mercredi 27 mai 2015

*** Chic *** Épopée d'une migraine filée

[avec des microbes, des insectes, des monstres, des saucisses, un docteur, une poule et un œuf]
Grand pont, virus et cartons ont raison de moi en ce moment. Une semaine, un peu plus même, que je me traîne, avec un mal de tête - tant qu'à faire - dans l'épuisette et autres barbouillis. A moins que ce ne soit la pluie, l'humidité et les escargots. A mois que ce ne soit mon énergie scotchée marron sur carton, ton sur ton, mon trémolo dans la gorge, mes vitamines dans les bottines. J'ai dormi plus que de raison et ma tête a semble-t-il implosé, laissant de côté boulot et métro, vie de famille et blogo - merci maman d'avoir réservé pour gîte, blanchisserie et couverts mes deux poussins énergiques le temps de 48h00 vraiment out of tout, la semaine dernière ! Qu'elle est jolie la petite migraine filée. A mon étoile. Filante. Dommage pour les collatéraux. Jambes en coton, bras en chiffes molles, mais quelle bête vous a piquée madame Drawoua. La mouche tsé-tsé ? Comme je ne sais pas trop et que le docteur a dit virus, dodo, repos, je me suis renseigne.
La mouche d'Elise Gravel. Le retour de la collection "Les Petits dégoûtants" aux éditions Le Pommier, ça fait sacrément plaisir, même avec un thermomètre dans la bouche et du paracétamol en intraveineuse. Quoi qu'on dise sur la mouche, quoi qu'on en sache (souvent qu'on n'en sache pas d'ailleurs), Elise Gravel nous la présente comme étant "une fille très sympathique". La mouche, "un insecte de la famille des diptères". Faites pas la fine bouche en y pensant, parce que vous la croiserez forcément, il existe plus de 100 000 espèces dans le monde (j'ai compté deux fois les zéros pour voir si j'étais ok, je suis ok sur le nombre de zéros : 100 000 espèces, écrivais-je donc). Verte, bleue, la mouche peut aussi être à fruits (quand on la dit parfois à autre chose), et même domestique. C'est d'ailleurs de cette dernière dont il est largement question dans ce nouvel opus qui allie dessins humoristiques et attractifs à des informations sérieuses. Un documentaire survitaminé qui donne aux pires bestioles de l'imaginaire collectif du zèle et une image adoucie. Bzzzzz.
Piqûre d'araignée, alors ? Je me suis renseignée.
J'ai déjà parlé du Pou
et de la limace 
Ici
L'araignée d'Elise Gravel. Dans la même collection, Elise Gravel brosse un joli portrait de l'araignée. A quelques-unes près, il y en a quand même 40 000 espèces. Chouettes, chics, poilues, mordeuses, taquines, minuscules ou bien membrées, elles peuvent vivre partout partout partout, "sauf dans l'espace". Sous la terre, sous l'eau, dans les pays froids ou dans les pays chauds, pas possible d'échapper à la bestiole. La bestiole, on est d'accord, car la miss a huit pattes et n'est donc pas un insecte. Elle a aussi quatre paires d'yeux ce qui est très pratique pour regarder en face en même temps que de travers par exemple. Elle a aussi ce sacré potentiel rien qu'à elle, de fabriquer de la soie. Un petit album génial pour avoir un regard différent sur l'araignée, après tout très peu de variétés sont finalement dangereuses pour l'Homme. Très très peu... 
Et comme elle mord, l'araignée, qu'elle ne pique pas, elle est à écarter de la liste des bêtes qui m'auraient potentiellement piquée. J'ai pensé alors à un monstre monstrueux venu me contaminer. Je me suis renseignée.
Un monstre à chaussettes ! d'Eric Veillé. Aaaaaaaaaaaahhh! Un monstre à chaussettes ! 10 pattes oranges, 10 chaussettes multicolores, l'air pas commode aaaaaaaaaaaaaaaah ! Vite on sort, on change de page pour ne plus avoir peur. Et ça tombe bien on y découvre que ce n'était pas un monstre à chaussettes, cette drôle de bête qu'on avait vue. Ouf ! Mais un fantôme à lunettes ! AAAAAAAAAAHHH! Un fantôme à lunettes ! Vite changeons de paaaaaaage pour y découvrir un... Ahhhhhhhhhhhhhhaaaaaaaaaaaaaah ! Un crocodile frisé ! Mais ce n'est pas possible, cela ne va jamais jamais s'arrêter ! Mais si regardez, c'est la dame de la bibliothèque. Ouf. Ouf ? Non aaaaaaaaah.... Elle n'est pas mieux non plus, celle-là et cela ne dit pas comment cette épopée va s'achever. Brutalement, forcément ! Beaucoup d'humour et d'énergie dans ce nouveau titre d'Eric Veillé qui joue toujours parfaitement dans le registre burlesque. Je ris encore d'ailleurs, en repensant à l'album Les secrets de l'école chroniqué ici
C'était pas un monstre. Ni la dame de la bibliothèque qui n'a d'ailleurs pas grondé quand elle a vu qu'on avait oublié de rendre un livre. Alors j'ai continué à enquêter. C'était peut-être un virus de métro. J'ai peut-être attrapé un truc en étant collée à d'autres, dans les transports en commun, serrée comme une sardine ? J'ai voulu me renseigner mais j'ai rien trouvé sur les sardines. Par contre sur les saucisses, oui.
Six saucisses à roulettes de Michaël Escoffier et Cécile Gambini. Il fait froid par ici, rien à voir avec les sardines collées serrées dans le métro qui se réchauffent et font friture. Il fait froid parce qu'on est au pôle Nord avec six saucisses, parfaitement reconnaissables à leurs (re)vêtements faits de motifs, de collages, leurs chapeaux, ou cols pas Claudine, sourires en coin voire même malins, petit yeux pétillants sans trop de beurre dedans. Ce qui tombe plutôt bien car quand elles rencontrent six phoques moustachus en habits d'hôteliers revêtus, elles leur font plus pitié qu'envie au début. Ils préfèrent, disent-ils, les sardines à l'huile et le hareng. Et il y en a paraît-il des relents.  A moins que ce ne soit boniments ? Toujours est-il que les saucisses se sont réchauffées plus que de raison, ont senti le roussi, et se sont faites croquer. Enfin, c'est plus joliment dit, sous la plume d'Escoffier, qui manie la langue, sans cheveux dessus, il me semble - sinon je vous assure, il aurait comme moi du mal à faire de son album à voix haute la lecture. Il se prendrait les pieds dans le tapis, mais que nenni, il dit donc qu'elles finissent - revenons aux soucis de nos saucisses - en méchoui. Et l'histoire n'est pas finie, il faut bien un bain de sang et des oursons plus gredins que garnements pour finir un beauté une histoire de pôle Nord avec un petit grincement de dents. L'auteur en est expert. Clin d’œil espiègle d'une plume qui sait faire rire les petits et les grands, accompagné ici avec bonhomie mais pas moins de taquinerie par Cécile Gambini qui accomplit son méfait tout en collages, couleurs et rondeur. Et on sourit, je vous le dis !  
 Pas de responsabilité imputable aux saucisses, elles ont fini grillées, mangées et digérées. Je crois qu'il faut donc retourner voir un docteur. Un autre, peut-être.
Antonin contre le docteur Morceau d'Arnaud Alméras et Jacques Azam. Les parents d'Antonin sont de célèbres chercheurs en physique. Mais lui, pauvre Antonin, il est nulle en maths, nulle en sciences. C'est d'ailleurs pour cela qu'il rentre chez lui ce soir là en traînant des pieds, un zéro en poche. Il voit à peine qu'il se fait enlever par Lutin Fernal, un lutin qui porte bien son nom et qui travaille pour le pire docteur qui existe : le docteur Morceau, un savant fou qui a besoin de l'expertise et de la dextérité des parents d'Antonin pour mettre en oeuvre son terrible plan : concevoir un élixir de jouvence avec des enfants, des vrais qu'il envisage de capturer et de réduire en bouillie. Terrible histoire dans laquelle se mêlent une armée de poussinges (mi-poussins mi-singes), le Père Noël, ses rennes et le comte de Monté-Cristo. Pas sûr qu'il faille forcément être bon en maths pour sauver l'humanité. N'est-ce pas Antonin ? Un roman graphique déjanté, farfelu à souhait. Atchoum. A tes souhaits. qui dit bien que le temps qui passe et les maths ça peut mettre le moral à zéro mais pas éternellement. (non ce n'est pas vrai ce n'est pas la morale de l'histoire). Mais si c'était tout simplement ça ? Je prends de l'âge, Conclusion de cette semaine, ça va mieux même si ce n'est pas folichon, qu'il reste des microbes et des cartons. Mais je ne sais toujours pas qui de la poule ou de l’œuf... Ni de l’œuf ou de la poule et je ne suis pas la seule.
Madame cocotte d'Edouard Manceau. Qu'elle est belle, toute rose, toute verte bottée, tout rouge crête, toute haute dans sur la couverture d'un album tout en hauteur. Qu'elle est mignonne et intriguée, Madame cocotte, la poulette qui s'arrête devant une drôle de boule beige, "un petit rond blanc" qui contraste fort sur l'aplat rouge du reste de la page. On dirait bien une petite maison, non ? Si. "Et madame cocotte veut savoir qui habite dans cette petite maison". C'est d'accord dit une voix qui vient d'ailleurs. Mais il faudra, Madame Cocotte, "enlever ton petit chapeau", enlever tour à tour, chacun de tes atours qui font de toi une jolie Madame Cocotte. Et que deviendras-tu alors, toute effeuillée ? Un oeuf ! Madame Cocotte ! Avec malice, couleurs saturées pour des illustrations très graphiques, Edouard Manceau revisite cette satanée question à laquelle il donne une réponse drôle qui tourne en rond : un album très réussi!







*** Les références ***
La mouche  L'araignée d'Elise Gravel - Editions Le Pommier - Collection Les Petits dégoûtants -  13 mai 2015 - 6,90 € - à partir de 4 ans 
* Un monstre à chaussettes ! d'Eric Veillé - Editions Actes Sud Junior - octobre 2014 - 13,50  € - à partir de 4 ans
* Six saucisses à roulettes de Michaël Escoffier et Cécile Gambini - Editions L'atelier du poisson soluble - octobre 2014 - 15  € - à partir de 4 ans
Antonin contre le docteur Morceau d'Arnaud Alméras et Jacques Azam - Editions Nathan -  mai 2014 - 9,90 € - dès 7 ans
* Madame Cocotte d'Edouard Manceau - Seuil Jeunesse  mars 2015 - 11,90 € - à partir de 3 ans 

Les gagnants des concours en cours sont annoncés !

Rendez-vous sur la chronique du Journal de Gurty de Bertrand Santini chez Sarbacane Ici et sur Papa sur la lune d'Adrien Albert L'école des Loisirs Ici pour les découvrir.

1 commentaire:

  1. Argh ! Remets-toi bien de cette vilaine migraine...
    Et bon courage pour les cartons, le reste et le stress du changement de vie !

    Vivement qu'il n'y ait plus que la joie liée à tout ça ♥

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