mercredi 20 novembre 2013

La double vie de Cassiel Roadnight

 "Je n'ai pas choisi d'être lui. Je n'ai pas désigné Cassiel Roadnight, je ne l'ai pas fait sortir d'une file de personnes qui me ressemblaient comme deux gouttes d'eau. J'ai simplement laissé faire. Je voulais simplement que ce soit vrai. C'est le seul tort que j'ai eu, au début". 
Londres. Un ado paumé, dans un "endroit défraîchi tenu par des gens défraîchis". Un foyer, un centre d'hébergement temporaire dans lequel il s'est fait enfermer il y a deux ou trois jours. Il n'a pas d'identité, il la cache. "Eux", ils cherchent qui il est. Ginny et Gordon. Et ils trouvent. Enfin, ils le pensent. Alors quand ils lui présentent une photo, quand ils posent un nom sur celui qui dit être personne, il les suit. Il dit oui. Pourquoi pas ? Parce que l'ado sur la photo lui ressemble à s'y méprendre. Même lui, il regarde à deux fois en découvrant l'image. Mais il y a des détails qui ne trompent pas. Il n'est pas Cassiel Roadnight. Aux yeux de tous, il le sera, dorénavant. Pour Ginny et Gordon, bien sûr. Mais surtout pour la famille de Cassiel qui est à sa recherche depuis deux ans : Helen, sa mère, Edie, sa sœur, son frère, Franck. En deux ans, un ado change beaucoup. Alors ils n'y verront que du feu. A moins qu'ils ne le trouvent vraiment changé ? Lui, le vrai lui, il n'a pas de véritable identité. Il a un grand-père, une histoire pas claire, que l'on compose en glanant quelques bribes au cours de la narration. Il a un surnom, Chap. Son prénom, le vrai, viendra tard dans le roman, très tard. En se mettant dans la peau de Cassiel, Chap joue à un jeu dangereux. Le risque que le vrai Cassiel revienne, le risque que la famille découvre la supercherie... à moins que sa présence n'en arrange certains. Discrètement, il apprend à être Cassiel. Chap recompose, apprend, apprivoise des bribes de souvenirs, des photos, des personnes. Il doit s'approprier une vie qui n'est pas la sienne, tout en découvrant, au fur et à mesure de son investigation que la disparition de Cassiel n'est pas un hasard. Et l'arrivée de Floyd, un personnage très particulier qui en sait beaucoup, beaucoup trop peut-être  sur Cassiel, n'y est pas pour rien. Contre l'avis de Franck, Chap a envie de lui faire confiance. Tension du récit, intrigue, complexité du récit qui mêle plusieurs histoires, complexité aussi des personnages, marginalité, famille, quête d'identité, douleur et secrets de famille, Jenny Valentine livre à nouveau un excellent roman, tout en suspense, tout en polar, tout en récit noir, très noir, comme elle sait si bien le faire. La traduction est excellente et le roman vient de recevoir la Pépite 2013 du Roman ado Européen, je n'ai pas lu d'autres romans sélectionnés - Le cœur des louves de Stéphane Servant est en attente dans Ma Pile à Lire - mais celui-ci vaut vraiment vraiment le détour et c'est un grand *** coup de cœur ***

La double vie de Cassiel Roadnight de Jenny Valentine, traduit de l'anglais par Diane Ménard, Editions L'Ecole des Loisirs, septembre 2013 - 16,50 € - à partir de 14 ans.

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