y a une petite Mina qui se fait gronder et comme souvent, trois enfants qui finissent par jouer ensemble, forcément ! Ancré dans la réalité, ce petit personnage est un joyeux et tendre miroir du quotidien pour les enfants (2-5 ans) bien dans leurs baskets !


Parmi les illustrateurs aimés, dédicaçait aussi Matthieu Maudet du côté de l'Ecole des loisirs. L'occasion de parler du petit dernier qu'il partage avec l'un de ses complices favoris, Michaël Escoffier. Bonjour pompier. Un beau camion de pompier sur un chemin de terre et viiiiiite viiiite, une urgence, une cabane en feu ! Aussitôt vue, aussitôt arrosée. Mais la cabane est partie en fumée, son propriétaire n'a plus qu'à monter dans le camion du pompier, sans pop-corn, tant pis. A peine embarqué, c'est une nouvelle alerte au feu et l'obligation d'utiliser la grande échelle. Heureusement l'équipe s'est renforcée et le feu est vite éteint. Un barbecue qui déborde, "pour les grillades, c'est grillé" mais l'équipe est à nouveau renforcée ! Oh non, il y a aussi le feu dans la nouvelle maison. C'est un cauchemar cette histoire ! Humour, course et dynamisme dans ce petit album tout cartonné qui arrose malicieusement tous les événements !
De la douceur du côté de Marion Billet, une illustratrice que l'on a plaisir à retrouver dans les collections de petits livres cartonnés chez Gallimard Jeunesse et Nathan, notamment. Mes petits imagiers sonores, voici une nouvelle collection de petits livres cartonnés à toucher  et à écouter chez Gallimard. Elle invite le jeune enfant à découvrir des petits animaux - Mes petits animaux - et une collection de doudous - Mes doudous. Des matières variées, des couleurs et des sons rigolos et surprenants ! Surprenants car dans ces livres-ci la puce est cachée sous la matière, et l'exercice est un petit peu plus compliqué pour les enfants déjà habitués à appuyer à l'endroit dédié. Cette fois-ci, pour un petit bruit de bulles, un aboiement, un couic de doudou en plastique, un zouing de musique mécanique, il va falloir chercher !
C'est toujours à écouter, une petite puce sur laquelle appuyer, de la douceur dans les oreilles et dans le visuel, Ecoute les comptines du monde. Un très bel album qui propose des comptines toutes douces à écouter, apprivoiser, répéter dans des langues différentes, pour toucher à l'universalité de la berceuse, un chant généreux et rassurant transmis par la légèreté,  le rythme, le son et les rimes. Découverte riche et joyeuse, interculturalité et ouverture avec Olélé moliba Makasi (Congo), Ani couni chaounani (Amérique du nord), Twinkle Twinkle little star (Angleterre), Haru Ga Kita (Japon) et Alle meine Entchen (Allemagne). Très réussi.
Un nouveau titre dans la collection Petit Nathan, Comptine pour petits doigts, conçu avec la collaboration  de Christel Denolle, psychologue et psychanalyste spécialisée dans le développement des tout-petits. Il est bien sûr illustré par Marion Billet : La famille tortue. La célèbre comptine se déroule dans l'album cartonné façonné avec des creux et des pleins que le tout-petit pourra découvrir, suivre avec ses doigts. Les illustrations sont souriantes, la comptine est joyeuse et l'album est un beau cartonné, solide et brillant ! Un flash-code permet d'écouter la comptine en ligne.
Et pour compléter, une histoire à lire en s'impliquant et en jouant : Vogue, petit bateau. Dans ce chouette album tout cartonné, un petit bateau encastrable sur la couverture peut partir en voyage sur toutes les pages. quatre doubles, ludiques et expressives. Un objet sympa pour apprivoiser très vite l'objet livre.





*** Les références ***
* Yoki le doudou - La mer d'Olivier Latyk - Editions Actes Sud Junior - avril 2015 - 7,90  € - à partir de 3 ans
Eliott dort chez son copain de Françoise de Guibert et Olivier Latyk  - Editions Gallimard Jeunesse -  octobre 2015 - 9,90 € - dès 2 ans
Eliott n'aime pas qu'on l'embête de Françoise de Guibert et Olivier Latyk  - Editions Gallimard Jeunesse -  avril 2016 - 9,90 € - dès 2 ans
Bonjour Pompier de Michaël Escoffier et Matthieu Maudet - Editions L'école des loisirs - collection Loulou et compagnie - 2016 - 9,70 € - à partir de 2 ans
Mes doudous * Mes petits animaux illustré par Marion Billet - Editions Gallimard Jeunesse - collection Mes petits imagiers sonores - octobre 2015 - - 13, 50 €.- dès un an.
Ecoute les comptines du monde illustré par Marion Billet  - Editions Nathan - février 2016- 15,90 € - dès un an.
La famille tortue illustré par Marion Billet  - Editions Nathan collection Petit Nathan - février 2016- 7,90 € - dès 9 mois.
Vogue petit bateau illustré par Marion Billet  - Editions Nathan collection Petit Nathan - mai 2016- 11,95 € - dès 9 mois.

lundi 16 mai 2016

Étonnants Voyageurs, voyage littéraire à Saint-Malo

« Artistes et écrivains dans le chaos du monde ». C'est sur un thème engagé et fort que se déroulait cette nouvelle édition du Festival international du livre et du film,  Etonnants Voyageurs, les 14, 15 e 16 mai à Saint-Malo. Leurs voix, comme "une boussole dans ce tumulte", les mots de Michel Le Bris pour unir écrivains, poètes, cinéastes et face aux totalitarismes. L'art et la culture, les mots, leurs sens, leur essence comme arme. L'éducation aussi, rajouterais-je. "Dans le bouleversement en cours, les femmes occupent une place centrale" continue-t-il dans son éditorial, pas seulement parce qu'elles en sont la cible - "La guerre universelle faite aux femmes -, mais aussi parce qu'elles sont actrices des évolutions, incarnent la résistance, la lutte, témoignent, dénoncent, vivent, lèvent la tête, le poing aussi. Issues du monde musulman, elles étaient présentent "avec leurs œuvres pour témoigner, dire ce qu'elles en pensent". Retrouvez l'ensemble des invité-e-s, cinéastes et auteur-es sur le site du Festival (ici). 
Littérature et chaos, en jeunesse, c'est une série U4, 4 romans, 4 auteur-e-s, deux femmes, deux hommes, 4 personnages principaux, deux filles, deux garçons, parité absolue, aventure absolument saisissante qui trace quatre parcours d'ados en poussant la thématique jusqu'au bout. Florence Hinckel, Carole Trébor, Yves Grevet et Vincent Villemot ont imaginé un univers post-apocalyptique dans lequel seuls les ados ont survécu à un virus qui a terrassé le reste de l'humanité. Effroyablement addictif et parfaitement mené.
Le bol d'air, c'est l'air marin, l'air corsaire. C'est la mer, le port, le vent, le soleil timide parfois, assuré le soir. Le bol d'air, c'est aussi la forêt, thématique choisie pour les plus petits, et qui réunissait six illustrateurs talentueux, exposés aussi chaleureusement que malicieusement, sur des murs parfois très gourmands comme c'était le le cas pour la partie concernant Marcel et Giselle de Natali Fortier, un album qui revisite Hansel et Gretel. Rien de mieux que d'apposer sur les murs marshmallows et Niniche, sur une table, le titre entouré de bocaux de bonbons. L'histoire a plusieurs voix, celles de Marcel et Giselle, les enfants, bien entendu, mais aussi celles d'Eustache, le père, de Marguerite, la voisine et d'Armande, la chanteuse ogresse qui joue le rôle de la sorcière sans que dans un premier temps rien n'y paraisse. Elles se répondent, se font échos, emmènent chacune leur tour l'histoire en avant, dans un mouvement qui met l'oralité et l'accent du Québec au premier plan. Un avant où les tourments trouvent résolutions, et les chanteuses s'adoucissent jusqu'à donner concert après avoir été dévorée par une plante carnivore, recrachée, attendrie, assouplie. Les illustrations, pleines pages, simples ou doubles, au texte en regard et non dedans, sont fascinantes. Traits et nuances de marron, peu lumineuses dans l'album, bien moins malheureusement que celles exposées qui gagnaient presque tout rompre en énergie.  Exposés aussi, pour un voyage sylvestre de grande qualité, Laurent Moreau avec La forêt des masques, Maurizio Quarello pour L'appel de la forêt, hommage à Jack London, Wolf Erlbruch pour L'ours qui n'était pas là, Bal d'automne avec tristesse et chevrefeuille par Aurore Callias et Le Petit garçon de la forêt par Nathalie Minne : beaucoup d'émotions dans ces originaux très poétiques. 
Janik Coat était à l'honneur. Janik Coat avec son ABC Bestiaire, Mon Hippopotame ou encore Romi. Romi réédité par Sarbacane - et revu par l'artiste - suite à la funeste fin d'Autrement Jeunesse. Un beau sauvetage que nous avons eu envie de fêter avec Sarbacane. En laissant un commentaire sous cette chronique vous pouvez gagner par tirage au sort Romi à la plage.
Tout le monde connaît Romi, non ? Cet adorable rhinocéros qui explore le monde de son plus beau profil. Couverture percée au gabarit de l'animal souriant, orange pétant, fluo même, maillot de bain rayé, Romi est à la plage et joue avec les contraires. Plus grand, plus petit, c'est son gabarit qui varie dans les pages. Son profil ne bouge pas d'un poil, toujours le même, le plus beau sûrement. Hiverné ou en maillot-de-bain-yoté, Romi sourit. Avec ou sans bouée, aussi. En petit bateau ou en gros paquebot, dessus ou dessous, au soleil ou quand Romi marche à l'ombre, Romi sourit toujours et prend des pauses variées et diverses pour explorer la plage, battre la pluie, percer la
brume, ne pas ciller en pleine tempête... Un album remarquablement réussi, on le savait déjà, et on est bien heureux de le savoir toujours. Longue vie, Romi. Romi explore la nature aussi, savane, jungle, champs d'herbes ou de fleurs, Romi va sur le sable, sur la glace, se perche sur un arbre, en tombe, rêve de nuages et d'étoiles. Romi fait de la spéléo, expérimente le métier de spationaute, Romi ne s'ennuie jamais, ne sourcille pas, par tous les temps Romi mime, joue, se cache, explore, Romi des champs, des mers, des océans et des villes, Romi dans la nature de Janik Coat est radieux, lumineux et coloré. Et il est à gagné sur la page Facebook du blog. Pour participer, fastoche, envoyez moi par mail un petit bout de forêt, dessin, photo, création de toute sorte, résultat par tirage au sort le 4 juin.

Et puis en sortant de l'expo, c'était chouette de profiter de Saint-Malo, bord de mer, terrasse, petits plats dans les grands gourmands, comme s'il n'était pas possible de faire une escale en Bretagne, quelle qu'elle soit, sans se laisser tenter par l'appel des papilles.

C'est peut-être ça que Mirette et Jean-Pat étaient obligés d'y faire escale, comme leur "papa", l'illustrateur Laurent Audouin, habitué d'Etonnants Voyageurs. Dans Embrouille en Bretagne que j'avais emmené lors d'une excursion avec les Breizh Blogueuses au pied du phare Saint-Mathieu représenté sur la couverture, les deux héros sont obligés de couper court aux vacances prévues. Le fameux pâté Trouneizh est saboté. Des dizaines de courriers de clients avariés, malades et à pustules arrivent au siège. Mirette et son chat, enfin son co-équipier, vont sillonner la Bretagne, de la Pointe du Raz à Guérande, de Locronan à Brest, en passant par Quimper, Carnac, Brocéliande, Saint-Malo. Découverte amusante de la région, de ses spécificités, korrigans et traditions dans une enquête déjantée et folklorique, hic !


**conCOuRs***  Pour fêter la réédition de Romi de Janik Coat avec Sarbacane, laissez un message sur cette chronique pour Romi à la plage / envoyez-moi par mail ou via les réseaux sociaux une représentation de la forêt pour tenter de gagner Romi dans la nature. Participation jusqu'au 4 juin * 20h00. 

*** Les références ***
Marcel et Giselle  de Natali Fortier - Editions du Rouergue - Septembre 2015 - 16 € - à partir de 5 ans
Romi à la plage de Janik Coat - Editions Sarbacane - réédition 1er juin 2016 - 9,90 € - dés 2 ans
Romi dans la nature de Janik Coat - Editions Sarbacane - réédition 1er juin 2016 - 9,90 € - dés 2 ans
Les enquêtes de Mirette - Embrouille en Bretagne de Fanny Joly et Laurent Audouin - Editions Sarbacane - 2014 - 14,50 € - dés 5 ans

vendredi 13 mai 2016

On écoute avec les petits...

On joue, on chante, on fredonne, on tourne les pages, on écoute des histoires, pour les tout-petits cette fois.


Dodo coco ! de Paule du Bouchet illustré par Xavier Frehring, racontée par Marion Stalens sur une musqiue de Louis Dunoyer de Segonzac. Une histoire se tisse autour de la découverte d'instruments de musique : un piano, une clarinette, une contrebasse, un célesta. Aujourd'hui c'est mercredi, Coco a beaucoup joué avec ses amis. Il ne veut pas manger son dîner, c'est de la soupe. Etrange, son appétit revient pour le dessert, de la mousse chocolat. Il est taquin ce Coco, il se met sous la couette sans s'être déshabillé, se relève après avoir été couché, saute sur son lit avec le tambour... Mais tout à coup ! Grosse bêtise, maman arrive, elle est très fâchée ! Comment cette soirée va-t-elle se terminer ? Par un gros dodo forcément !


Comptines des animaux rigolos et Comptines des petits coquins, illustrés par Cécile Hudrisier. Deux titres formidablement illustrés par Cécile Hudrisier dans cette nouvelle collection de livres-objets chez Didier Jeunesse. Une double-page, un titre, une puce et une petite chanson chantée par des enfants est à écouter  : Petits escargot, Un petit chat gris, P'tit lapin plein d'poils, Ainsi font, font, font, Pomme de reinette et pomme d'Api... six titres par volume pour découvrir ou redécouvrir les grands classiques à chanter avec bébé ainsi que des titres plus confidentiels. Une très belle qualité d'édition mettent en valeur des illustrations joyeuses et colorées, un son de qualité (le livre levé) et hop le tour est joué pour écouter, sans s'en lasser ! 
Mon imagier des chansons de maternelle illustré par Charlotte Roederer. Dans cette compilation 16 chansons et comptines du répertoire classique de la petite enfance, crèche et maternelle chantée par des enfants. L'as-tu vu ? Maman les petits bateaux, Gens de la ville, Pétrouchka, Une araignée sur le plancher... S'ensuivent les 16 thèmes musicaux qui permettent aux enfants et aux classes de chanter avec un accompagnement. Le livre est illustré joyeusement par Charlotte Roederer qui accompagne les paroles avec des visuels énergiques et colorés. Ecouter un extrait ici

*** Les références ***
* Dodo, Coco ! de Paule du Bouchet illustré par Xavier Frehring, racontée par Marion Stalens  - Editions Gallimard Jeunesse  Décembre 2015 - 14, 90 € - à partir de 4 ans
 Comptines des animaux rigolos et Comptines des petits coquins  illustrés par Cécile Hudrisier - Editions Didier Jeunesse -  avril 2016 - 9,90 € - à partir de 9 mois
* Mon imagier des chansons de maternelle Illustré par Charlotte Roederer  - Editions Gallimard Jeunesse éveil musical  juin 2015 - 15, 50 € - à partir de 4 ans

lundi 9 mai 2016

Signe avec moi !

Deux romans dans cette sélection pour lire et parler avec les mains !
Le garçon qui parlait avec les mains de Sandrine Beau, illustré par Gwenaëlle Doumont. Quand Manolo débarque dans la classe de Victoria, rien ne va plus. Rien ne va vraiment plus. Victoria tombe raide dingos de lui (enfin comme on peut l'être quand on a 8-9 ans), et c'est le ramdam du côté de certains parents d'élèves. Pourquoi donc ? Parce qu'il est espagnol? Pas du tout. Parce qu'il est sourd. Manolo est sourd, il parle avec les mains dans une classe en milieu ordinaire. Et la maîtresse traduit l'ensemble de son cours en langue des signes. Leurs mains dansent devant leurs visages quand ils communiquent ensemble, leurs visages embrassent une grande palette d'expressions et Sandrine Beau sait très bien en parler, avec ses mots, son écriture, vive et moderne. Comme c'est le cas pour Mademoiselle Chacha - Sandrine Beau met ses mots dans la bouche d'une héroïne qui parle vrai, qui dit dense, qui vit au rythme de ses émotions sans en oublier sa bobine qui turbine qui turbine. Victoria est intelligente, drôle, attachante et amoureuse. Comme Chacha, Victoria embrasse les grandes causes (enfin pas sûr qu'elle parvienne à poser un baiser tout de même sur celui qui en est l'objet, de la grande cause). Et il va falloir l'ouvrir face à la grande Zaza  ou à Loris et sa famille qui lancent une pétition pour que Manolo quitte la classe, sous prétexte que sa présence en classe freine les apprentissages, baisse le niveau... Les parents de l'école se divisent, chacun y va de ses arguments, et même dans la cours de récré, c'est parfois musclé ! Heureusement la maîtresse garde le cap - "Et s'il y a quelqu'un qui doit s'adapter, c'est moi!" - et Victoria aussi ! Un roman pétillant qui ouvre le débat autour de la mixité à l'école, illustré par la joyeuse patte tendre de Gwenaëlle Doumont qui croque avec malice comme des bribes d'instantanés.

J'aime Sandrine Beau avec Des crêpes à l'eau, Quand on sera grands, Le petit chaperon qui n'était pas rouge, La robe à froufrou, Chacha cherche son papa, Chacha au secours des animaux, Quelle sacrée chance!
J'aime Gwénaëlle Doumont avec P'tite Pomme et encore P'tite Pomme, J'aime pas la danse, Poussin vert,. Elles signent ensemble aussi Une aventure de Super-Poilu

On parle avec les mains chez les plus grands aussi dans Freak City de Kathrin Schroke. Mika repère Léa un peu par hasard, il est alors amoureux de Sandra. Ils vivent une idylle facile, d'adolescents, mais elle est très populaire et ne trouve pas mieux que de le larguer en lui disant qu'elle s'ennuie. Il ne pense qu'à la reprendre dans ses bras, la suit pour tenter de comprendre. Et il croise Léa. Léa un peu sauvage, intrigante, qui ne se retourne pas au compliment. Et pour cause, elle est sourdre. Elle parle la langue des signes et lui pourrait bien s'y coller pour se prouver qu'il vaut bien mieux que ce que dit Sandra de lui. Et Léa, elle, va-t-elle enfin le regarder ? Et Sandra, son ex, dans tout ça. Accepter qu'elle revienne, avec sa légèreté, son centre d'intérêt aussi divergent, son univers frivole et sans grand intérêt ? Une très belle histoire d'amour se dessine dans ce texte fort, entre deux ados aux univers lointains, aux premiers rapports épidermiques, aux petites lettres, aux doux regards, aux jolies déclarations, au barrage de la langue éclaté en morceaux. Et tant pis ou tant mieux pour Sandra. En voilà une très belle première fois.

*** Les références ***
Le garçon qui parlait avec les mains  de Sandrine Beau, illustré par Gwénaëlle Doumont - Alice Editions - 2015 - 11,50 € - à partir de 8 ans
Freak City  de Kathrin Schrocke - Editions La joie de Lire - janvier 2013 -  16,50 €.- dès 13 ans.