mercredi 9 avril 2014

Jamais on...

... a vu maisons comme ça...

La maison en petits cubes de Kenya Hirata et Kunio Kato. Il y a beaucoup de tendresse dans cet album. C'est ce que j'ai pensé tout de suite en le refermant, beaucoup de douceur et d'émotion aussi. Une impression donnée par l'articulation parfaite entre texte et images qui invite le lecteur au voyage, au sens propre comme au figuré, dans les profondeurs de l'océan, dans les profondeurs de la mémoire. Allégorie. Jolie, très jolie allégorie. Un vieux monsieur vit seul, dans une drôle de maison plantée au milieu de la mer. Résistant à la montée des eaux à laquelle ses voisins ont cédé, il construit une nouvelle maison par dessus la précédente, chaque fois que le niveau de l'eau devient critique. Ainsi, au fur et à mesure que le temps passe, ses maisons s’empilent les unes sur les autres et forment une grande tour de petits cubes quasi entièrement immergée. Cela fait des années qu'il fait ça. Des années. Cela ne fait pas si longtemps qu'il vit seul. Et tellement, en même temps. Trois ans que sa femme est décédée. Et le temps a passé, et le temps passe. Quand à nouveau le niveau de l'eau se met à monter, il sait qu'il va devoir se remettre à la maçonnerie. Alors qu'il se lance dans la construction de son énième maison, il fait tomber ses outils à l'eau et décide de plonger, en bouteilles et combinaisons, un bain improvisé qui, au fur et à mesure de sa descente le mène dans ses maisons du passé, dans ses souvenirs, bien rangés, parfois un peu flous, qu'il retrouve au fur et à mesure de son voyage en profondeur. Entre le temps qui s'écoule lentement quand la narration se porte sur le quotidien du vieux monsieur, et celui qui défile, qu'il remonte en s'enfonçant dans les profondeurs, l'effet vases communiquant est suave et singulier. Il y a dans les pages de cet album poésie et philosophie, douces teintes, flou à souhait, subtilité et élégance sur le temps, sur la vie. *** coup de cœur *** 
Pour prolonger le voyage, le court-métrage 
dont l'album est inspiré est à découvrir ici


Ma maison du bout du monde de Laurie Cohen et Marjorie Béal. "Moi quand je serai grand, j'aurai ma maison rien qu'à moi" s'exclame les nageoires en l'air un petit pingouin sur un tout petit bout de banquise. Une maison-bateau qui flottera sur l'océan, une maison-fusée pour admirer la galaxie, une maison-igllo, ou coquelicot, ou girafe ou chapeau-gris. Une maison rien qu'à lui qu'imagine tantôt ci, tantôt ça, mais toujours dans un bel imaginaire, toujours un pied sur terre et la tête dans la lune, toujours le nez au vent et les yeux dans les étoiles. Ma maison du bout du monde c'est un hymne à l'imagination superbement porté par son illustratrice, Marjorie Béal qui enlumine l'album avec ses couleurs, ses collages et découpages sur aplats blanc, aplat neige, aplat nuages, aplats rêves. Beaucoup de douceur, de sucré, de fraîcheur et de couleur dans cet album de grande qualité à offrir comme une invitation au voyage qu'est la vie, dès la naissance, pourquoi pas ? *** coup de cœur***


Retrouvez les deux auteures ce week-end au Pouliguen pour Nau belles rencontres. + d'infos Ici









*** Les références ***

* La maison en petits cubes de Kenya Hirata et Kunio Kato, éditions Nobi-Nobi, mars 2012 - 14,95 € - Prix sorcière du meilleur album 2013
Ma maison du bout du monde de Laurie Cohen et Marjorie Béal, éditions Les Minots, février 2013 - 12,50€

3 commentaires:

  1. La madeleine est partie, je te remercie pour toute cette poésie !

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  2. Ces albums sont très très beaux !

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  3. Magnifiques illustrations pour cette plongée dans les souvenirs.La vie est une montagne de petits cubes.Très bel album, touchant, très touchant.

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