lundi 25 août 2014

Pour se remettre en route...

... Ce n'est pas facile de lâcher prise, d'arrêter, de dire stop, de vraiment faire une pause. Ce n'est pas facile non plus de reprendre. Reprendre une activité professionnelle qu'on sent loin de ses aspirations, tellement loin du métier qu'on a aimé pratiquer, de ses envies, de ses respirations. Ce n'est pas facile de reprendre le rythme dense d'une vie (quasi) monoparentale avec deux jeunes poussins dont un a une aile froissée, une aile qui nécessite qu'on l'accompagne un peu plus qu'un enfant dans le rang. Même si aujourd'hui je ne fais plus tout à fait le chemin seule. Ce n'est pas facile en ce moment de rentrer du boulot, de ne pas avoir les enfants qui sont partis en vacances chez leurs grand-parents, de se dire 'c'est bien tu souffles, tu fais une pause'. Parce qu'il fallait quand même passer le week-end seule sans eux alors que je les ai tout le temps, tout le temps. Ce n'est pas la même histoire que pour les parents divorcés dont les enfants naviguent entre deux résidences, alternance, à part égale ou non. Non, ce n'est pas la même histoire. Ce n'est pas facile non plus de rentrer du boulot et d'enchaîner directement avec le duo, bain ou douche, pyj, repas, repos. Dans une semaine, c'est le rythme que l'on va reprendre, avec peut-être des devoirs, car nous passons en CP. Pas question de flâner ? Si... Et de bien penser justement à lever le pied, à ne pas trop exiger. Penser à flâner, à observer, à regarder, à jouer, à rire. "ça rigole pas le CP" a dit son grand-père à Petit Pois. Alors lui il est allé vérifier auprès de la maîtresse et il lui a demandé si ça rigolait ou pas. Un soir d'école, en juin, à table, il m'a tout raconté. Papi m'a dit que ça rigolait pas le CP, moi j'ai demandé à Margot et Margot, enseignante en CP donc, a dit que ça rigolait un petit peu. Je sens, oui, je sens qu'on va bien rigoler ! En écrivant cette anecdote, j'en souris encore et je suis tellement émue.
C'est bon, c'est bon, de penser à leurs sourires, d'entendre leurs rires, de voir leurs yeux briller, de mettre le nez dans leurs cous, de les coucher et de prendre un tout petit peu de temps en tête à tête, et je râle quand ils se relèvent, quand les caisses de jouets sont vidées par terre, quand le chat est emprisonné dans les bras, dans une chambre ou dans un tiroir, quand la salle de bain se transforme en piscine, quand l'un tape l'autre, quand l'autre hurle, quand ils se disputent, quand ils ne s'entendent pas... Cela fait donc plus d'une semaine que je n'ai pas râlé, que je tourne en rond, que je refais le nid, en lame de fonds, que je brosse des poils, que j'ai repris le travail, que je fugue dans des romans, que je me promène dans mes images d'été, que je ris un peu, mais pas aux éclats, que je pleure un peu, mais pas avec fracas. L'ambivalence des sentiments et des émotions. Ajoutez-y un peu de fatigue et le cocktail peut devenir explosif. Les sentiments, les émotions, ceux que nous ressentons, nous adultes, qui savons à peu près mettre des mots dessus ; ceux qu'ils ressentent eux, nos enfants, sans forcément savoir de quoi il s'agit, pourquoi ils arrivent par vagues, nous font monter haut très haut et descendre bas, parfois très bas, nous font rire, chanter, sourire, pleurer, bouder, nous intimident, nous font peur, nous rendent fiers, jaloux,
angoissés, honteux, amoureux, joyeux, curieux... Si ce n'est pas toujours évident à ressentir, c'est encore moins facile d'en parler et de les expliquer. Après sa lecture attentive, je ne peux que vous recommander l'album Youpi Oups ! Beurk de Muriel Zürcher et Stéphane Nicolet qui forment un duo dynamique et pétillant pour explorer avec des mots justes et des images colorées et énergiques ces notions. Les émotions, qu'est-ce que c'est, à  quoi ça sert, comment ça marche ? Pourquoi aime-t-on quand elles sont fortes ? C'est avec des textes d'accès très facile que Muriel Zürcher démêle les nœuds, elle prend le temps aussi d'expliquer les essentielles : la tristesse, la jalousie, la peur, le dégoût, la honte, la douleur, l'amour... en livrant au jeune lecteur (à partir de 8-9 ans) un documentaire au contenu dense et bien écrit que Stéphane Nicolet illustre avec une énergie débordante, couleurs, dessins, collages, flaps qui rendent l'album très attractif. A lire en linéaire, en sauts de puce, dans une diagonale puis dans l'autre en fonction de ses besoins et de ses envies, avec l'aide d'un index à retrouver en fin d'ouvrage. Un album à mettre dans la bibliothèque familial ! *** Coup de cœur ***
Dans la même collection Zizi Lolo Smack 
de Delphine Godard et Nathalie Weil, illustré par Stéphane Nicolet, Ici

Mais septembre est proche et il faut se reconnecter à la réalité, alors en route. Bon an mal an, avec les surprises, les bonnes récoltes, les petits hic, couacs, canards, qu'il peut y avoir. En route... réveil à 6h00 du mat', reprise des programmes de la rentrée sur les ondes, 6h00 de sommeil, pour continuer à écrire, travailler mes photos, m'occuper de mes marmots, comme vie du jour et animal nocturne. Un hibou ou une chouette, un message privé à passer à l'Aimé, quand il fait le SR, pour qu'il sache que je lui laisse aussi de plus en plus de place. En route, même si le chemin n'est pas tracé droit, qu'on ne voit pas ce qu'il y a derrière un virage, même s'il n'est pas toujours coloré, qu'on promène des casseroles, une batterie parfois, qu'on n'a rarement la légèreté d'une plume, qu'on voudrait en être une, que nos deux mains, mes deux mains sont prises, par les leurs, mes poussins, Petit Pois et Grenouille. Et voilà, je souris. Et je les lâche aussi de temps en temps, de plus en plus... Mais ni trop loin, ni trop longtemps.
Camion Toc Toc d'Olivier Douzou. Alors lui, avant de se mettre en route, il n'a pas réfléchi. Il est chargé bien plus qu'il ne faudrait et roule à toute berzingue. C'est un camion rouge avec des cubes et des cubes à ras bord, des cubes marqués par des lettres et paf, un coup de frein, le feu est rouge, il pile. Et quelques cubes, des carrés sans trois D, tombent sur une route pas tracée, un dessin imprimé sur des lignes droites de cahier d'écolier. Le camion lui aussi est fait de lignes, sans perspective. Un F, un E, un U. Le mot vous l'avez deviné. Le feu passe au vert, le camion reprend la route et pile à nouveau, des lettres tombent STOP ! Il faut s'arrêter... Puis continue son chemin qui n'est pas sans embûche, sans arrêt d'urgence, sans répandre par terre son chargement, des lettres qui tombent de sa remorque, ni pas hasard, ni dans le désordre, voilà de quoi s'amuser, décortiquer et comprendre les jeux, jeux de lettres et jeux de mots. Une aventure très réussie. *** Coup de cœur****
Le Petit train de huit heures d'Eric Battut. Tous les jours, tous les jours, il suit le chemin tracé, il est à l'heure, il reste sur les rails, le petit train de huit heures. C'est ce que j'imagine en tout cas quand je lis les premières lignes de l'album, celles dans lesquelles le Petit Train de 8 heures, décide de profiter que son conducteur se soit endormi, pour filer, filer, filer mais pas droit, pas droit du tout ! Il quitte les rails, traverse les champs, la forêt, roule sur des lianes, fait des grands huit, oiseaux, vaches, papillons, le petit train file bon train dans la nature, montagnes, océan, rien ne l'arrête, pas même une horde d'indiens. Le petit train joue au western, au train fantôme, au train express, traverse les mers, les airs et l'arc-en-ciel, son auteur et illustrateur de grand talent, Eric Battut, joue avec ses pinceaux, les expressions, les couleurs et les mots pour offrir au petit train de huit heures une aventure que l'on prendrait bien, hors des sentiers battus. Oserais-je écrire dans les sentiers Battut ? *** Coup de cœur***


*** Les références ***
* Youpi oups ! Beurk de Muriel Zürcher et Stéphane Nicolet - Editions Nathan  mai 2012 - 15,50 € - à partir de 8 ans  *** Coup de cœur ***
* Camion Toc Toc d'Olivier Douzou - Editions du Rouergue octobre 2012 - 14,50 € - à partir de 4 ans *** Coup de cœur ***
* Le Petit train de huit heures d'Eric Battut - Editions L'élan vertjanvier 2014 - 12,70 € - à partir de 4 ans *** Coup de cœur ***

6 commentaires:

  1. Quel bonheur de te lire à nouveau en cette rentrée... Et de te sentir 2, 3, 4... sur ton chemin de vie... Je te souhaite tendresse, bonheur, joies, rires, sérénité... <3

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  2. Un très bel article sensible et délicat... je ne sais pas si les mots te viennent d'eux mêmes ou si tu dois aller les chercher et les triturer mais ils percutent et émeuvent!
    Je vous souhaite une belle rentrée, pleine de découvertes!
    Le CP?! Un cap, un peu pour les enfants, beaucoup pour les mamans ;-)

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    1. Merci Blandine, il y a un peu des deux, c'est souvent des mots qui nichent au fond, je sens qu'il se passe un truc et puis hop ça sort, vite un clavier, un cahier ! Bonne rentrée à toi et aux tiens également... Le Cp, c'est une étape peut-être un peu différente avec un enfant un tout petit peu différent ;p

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  3. Et là c'est la révélation ! Il faut que je trouve un livre qui parle des émotions et apprend à ma fille de 4 ans à mettre leur nom dessus. Tu as une idée ?
    Ca faisait un bail que j'étais venue farfouiller dans ton blog. C'est con, j'aurais dû venir avant... Je vais rattraper mon retard alors !
    Bonne semaine à toi :)

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  4. reconnectée, rentrée, rafistolée, rebranchée, avalée par les horaires omniprésents qui ns rendent si absents, inconsistants.......décompte et compte à rebours, à la bourre...eh ça saoule. Heureusement il y a les mots et les images, ceux des autres et les tiens, éprouvés, éprouvants. Au plaisir de te revoir, ds un ailleurs que le cadre enfermant qui ns contraint, à travers tes pages...Florence (la sardine de Philomène ns a offert le plaisir de partager la fille qui n'aimait pas les livres et ce fut un bel été avec Meto pour renouer du lien effiloché pr mieux grandir...)

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