dimanche 3 novembre 2013

Des livres sur la mort

T'es où papa de Benjamin Béchaux illustré par Marion Duval. " Papa est parti. Il est mort. C'est maman qui me l'a dit. 'Il ne reviendra pas'. (...). J'ai pas trop compris. C'est quoi partir ? C'est quoi mourir ?". Sans réponse, le petit garçon décide de partir à sa recherche. Entre rêve et réalité, il parcourt la ville, les mers, gravit les montagnes... "Vous n'avez pas vu mon papa?". Non personne ne peut lui répondre et son papa ne revient pas. Quand il revient vers sa mère, il comprend comment il peut retrouver son père en lui, dans ses pensées, dans son cœur. Allégorie du deuil, cet album tout en retenu et en finesse, décrit avec simplicité et justesse l'incompréhension de l'enfant face au plus terrible : le décès d'un de ses parents. Il m'a beaucoup fait pensé à Lucie est partie de Sébastien Loth, un incontournable qu'il peut devenir aussi. 

T'es où papa de Benjamin Béchaux illustré par Marion Duval, 
Editions Bayard Jeunesse, octobre 2013 - 11,90€ - à partir de 3 ans




La rose a disparu de Sylvie Sarzaud et Grégoire Mabire. "Les êtres naissent, grandissent et disparaissent" explique son grand-père à Lisa. Le grand-père de Lisa a fait pousser une rose splendide à la naissance de Lisa. Mais quand celle-ci s'est fanée, a disparu, est morte, cette dernière n'a pas compris, ni supporté, elle l'a cherchée partout, sans la trouver. Colère, puis tristesse se sont emparé d'elle. Et quand elle a retrouvé quelques pétales à terre, la petite fille a reproché à son grand-père de lui avoir menti : "Ma rose n'est pas partie avec les secondes et les  nuages ! Elle est là, tout abîmée!". Comment parviendra-t-il à l'apaiser? C'est l'objet de ce conte  thérapeutique de l'excellente collection homonyme chez Eyrolles Jeunesse Edition. Le principe, intelligent et efficace, est toujours le même. L'album est composé de deux parties, un conte à destination de jeunes enfants (4-8 ans) et une partie "Mode d'emploi" à l'intention des adultes. "L'objectif de ces contes est d'opérer une transformation dans la façon dont l'enfant vit et ressent les événements qui l'environnent. Tout ce qui lui semblait lourd, pénible, douloureux doit pouvoir devenir plus léger, plus supportable (...)". Médiateur, vecteur de dialogue, cet album permet à la fois à l'enfant de comprendre les choses, mais aussi à l'adulte, parfois démuni et lui-même en grande souffrance par rapport au décès d'un proche, de poser les choses, d'initier le dialogue et de libérer la parole et les émotions. 
La rose a disparu - "Parler de la mort" - de Sylvie Sarzaud et Grégoire Mabire, 
éditions Eyrolles Jeunesse, mars 2013 - 10 € - à partir de 5 ans


Sept jours à l'envers de Thomas Gornet. "Tout s'est passé très vite, en une semaine. Je remonte maintenant le cours de ces sept jours. Je remets mes pieds dans mes pas, en marche arrière". Et c'est ce que fait le jeune narrateur. Dimanche, samedi, vendredi... Une semaine en immersion dans une famille qui vient de vivre un drame. Un accident terrible, une vie s'encastre dans un pare-brise. Plus qu'un rendez-vous manqué? plus que la réponse à cette blague qu'il n'aura jamais, voici dans cette histoire, la fin d'une histoire. La devinette ? C'était la dernière question de son oncle. Le narrateur, sans prénom, sans vraiment d'âge non plus, il est collégien, y répond à chaque fin de chapitre, comme pour faire un lien, comme pour dessiner le fil de ce dernier coup de fil, celui qui lui avait donné rendez-vous, comme souvent le dimanche. Sous la plume de Thomas Gornet, le narrateur, le fils, le neveu, rembobine la narration de l'événement. "C'est la première fois que je vois papa et maman pleurer", il témoigne, observe, essaie de comprendre. Il voit ses parents vivre l'invivable, sombrer dans la tristesse puis se relever, un peu. Le temps rythme la narration mais l'histoire est hors temps, il n'y a plus de notion, plus d'appétit, plus de vie. Il y a un frigo vide d'ailleurs, une recette inédite, riz macédoine " C'est bizarre. Pas mauvais mais bizarre" ; des gestes mécaniques. Le ton est juste, "on n'oublie pas, on fait avec", l'atmosphère n'est pas si lourde. Le ton se promène. Entre la retenue et la souffrance, entre l'humour et l'adolescence. Ce roman au sujet extrêmement douloureux est extrêmement bien mené et c'est un  *** Coup de cœur ***  pour le blog Maman Baobab.
Sept jours à l'envers de Thomas Gornet, Editions du Rouergue, collection Doado, 
septembre 2013 - 8,70 € - à partir de 12 ans
Retrouvez ma chronique sur A bas les bisous de Thomas Gornet Ici



Quelques chroniques de livres autour de la mort, du deuil, du cancer.... 

. La Croûte de Charlotte Moundlic illustré par Olivier Tallec - Flammarion -  Ici 
Jojo la Mache d'Olivier Douzou, éditions du Rouergue Ici
Au revoir Blaireau, de Susan Varley, éditions Gallimard Jeunesse, 1984 Ici
Alice au pays du Cancer de de Martine Hennuy et Sophie Buyse, illustrations de Lisbeth Renardy - Editions Alice Jeunesse Ici
Lucie est partie de Sebastian Loth, éditions NordSud, 2010. Ici 
Les tortues de Bolilanga, Franck Prévot, éditions Thierry Magnier, 209, 7,50 € Ici
Nos Etoiles Contraires de John Green - traduction C. Gibert - Editions Nathan - Collection Grand Format - Ici
Les raccommodeuses des coeurs déchirés de Catibou et de Géraldine Harry, Edition Les Petits Pas de Joanni, ici
L'étrange Réveillon de Bertrand Santini et Lionel Richerand, éditions Grasset Jeunesse, Ici

D'autres articles sont disponibles sur le blog avec les tag : mort, deuil, cancer. 

3 commentaires:

  1. Coup de coeur aussi de mon côté pour "7 jours à l'envers".

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  2. Tu l'as chroniqué ? Je ne l'ai pas trouvé dans le moteur... :(

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  3. Merci pour ces références, je retiens surtout "la rose a disparu" qui semble correspondre exactement à ce dont j'ai besoin. "7 jours à l'envers" m'intrigue aussi mais ce sera pour plus tard

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