lundi 9 mai 2016

Signe avec moi !

Deux romans dans cette sélection pour lire et parler avec les mains !
Le garçon qui parlait avec les mains de Sandrine Beau, illustré par Gwenaëlle Doumont. Quand Manolo débarque dans la classe de Victoria, rien ne va plus. Rien ne va vraiment plus. Victoria tombe raide dingos de lui (enfin comme on peut l'être quand on a 8-9 ans), et c'est le ramdam du côté de certains parents d'élèves. Pourquoi donc ? Parce qu'il est espagnol? Pas du tout. Parce qu'il est sourd. Manolo est sourd, il parle avec les mains dans une classe en milieu ordinaire. Et la maîtresse traduit l'ensemble de son cours en langue des signes. Leurs mains dansent devant leurs visages quand ils communiquent ensemble, leurs visages embrassent une grande palette d'expressions et Sandrine Beau sait très bien en parler, avec ses mots, son écriture, vive et moderne. Comme c'est le cas pour Mademoiselle Chacha - Sandrine Beau met ses mots dans la bouche d'une héroïne qui parle vrai, qui dit dense, qui vit au rythme de ses émotions sans en oublier sa bobine qui turbine qui turbine. Victoria est intelligente, drôle, attachante et amoureuse. Comme Chacha, Victoria embrasse les grandes causes (enfin pas sûr qu'elle parvienne à poser un baiser tout de même sur celui qui en est l'objet, de la grande cause). Et il va falloir l'ouvrir face à la grande Zaza  ou à Loris et sa famille qui lancent une pétition pour que Manolo quitte la classe, sous prétexte que sa présence en classe freine les apprentissages, baisse le niveau... Les parents de l'école se divisent, chacun y va de ses arguments, et même dans la cours de récré, c'est parfois musclé ! Heureusement la maîtresse garde le cap - "Et s'il y a quelqu'un qui doit s'adapter, c'est moi!" - et Victoria aussi ! Un roman pétillant qui ouvre le débat autour de la mixité à l'école, illustré par la joyeuse patte tendre de Gwenaëlle Doumont qui croque avec malice comme des bribes d'instantanés.

J'aime Sandrine Beau avec Des crêpes à l'eau, Quand on sera grands, Le petit chaperon qui n'était pas rouge, La robe à froufrou, Chacha cherche son papa, Chacha au secours des animaux, Quelle sacrée chance!
J'aime Gwénaëlle Doumont avec P'tite Pomme et encore P'tite Pomme, J'aime pas la danse, Poussin vert,. Elles signent ensemble aussi Une aventure de Super-Poilu

On parle avec les mains chez les plus grands aussi dans Freak City de Kathrin Schroke. Mika repère Léa un peu par hasard, il est alors amoureux de Sandra. Ils vivent une idylle facile, d'adolescents, mais elle est très populaire et ne trouve pas mieux que de le larguer en lui disant qu'elle s'ennuie. Il ne pense qu'à la reprendre dans ses bras, la suit pour tenter de comprendre. Et il croise Léa. Léa un peu sauvage, intrigante, qui ne se retourne pas au compliment. Et pour cause, elle est sourdre. Elle parle la langue des signes et lui pourrait bien s'y coller pour se prouver qu'il vaut bien mieux que ce que dit Sandra de lui. Et Léa, elle, va-t-elle enfin le regarder ? Et Sandra, son ex, dans tout ça. Accepter qu'elle revienne, avec sa légèreté, son centre d'intérêt aussi divergent, son univers frivole et sans grand intérêt ? Une très belle histoire d'amour se dessine dans ce texte fort, entre deux ados aux univers lointains, aux premiers rapports épidermiques, aux petites lettres, aux doux regards, aux jolies déclarations, au barrage de la langue éclaté en morceaux. Et tant pis ou tant mieux pour Sandra. En voilà une très belle première fois.

*** Les références ***
Le garçon qui parlait avec les mains  de Sandrine Beau, illustré par Gwénaëlle Doumont - Alice Editions - 2015 - 11,50 € - à partir de 8 ans
Freak City  de Kathrin Schrocke - Editions La joie de Lire - janvier 2013 -  16,50 €.- dès 13 ans.

1 commentaire:

  1. Waw deux romans que je note qui pourrait énormément me plaire et me toucher !

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