mardi 3 novembre 2015

Lignes de fuite à Le Conquet et disparition du père

... comme pour regarder ce qu'il se passe loin, là-bas, à l'horizon. Comme pour ne pas trop regarder hier, quand mon père, mais surtout le leur, était encore là. 
Il y a des livres dont on ne peut pas se priver, dans certaines situations... Et dans certaines situations, il y a les nôtres. La mienne et celle de mon petit frère quand nous étions petits. Celle de mes enfants quand ils étaient encore plus petits.
Si mon père était encore là de Yann Walcker et Robin. Une couverture pleine d'énergie pour inviter à un voyage dans l'imaginaire d'un jeune enfant qui a perdu son papa. Dans chaque scène ancrée dans le quotidien, le petit garçon imagine ce que serait l'instant narré s'il pouvait le partager avec lui. Chaque double page fait son entrée en matière avec une phrase répétée au fil de l'album, comme un refrain finalement chaleureux et rassurant : "si mon père était encore là...". Le matin au saut du lit, un petit air de guitare le midi, la sortie de l'école, les jeux à la plage, les courses, un petit tour en poney... "Si mon père était encore là, je lui dirais aussi que maman, elle l'aime toujours en secret, mon papounet... Même que parfois, elle renifle en faisant semblant d'être enrhumée". Dans la narration, entre aussi le présent, sans le papa et avec le tiers, Jacques, le beau-père. Dans la narration, entre aussi l'horizon. L'enfant qui grandit, qui devient un homme de fils, "plus je grandis, plus je lui ressemble". Un papa trop jeune emporté par le cancer "m'a expliqué ma maman (...)".Et puis il y a ces histoires de crabe desquelles je suis moins proche, mais c'est peut-être juste ma sensibilité. Je crois que sur ce sujet, il est nécessaire de parler aux enfants, de leur dire, en fonction de leurs questions et de leur âge des choses plus ou moins précises. Mais surtout pas de donner matière à des choses plus monstrueuses qu'elles ne le sont déjà. Hors de question pour nous de ne plus aller à la plage parce que les crabes tuent, par exemple. Le crabe qui tue c'est le cancer. Le cancer c'est une maladie, pas un crabe. Nuance de taille pour expliquer, digérer et faire son deuil. Trop compliquée la métaphore. "Il devait être drôlement gros, le crabe, si c'est lui qui a mangé mon papa. Ou alors il avait très faim...". Dommage cette fin... Car l'album est intelligent et très sensible, plein de vie et d’énergie. 
L'album est présenté sur le site de l'auteur Ici.

Ma chronique sur "Comment parler de la mort aux enfants


*** Les références ***
* Si mon père était encore là... de Yann Walcker et Robin - Gallimard Jeunesse - septembre 2015 -  14 € - à partir de 6 ans

1 commentaire: