mercredi 6 avril 2016

Mort et baobabs

Ce n'est jamais très facile pour moi de chroniquer à cette date. Je ne peux pas le faire le cœur léger, faire comme si de rien n'était. D'ailleurs cette nuit j'ai cauchemardé. Et pourtant je suis loin de chez moi. Comme si j'avais voulu y échapper cette année. Comme si mon inconscient, me disait, tu rigoles, tu t'y colles. Si aujourd'hui nous nous sommes relevés du tsunami qui a ravagé nos vies et volé la sienne, il y a 5 ans, cinq années - même date que ce Tsunami qui ne m'a laissé aucun souvenir et qui en a tant brisé aussi - le manque, le vide, l'absence persistent. Quoi qu'il ait pu se passer en 5 ans. Je réalise depuis peu la force qu'il m'a fallu pour tenir debout en tenant les mains de mes enfants. Ils m'ont tenue aussi. Aidée à tenir. Comme un cercle de
famille vertueux. Le contre-coup du rouleau compresseur, c'est aujourd'hui. L'endurance nécessaire, c'est aujourd'hui encore. Je relève la tête pourtant et je réalise que je ne suis pas tout à fait où je devrais être. Dans le cadre professionnel surtout. Qu'à cela ne tienne, mes enfants poussent comme de belles pousses et j'aiderai la roue à tourner. Je bénéficie du soutien précieux de ma famille et de mes amis. Je bénéficie de vos petits mots, de vos mails, d'échanges aussi. Merci. Merci... Car ce blog m'a beaucoup aidée à traverser cette rude épreuve et verser mon chagrin, à rompre la solitude. Jamais, je n'ai pu poser sereinement ma tête sur l'épaule d'un autre homme par contre. Partager réellement ce que l'on dénomme vaguement la parentalité plus qu'un weekend. Weekend de rien du tout, sans rythme du quotidien, sans obligation, sans vue à long terme. Lâcher prise, confier, être confiante. Pas si facile non plus pour moi qui croyait devoir assurer le rôle de deux parents en même temps. Baobab. Solide, enraciné, fort. Voilà comment le nom du blog est né, avec cette impression d'avoir deux ouistitis tout petits tout petits accrochés aux bras. Et que mes larmes pour pleurer, souvent en dedans de moi. 
Mon père est un baobab d'Anne-Zoé Vanneau. "Aujourd'hui, 15 janvier, mon père est mort. La voix lointaine et inconnue qui m'annonce sa disparition résonne dans mes tympans". Quelques mots par téléphone, et la douleur intense, les nausées, les pleurs envahissent Zelda, 17 ans. Il y a lire la définition dans un dictionnaire, "Mort est placé entre morsure et mortadelle". Il y a la vivre, paradoxalement, la côtoyer, il y a le vide, l'absence, l'injustice. Difficile pour Zelda de réaliser d'une chose si soudaine, si lointaine aussi, sur son île du bout du monde,Madagascar. Il était si jeune. "Je sais seulement que mon père est entré dans la mort dans un seul cheveu blanc". Il y a une vidéo de l'enterrement qui arrive comme un cheveu surréaliste dans la vie d'une jeune fille qui s'apprête à passer le bac. Sur le chemin de l'acceptation et du deuil, il y a les souvenirs qui remontent. "Est-ce que la mort a cette faculté de réveiller un à un tous les souvenirs, les petits comme les grands ? Est-ce qu'elle peut nous rendre encore plus vivants qu'avant ? Est-ce qu'elle nous ramène, comme le fait la mers avec les coquillages, les petits événements que nous avons semés çà et là ?". Fort possible. Un texte fort et poignant qui mènera la narratrice dans un triple voyage,  celui de son enfance, couplé à un retour au pays des baobabs, pour aboutir vers le dessin d'un avenir plus heureux et amoureux. 

*** Les références ***
Mon père est un baobab d'Anne-Zoé Vanneau - Editions Oskar Jeunesse - avril 2010 -  10,95 €- à partir de 12 ans.

17 commentaires:

  1. Je t'embrasse,
    courageuse grande Sandra

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    1. Merci Séverine <3 ! J'ai hâte de te revoir très bientôt, tiens d'ailleurs ;)

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  2. :coeurlourd: ... J'aimerais bien lire ce livre... En attendant, des bises, encore et encore...

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  3. .......un jour après l'autre, Sandra.....et garder confiance. Des bises de compréhension xxx

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    1. Et oui, c'est bien ce que j'ai fait jusqu'à présent. Je sais aussi que tu en sais quelque chose ! Merci pour ton message, bises Annette !

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  4. Des câlins des bisous mon amie.

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    1. Mais toi mais toi mais toi tu fais partie du socle ;) <3

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  5. Même loin de toi mes pensées sont pour toi et tes petits. Pleins de gros bisous.

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    1. Bisous bisous ma jolie, ainsi qu'à ta triplette ;)

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  6. Force, amour, et des bisous doux, pour toi et tes ouistitis jolis ♥

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    1. Des bisous à écailles Sardinette et happy birthday ;)

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  7. Gros bisous à tous les 3, j'espère qu'on se recroisera bientôt !

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