mercredi 26 février 2014

J'ai posé mon sac, je l'ai vite repris, j'ai mis le carnet de santé dedans et le courrier du jour et j'ai filé...

Je crois que j'ai écrit le plus long titre de l'histoire du blog Maman Baobab. C'était mardi. Un mardi un peu attendu, je dois dire que c'est régulièrement ma soirée off enfants, un temps important quand on est soloparent. Le solo très solo, sans relais de l'autre parent. Papi et Mamie assurent la garde et le mercredi matin enfants et grand-parents peuvent dormir un petit peu plus longtemps quand je file (toujours aussi tôt) au travail. Soirée rien au programme. Quand je dis rien, c'est courses, lessive, chien, chat, ménage, chronique. Trois fois rien quoi. J'ai commencé comme ça, sortie du train, un très bon roman bouclé, et une liste de courses à la main. Trois fois rien. Et puis je suis rentrée à la Maison Rouge. Dans la Maison Rouge. J'ai posé mon gros sac (à main) rouge. J'ai posé mon gros sac (de courses) bleu. J'ai voulu commencer à ranger les courses et j'ai entendu le téléphone. 5e appel en absence. Mum. Je n'avais rien entendu, entre les courses, la voiture, Encore Heureux sur France Inter... Quand j'ai vu "Mum", j'ai de suite pensé aux petites oreilles de Petit Pois que je savais un peu fragilisé en ce moment, vues les nuits qu'on passait... Puis je l'ai eue, Mum. Ma Mum. "Je suis un peu embêtée, rien de grave... il ne répond pas ton pédiatre le jeudi ? (heu, maman, on est mardi), Grenouille (elle n'a pas dit Grenouille mais bon, vous la (re)connaissez sous ce nom là, Grenouille ), s'est blessée, rien de grave, mais il faudrait peut-être un point, ou peut-être rien, bon je l'emmène chez le pédiatre ? Parce que sinon faut aller à Fontenoy (Fontenoy, Fontenoy, c'est comme ça qu'on appelait l'hôpital Sud il y a 20 ans, non ? ). Bon je te l'amène, j'arrive". Souffle de panique dans la voix. Je mets le congelé au congélateur, le réfrigéré au réfrigérateur, et le reste, tant pis. Je prends le carnet de santé, j'appelle le secrétariat du pédiatre en même temps, histoire de (ça décroche sans souci, faut bien aller aux urgences pédiatriques). Je prends mon grand sac rouge que je n'avais pas vidé. Je remets mon manteau que j'avais à peine posé, je reprends mes clés, à la volée. Celles de la voiture, celle de la porte d'entrée. Je sais que je n'ai pas d'album dans mon sac, hop, je prends le courrier du jour que je n'ai pas ouvert, mais vu le format, ça fait album. Efficace. J'attends. Et zou. L'enfant amoché arrive, je constate qu'effectivement c'est troué et qu'il faudra faire appel à la brigade du stéri strip ou de la mercerie. ça tombe bien, j'aime la couture. Non ce n'est pas vrai, je ne sais pas faire. Je prends l'enfant dans les bras, la robe grise est aussi rouge que les collants dont la couleur est, par contre, d'origine. C'est au niveau des pattes d'oie qu'elle n'a pas, pas loin de l’œil, que tout se passe : l'empreinte d'un coin de canapé sur lequel elle a chahuté. ça tombe bien, c'est mon mardi soir off enfants, celui qui arrive après une semaine aux nuits hachées, aux nombreux réveils nocturnes, le Petit Pois n'était pas en grande forme ces derniers jours, toux, température, encombrements divers et variés et je n'ai pas pu passer mon tour. Allez en route pour une soirée mère-fille, direction les urgences pédiatriques à Rennes. J'espère que j'ai assez d'essence au fait, j'avais prévu de prendre le train toute cette semaine. Pas la voiture. Elle ne la ramène pas trop au départ, La Grenouille, entre le sentiment d'avoir fait une bêtise et la trouille de se faire raccommoder. Je la rassure et très vite blabla blabla blabla, elle redevient ce qu'elle est : très bavarde (et drôle!). Pas de souci, elle va bien. " Maman c'est quoi les bouchons ? " "C'est quand toutes les voitures sont à la queue leu leu, comme ça et qu'elles ne peuvent pas avancer...". Vue l'heure. "Là on dirait bien qu'il y a des bouchons, non, Maman ? ". Si si...  
Et on arrive. Je le connais par cœur. L'hôpital. Les urgences, la radio, la néonat, hôpital de jour, hôpital tout court, examens divers et variés, rendez-vous ceci, rendez-vous cela, et de bons moments aussi, suivi de grossesse, dernières échographies, salle d'accouchement, maternité... Le dernier séjour, ce n'était pas une petite opération pour le Petit Pois, déjà ? Si, c'est ça. La 5e. On fait l'entrée, c'est marrant, je connais la puer, de très longue date, quand on faisait partie de la même équipe en centre de vacances. C'est marrant. On était étudiante. Moi en Lettres Modernes, elle en école d'infirmière. On déballe le sac. L'incident, le parcours santé, et le sac à main, il y a un peu d'attente mais on a des livres et une compresse sur le front. On s'échange les numéros de téléphone, parce qu'on se connait, avec la puer, et que nos souvenirs communs sont gais et pétillants, circus aussi "tu m'avais maquillée en clown". Je suis moins clown aujourd'hui. La vie et ses épreuves, le temps qui passe, quoi.  On ouvre le paquet à bulles dans le sac à main rouge. On découvre la pizza d'Anne-Gaëlle Balpe. Elle est arrivée, avec le petit mot gentil et la dédicace. On a joué, on a cuisiné une pizza (super bonne) et on a gagné l'album (Ici) ce qui était vraiment une belle surprise. Alors maintenant on a plus qu'à le découvrir ! Et pourquoi pas, pourquoi pas dans la salle d'attente des urgences pédiatriques ? 
Une pizza pour Monsieur Wolf d'Anne-Gaëlle Balpe, illustré par Elodie Durand aux éditions L"élan vert.
Sur la couverture, il y a "le loup du carnaval", un petit lapin avec "une tarte à points"; "Hey, regarde Gre, il y a des champignons rouges et blancs, des amanites vénéneuses". "Non maman ce sont des amanites tue-mouche". Ah oui pardon. Elle sera aussi pénible que je l'étais (oui je le suis moins, je crois, une histoire de vin qui se bonifie). Moins clown, (un peu) moins pénible (je crois). La vie et ses épreuves, le temps qui passe, quoi. "Allez allez, tu le lis".  Je ne me fais pas prier par l'enfant à la compresse blanche et rouge de sang sur la tempe, j'ai en très envie. Il s'appelle Archibald, il est petit, noir, arbores de belles couleurs sur les oreilles et a les dents de la chance (la chance!). C'est un joli petit lapin qu'une affiche posée sur un tronc en plein milieu d'une forêt aussi colorée que ses oreilles interpelle. Un concours de pizzas est organisé par Monsieur Wolf. Comme récompense ? Un magnifique voyage. Extrêmement tentant pour lui qui rêve d'exotisme, de tours du monde et de nouveaux paysages... "Malheureusement Archibald était un bien mauvais cuisinier. Ce qui tombait mal pour ce concours". Vrai de vrai. Mais comme on dit, qui tente rien n'a rien et "il ramassa tous les ingrédients dont il avait besoin". On vous laisse découvrir la liste des courses d'Archibald qui est à mourir de rire et d'indigestion. Une petite histoire de champignons rouges à points blancs, "car tout le monde le sait rouge est la pizza" qu'il servira à point nommé au Monsieur Wolf, un loup déguisé en drôle de zèbre qui aura trouvé, bien fait pour lui, en ce petit lapin vif, un animal bien plus fort et intelligent ! Je ne vous en sers que quelques parts, de cette pétillante histoire, dont il vous manque, les morceaux les plus croustillants. L'écriture est joyeuses, rythmée, le conte est frais, goûtu et coloré, les illustrations sont géniales.  Je vous en recommande plusieurs fournées, c'est en tout cas ce que l'on a fait, lire et relire l'histoire pour patienter, regarder les détails et les couleurs des illustrations, inventer nos propres potions. Et le gaz "hilarant" servi pour détendre atmosphère et enfant le temps d'un atelier mercerie dont on se serait bien passé ce soir là, a permis de créer, avec l'aide de l'infirmière qui a joué le jeu à fond, des recettes de pizzas pas piquées ni des hannetons ni d'Archibald. Une pizza pour Monsieur Wolf est un grand *** coup de cœur *** et restera le souvenir d'un grand fou-rire. D'ailleurs l'album a déjà été embarqué dans la petite sélection que Grenouille garde sur sa table de chevet, c'est peu dire que mon avis est largement partagé !

A l'hôpital ce soir là, il y a eu de l'attente, mais j'avais un grand sac. Comme souvent, dans ce grand sac, je promène des romans, des romans jeunesse, que je lis quand les rails défilent, trains ou métro. Un roman, jeune lecteur, un roman 9-10 ans et un roman ados que je venais d'ailleurs juste de terminer. Voilà ce qu'il y avait dans mon sac hier.
"Tu as une autre histoire, Maman ? ".  "Oui, mais pour les plus grands. On essaie celui-là ?". Et nous voici parties dans un roman pour jeunes lecteurs, mais nous avions le temps, car nous attendions, nous attendions notre tour. Les animaux de Lou, une collection qui connait du succès auprès des CP- CE1, Nage, petit phoque ! de Mymi Doinet et Mélanie Allag, aux éditions Nathan. Lou est en classe de mer en Bretagne, avec ses copains et sa maîtresse. Alors qu'ils ont tous chaussé leurs bottes et mis des gants pour nettoyer une plage, "la mer n'est pas une poubelle", ils voient au loin un cargo qui perd du pétrole dans la mer. La fuite devient dangereuse pour tous les animaux qui appellent au secours. Lou a un super pouvoir et sait les comprendre. Vite il faut les sauver, la maîtresse appelle les pompiers. De courts textes, des illustrations adaptées et des bulles permettent au lecteur débutant de se plonger facilement dans cette collection "premières lectures" qui permet autonomie de l'enfant ou lecture à deux voix. Pour les plus jeunes - qui attendent par exemple leur passage aux urgences pédiatriques - la narration est simple et intéressante, elle permet de commencer à manipuler et à découvrir des livres de "grands".

Qu'avais-je encore dans mon sac ? Encore heureux qu'il ait fait beau de Florence Thinard aux Editions Thierry Magnier.
Lecture en cours ! Une lecture délicieuse dont je vous parlerai à l'occasion de mon prochain billet concernant Les Incorruptibles puisqu'il fait partie de cette sélection. Pour mémoire, retrouvez mon précédent billet Ici.
Et puis l'équipe est arrivée, l'infirmière qui a super bien assuré, constat, réconfort, explication, petit masque dans lequel il faudra respirer le temps que l'interne fasse couture, mercerie et compagnie, des gommettes "pirate" pour le décorer - "hé ! maman il y a même des pieuvres!" - et même tutorat de l'interne, un poil débutante, un poil pas tout à fait sûre de ce qu'elle allait faire ni comment. Merci, madame l'infirmière vraiment, c'était elle la pro. Elle a d'ailleurs demandé à Grenouille de lui raconter cette histoire de pizza, l'herbe est devenue carottes râpées, la sauce tomate s'est vue garnie de crottes de nez, et d'une maison en guise de gruyère râpé. Pour une diversion, l'album Une pizza pour Monsieur Wolf, en a été une de qualité ! Et puis diplôme du courage en poche, pas une larme, mais plutôt un fou rire dû au gaz hilarant, nous sommes reparties. Il était tard, on n'avait qu'une envie, rentrer, manger, dormir. Tu veux manger quoi Grenouille ? De la pizza aux carottes râpées. Arf, on n'en a pas ! Bon ben tant pis, ce sera fromage, tomate et charcuterie avec un gros dodo, demain debout à 6h00... Vous m'en voudrez pas, hein, si je vous livre ma chronique en retard ?
Non, je crois, me direz vous. Mais vous ajouterez peut-être : "Sauf qu'il y a un bouquin, là que tu avais au fond de ton sac et dont tu ne nous as pas parlé..." C'est vrai, c'est vrai. Je ne peux pas vous laisser sans le chroniquer. Vous avez su patienter ! Mais attention, il n'est vraiment pas, celui-ci, pour les enfants. Rendez-vous du côté des adolescents. Et fermez les petits yeux de vos enfants. Ron pshiiiit. Je ne sais pas vous, mais moi en ce moment, je manque cruellement de temps et de sommeil.

Je suis sa fille de Benoît Minville, Editions Sarbacane, collection X'Prim.
" Je veux un coupable. Mon doigt tremble sur la gâchette et j'ai le cœur qui me chavire dans tout le corps. J'ai besoin d'un coupable. J'ai besoin de trouver une issue. Fuir toute entière par le tunnel de ce canon que je pose sur le front de l'homme à terre. (...) Et moi je plaque une arme, lourde dans mon poing, contre le visage terrifié du Grand Patron Français". Âme sensible, s'abstenir. Joan n'a pas encore 17 ans, mais pas loin. Joan n'a pas encore appuyé sur la gâchette, mais pas loin. Avant, il faudra rembobiner l'histoire, faire un grand pas en arrière et tenter d'expliquer comment l'ado en est arrivée là. Élevée par son père quand sa mère faisait le tour du monde, Joan s'est construite avec lui, papa, "papounet", un père partagé entre son côté rock'n roll et la sensibilité qu'il tente de cacher quand elle fait ses premiers pas dans un t-shirt Led Zep ou quand il reçoit d'elle une place pour Metallica pour la fête des pères. Lui, il fait tout pour elle, pour sa princesse, sa "punkette". Alors quand il se retrouve sans travail avec les traites à payer, quand l'impasse arrive à grands pas, il ne réfléchit plus et tente de braquer une banque. Ben oui, rien que ça. Mais pas dans la violence, il était armé d'un jouet, il a beau être rock'n roll, il a le cœur tendre, le cœur Chamallow des pères qui feraient tout pour leurs enfants. Sauf que le jouet en plastique a fait si bel effet qu'un flic qui n'a pas vu le factice dans l'arme l'a buté. Bam. Une balle et le voilà entre la vie et la mort sur un lit d'hôpital. Œil pour œil, dent pour dent. Joan veut le venger et elle qui a plutôt bien saisi les rouages de la société sait que ce n'est pas le flic le vrai coupable. C'est le patron, le grand patron de la boîte qui a foutu son père à la porte. Licenciement. Il vit à Nice, elle entraîne Hugo, son meilleur ami, prêt à tout pour la belle, même à emprunter la caisse de son frère qui fera partie à distance de l'escapade. En route pour Nice, par la Nationale 7 avec ses étapes et ses rencontres. Comme Joan, Hugo n'a pas grand chose à perdre. En rémission, il ne devrait déjà plus être là. Alors la vie, il la dévore, pas de limites, ou presque, des rencontres, des émotions intenses, une belle Blanche auprès de qui il trouvera l'amour, Joan trouvera en elle sa meilleure amie... Je suis sa fille est un roman intense, fort, excellemment écrit. Les personnages sont profonds, le road-trip n'est pas celui d'ados écervelés, les héros sont des ados écorchés, émouvants, sensibles, qui ont des idées et des idéaux, de la pudeur et de la retenue, un lourd vécu. L'écriture fluide et sensible de Benoît Minville, la construction de la narration, nous emmènent facilement dans un univers aux relations intenses ; le road-trip qui n'est pas à l'américaine n'a rien à envier à la 66 road : grand bravo à son auteur, grand *** coup de cœur ***.


*** Les références ***

* Une pizza pour Monsieur Wolf d'Anne-Gaëlle Balpe et Elodie Durand Editions L'Elan Vert, février 2014 - 11,20€ - à partir de 4 ans.
* Les animaux de Lou - Nage Petti Phoque ! de Mymi Doinet et Mélanie Allag, Editions Nathan, collection Premières lectures - janvier 2014 - 5,60€ - à partir de 6 ans.
* Je suis sa fille de Benoît Minville, Editions Sarbacane, collection X'Roman, 2013 - 14,90€ - à partir de 14 ans


Et dites moi, si vous croisez Maman Mammouth, pouvez-vous lui dire de me contacter ? Elle a gagné Bonbek. Je serai obligée de le refaire le tirage au sort s'il elle ne me contacte pas d'ici lundi prochain... 

4 commentaires:

  1. Ben dis donc c'est palpitant de te lire

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  2. Ben dis donc c'est palpitant de te lire

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  3. Jolie sélection de livres! :-)

    Et sinon... je t'ai taguée :-)

    http://mamanmammouth.blogspot.fr/2014/02/jai-ete-taguee-3.html

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  4. Oh ben dis-donc, que d'histoires !

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