vendredi 27 décembre 2013

Noël et les étoiles...


Les étoiles qui scintillaient dans les yeux des enfants, dans le sapin vert, dans le sapin blanc. Fausse neige. Vraie joie, ils ne mentaient pas. Les étoiles qui brillaient aussi cette nuit de Noël, je le sais, j'ai mis le nez dehors plusieurs fois et j'ai regardé le ciel. Il brillait, c'était Noël. J'ai mis le nez dehors pour faire une parenthèse. Ou peut-être pour aller chercher le flacon de Doliprane. Le rose. Cette nuit de Noël était particulièrement humide aussi. Le ciel pleuvait, par spasmes, l'eau ruisselait, fort. Par moment. Le vent faisait passer les nuages, très vite, le ciel bougeait, qui brillait, qui pleuvait, qui brillait, qui pleuvait par intermittence. Je le sais, j'ai mis les pieds dehors, plusieurs fois, j'avais le nez au ciel et je n'ai pas vu les flaques, flaques, floc, faire subir un tsunami à mes chaussures haut perchées pourtant, aux talons beiges et étoilés. Eux aussi. Pailletés, comme mes cheveux, comme les yeux de mes enfants. Ces chaussures sont nées avant eux, elles m'ont mariée et fait piétiner sur des tapis chics. J'avais des étoiles ce soir là dans la tête, j'avais envie de les dépoussiérer sans passer le chiffon sur les souvenirs, ni les mouchoirs en papier. J'y suis allergique. C'est marrant de loin. De près, ça fait des irritations, des cloques, des flaques. Des flaques qui ont aspiré mes chaussures à pointes, mouillé trempé mes pieds, pointure trente-huit et demi, Père Noël. Coup de baguette magique, je les change en bottes en cuir. Cavalières. J'ai les pieds trempés, encore. L'esprit qui ne divague pas. Enfin pas trop, j'ai les yeux secs, cette année. Mes pensées ne partent pas ailleurs, je suis bien là, ça y est, ça va. C'est le troisième Noël sans lui. Ces chaussures étoilées, je ne sais même plus marcher avec et elles se prennent les flaques. A moins que je n'aie jamais su, je ne sais plus. Il a plu beaucoup, tempête, inondations. Pensées à Quimperlé et ailleurs aussi. J'ai bu du champagne, ce n'est pas souvent, j'ai bu peu, je ne tiens pas l'alcool. Comme on dit. Et j'aime les étoiles, moins les bulles, sauf si elles sont de savon. Et j'ai une préférence nette pour le vin rouge. J'ai pas pleuré. J'habite à côté, du lieu des festivités familiales, je suis rentrée à pieds. Mouillés. Avec mes enfants, étincelants. Et des paquets. Par milliers, à peu près. Je n'ai pas pleuré ce soir là, cette nuit là.  Mais je me suis rattrapée depuis. Et j'ai un peu tourné en rond, en rentrant à la maison. Et le cadran a tourné, tout seul, tout seul. Je ne fais pas d'insomnie. C'est juste que parfois je ne dors pas. De loin, c'est marrant, ça fait des textes qui sortent dans la nuit. De près, ça fait des cernes, des poches sous les yeux, des flaques. Et ploc. Ce n'est pas pareil. Mais j'ai vu des étoiles. Premier Noël sans lui et l'esprit un peu plus léger. Comme si le vent m'y avait aidé. Et le ciel. Celui qui pleuvait, qui brillait, qui pleuvait, qui brillait. Par intermittence. Mais j'ai eu la tempête aussi. Et j'ai essuyé colère, crises phobiques, celles qui viennent sans prévenir quand le Petit Pois vert se transforme en petit poisson rouge. Pour me rappeler que la vie de tout les jours n'est pas faite que de parenthèses enchantées. Mais il a vu des étoiles aussi, j'ai vu ses yeux qui brillaient comme un ciel étoilé d'août, comme ce ciel étoilé de décembre, quand il a eu le cadeau qu'il attendait. Et tous les autres aussi. J'ai vu ma Grenouille s'étonner de recevoir des choses qu'elle n'avait pas demandées "mais il est coquin le Père Noël " et elle est joyeuse, ma Grenouille. J'ai vu ses yeux se froncer, tout de même, son regard noir m'en vouloir, quand je lui ai dit que le Père Fouettard n'existait pas. Tu mens. Elle m'a dit. Je lui ai répondu non. Je ne te mens pas. Je ne te mens pas. Tu me demandes, je te réponds. Je n'aime pas le chantage autour de ce personnage, là. Ni cette façon qu'ont certains de le faire intervenir.
Je ne te mens pas, un jour tu sauras que je ne te mens pas. Et elle s'est endormie, un sourire au coin des lèvres et ses yeux ont brillé encore quand au petit matin, un petit matin qui n'appartenait qu'à nous trois, elle a vu que le Père Noël était passé. Et pour le calmer, lui, après la tempête, la fatigue, le stress, le mal de tête, le Doliprane, j'ai adopté le silence, je me suis allongée à ses côtés, dans son lit, le temps qu'il lâche prise, qu'il se détende, qu'il cède au sommeil. Et cela a marché. En peu de temps il a gagné un autre monde. Et je me suis relevée et j'ai tourné, tourné, en rond, dans la maison et les aiguilles ont tourné, tourné en rond, autour du cadran. Et les paquets sont arrivés au pied du sapin, et il était déjà trois heures et des poussières, plutôt quatre d'ailleurs. Et je me suis allongée, j'ai pris un roman et à mon tour enfin, j'ai réussi à lâcher prise. Quelques heures en tout cas. C'était mon premier Noël sans pleur, depuis qu'il est parti. Evidemment, rien que d'y penser, rien que d'y penser, je mets mes bottes de pluie, je sors le parapluie, j'ai des nuages dans les yeux, ils balaient les étoiles qui y brillaient. ça a fait des flaques, des flaques et ploc. Et puis le moment de plier arrive, il est devenu temps que j'éteigne ces étoiles filantes, ces étoiles fuyantes, pour un petit reste de nuit, de nuit de Noël, il est devenu temps que je m'endorme enfin. Bonne nuit. Bonne nuit de Noël. Et flaques et cloques.

7 commentaires:

  1. encore un nouveau pas...crois tu qu'il y avait des étoiles dans les yeux cette année parce que toute la pluie était dehors? en tout cas t'as raison, les étoiles dans leurs yeux et leurs sourires ce soir la vaut tout l'or du monde!

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  2. Moi en tout cas, j'ai toujours des étoiles dans les yeux chaque fois que je te lis. C'est vraiment magnifique, vraiment.
    La vie continue, et malgré mes quelques 16 années, je te souhaite qu'elle continue encore de briller autant, de réussir à aller de mieux en mieux chaque année. Je t'embrasse, passe une bonne fin d'année

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    1. Merci Nathan, je pense que je te lirai aussi avec grand plaisir quand dans très peu de temps tu publieras, tu as la plume pour cela !

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