... C'est le printemps. On regarde les jours s'allonger, les petites bêtes sortir, les bourgeons aussi. C'est le printemps et elles sont là aussi les giboulées, pluie, grêlons et vent, éclaircies. Quelques fleurs aussi. Regarde maman, l'arc-en-ciel. La jonquille, la pâquerette, le pissenlit. C'est le printemps, lundi dernier j'ai gratté le pare-brise. Pas mardi. C'est le printemps, des poètes mais pas seulement, c'est le printemps avec les rayons du soleil qui viennent se poser sur mes épaules, sur mon dos, qui éblouissent mon écran, quand il décide de se pointer. J'ai changé de bureau cet hiver, et je ne m'en étais pas encore aperçue. C'est le printemps mais les volets sont fermés depuis longtemps quand je me mets à ma chronique du soir. Quelles journée. Quelles journées. Quelle semaine. Quelles semaines. C'est le printemps. C'est déjà le printemps. Le temps défile à toute allure et je ne vois ni le jour ni la nuit, trop à faire. C'est le printemps et j'ai décidé, contrainte c'est vrai, j'ai décidé de faire mes cartons. De déménager plus petit, moins lourd. C'est le printemps et je voudrais que ce soit un peu plus léger quand même sur mes épaules. C'est le printemps et je me dis que probablement, je peux le faire.
Je peux le faire de Satoe Tone. Six oisillons dans un nid et un vraiment très différent. "Tous réussissaient à casser leur coquille. Lui non". Tous réussissaient à attraper des baies, à nager, à chanter, à grimper, à voler... Lui non. Pour chaque situation, il cherche pourtant une solution. Chaque fois, des échecs. "Je n'arrive vraiment à rien". Et puis il rencontre des fleurs perdues, des fleurs qui ont des petits à naître et aucun endroit où se mettre. Alors il les invite dans son plumage et tout devient parfait. Le temps passe, les saisons aussi et il devient "l'endroit le plus beau et le plus heureux que l'on ait jamais vu". C'est avec beaucoup de douceur et d'élégance que Satoe Tone parle de la différence. On peut penser au handicap sans que cela ne soit jamais clairement dit. C'est avec une palette multicolore, légère et poétique qu'elle souligne que tout le monde peut trouver sa place. Un thème qui m'est cher. *** Coup de cœur***

Les trois pommiers de Gerhard Oberländer. Réédité par L'âne Bâté en 2014, Les trois pommiers a vu le jour en 1958. Depuis, tant d'eau sous les ponts, tant de saisons : il n'a pourtant pas pris une ride, pas une flétrissure sur la pomme, pas une ombre au tableau, pas une tâche d'âge. Son sujet est intemporel. Le style de l'illustration, on y revient, à moins qu'on ne l'ait jamais vraiment quitté. Trois jeunes pommiers au fond d'un verger grandissent avec tuteur et bienveillance d'un épouvantail. Trois variétés différentes, trois couleurs de pommes, vertes, rouges ou jaunes, mûres et sucrées en automne. Peu la première année, un peu plus celle d'après. Et les saisons passent avec son lot parfois de soucis, des petits rongeurs s'attaquent au pommier vert qui s'affaiblit ; une tempête l'année suivante arrache des branches du plus robuste des arbres... Mais avec "la patience du chat, le soin des hommes, l'apport de chaque insecte", les pommiers prennent de plus en plus de force chaque année et produisent mieux et mieux encore. Dans cet album au charme indiscutable, filent les saisons, file le temps, foisonnent les insectes, veille un chat, grandissent les pommes pour laisser se dérouler un hymne à la nature rondement mené. Gros *** coup de cœur*** pour cet album.

*** Les références ***
* La couleur du vent de Nastassja Imiolek - Editions Le Baron Perché - octobre 2014 - 16€ - à partir de 4 ans
* Les trois pommiers de Gerhard Oberländ - Editions L'Âne Bâté collection Il était deux fois - 1958 - réédition septembre 2014 - 15,90 € - à partir de 5 ans
* Petites Bêtes d'Angela Diterlizzi et Brendan Wenzel - Editions Circonflexe - mars 2015 - 13,00 € - à partir de 5 ans
J'aime beaucoup la douceur et la poésie du travail de Satoe Tone. J'avais été comblée avec "Le voyage de Pippo", celui-ci a l'air très réussi également :)
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