vendredi 13 septembre 2013

Au pays des merveilles...

Je vous parle tout le temps de livres ou presque, peu de ma bibliothèque. Parmi mes albums privilégiés, se trouvent Les étoiles de Miu d'Agnès Domergue et Le Yark de Bertrand Santini, illustré par Laurent Gapaillard. Cela fait des mois qu'ils sont sortis, des mois que je les connais, des mois qu'ils me sont précieux, qu'ils m'ont été précieusement dédicacés aussi, que j'en achète des exemplaires pour les offrir, pour qu'ils cheminent. Cela fait des mois et je ne vous en ai pas encore parlé. Shame on me. Je voulais vous en parler, et le temps, comme d'habitude, a filé. Je voulais vous en parler, et la pile de livres a grandi, a grimpé, a rejoint le plafond, le ciel, les étoiles. Tiens, des étoiles. Je voulais vous en parler mais pas à la va vite, je voulais vous en parler quand presque plus personne ne vous en parle. Je voulais vous en parler en pleine rentrée littéraire, quand ce n'est pas la leur. Je voulais vous en parler avant de vous parler du prochain Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, car on le sait, on le sent déjà, les regards sont tournés vers cet événement, vers les sélections, vers les distinctions, vers cette émulation. Il fallait que je refasse une immersion dans ma bibliothèque, en pleine rentrée littéraire, en plein boom de septembre. Je les ai sortis. Ils n'étaient pas bien loin. Ils savent se rappeler à moi. De temps un temps. Tiens, des étoiles. Tiens, Grenouille, qui veut que je lui lise et relise Le Yark. Lecture exquise, elle en est ultra gourmande. L'album nous a accompagnés en vacances (Ici). Tiens des étoiles. Pas de thématique, juste une envie, chic, d'être au cœur de ce choix là. Me voilà donc responsable donc, de vous les présenter ensemble et de les aimer à égalité. Et voilà bien leurs points communs. Moi. Parce que sinon, ils n'ont pas grand chose à voir entre eux, à première vue. Et pourtant... Dans chaque album, de la finesse, de la subtilité et de la poésie. 

J'ai découvert Les étoiles de Miu en librairie. Et la couverture m'a tout de suite attirée. Un beau violet, une petite fille aux traits doux et à l'expression qui l'est tout autant. Miu. Drôle de prénom. Je l'ai pris, je l'ai ouvert, j'ai été bluffée. Des vignettes aquarelle, des traits et des tons légers, subtiles, du texte, peu, dilué, comme les couleurs de fond. De l'élégance, de la finesse, du doigté. En main, c'est un album d'une belle qualité d'édition, choix de papier,  légèrement teinté, granuleux aussi, épaisseur de la page. Mais surtout, surtout, qu'il est beau. Au fil des pages, des expressions revisitées, des métaphores, il n'y a pas vraiment d'histoire. Etoiles, nuits, rêves font le fil conducteur, le fil déambulateur dans les pensées, les idées de Miu et de son auteure et illustratrice, la talentueuse Agnès Domergue. Un voyage dans la douceur, des tons et demis tons, calme et sérénité imprègnent l'album, une pointe d'humour aussi. C'est beau. C'est tendre. C'est calme. Raffiné. Le temps ne file plus, on a juste à poser sa montre loin. Tic tac tic tac... Loin là-bas. A se poser et à profiter du voyage.

Voici un extrait texte: 
" J'ai un trésor bien plus précieux que ton château de conte de fée ! 
Regarde,
la lune, de ma fenêtre"

et pour le plaisir des yeux, quelques unes de mes photographies de l'album.  Si j'avais un texte, Agnès Domergue fait partie des illustratrices à qui je le présenterais.

"Tu l'auras voulu... Yark"
Non ce n'est pas une phrase tirée du livre mais un hymne à la bagarre
 pour de rire ou pour de mine, 
comme on veut, et comme on fait parfois ici, 
à la Maison Rouge.

Le Yark, je l'ai rencontré sur Internet. Il était appétissant, terriblement apprécié, chroniqué, adulé et aimé par quelques uns des membres de l'équipe d'A l'Ombre du Grand Arbre. Alors, il me le fallait, forcément. Mon histoire avec Le Yark a commencé avec la rencontre des auteurs ( J'avais adoré l'Etrange réveillon, l'hiver dernier (Ici) de Bertrand Santini, illustré cette fois par Lionel Richerand). Mon histoire avec Le Yark a commencé par une lecture délicieuse qui s'est achevée. Puis, une lecture supplémentaire que j'ai enchaînée pour savourer les beau mots qui racontent des choses affreuses à nos enfants. Et ces illustrations touffues, aux grands yeux et aux grandes dents. Il n'y a pas escroquerie, il y a des crocs et le Yark croque. Des enfants. C'est terrible. Je l'ai relu donc, directement, après l'avoir terminé, pour ne pas le quitter, pour le plaisir de l'histoire, mais surtout pour entendre sonner les phrases, les mots, apprécier le rythme, les cadences. Je me souviens, dans un TGV, en première. Il méritait bien ça, Le Yark. Une lecture grand plaisir en sortant du Salon du Livre de Paris. Du bruit, du bruit. Et le calme, l'hypnose. Quel talent, Bertrand Santini. Quel talent. Et puis depuis, je le lis régulièrement, à voix haute, chapitre par chapitre à ma fille de 4 ans, bien connue ici avec l'étrange surnom de Grenouille. Et elle en raffole. Et lu à haute voix, quel bonheur. Le bonheur des belles phrases, d'un beau texte, le bonheur de l'esprit, de l'humour qui jaillit pour raconter avec une voix qui chante, une voix qui souligne les rimes, qui fait mélodie, les plus terribles des ignominies. Le Yark est un monstre. Il aime les enfants, certes, mais dans sa gueule, sur sa langue, au fond de son estomac.
" Il adore sentir leurs petits os craquer sous sa dent et sucer leurs yeux moelleux comme des bonbons fondants". 
Le problème du Yark, c'est que s'il n'a pas la papille si sensible, il a l'estomac fragile. 
" Son ventre délicat ne tolère que la chair d'enfants sages, un peu comme les vieux, qui avec l'âge, ne digèrent plus que le potage". 
Les enfants sages ? Une denrée rare, semblerait-il. Le Yark devra faire preuve d'ingéniosité pour réussir à mettre les crocs dessus et à remplir, remplir, celui qui crie famine - son estomac - en étant sûr que cette vermine - les enfants - n'aient pas fait la moindre bêtise, sous peine de se rendre très malade. Pas évident. Et soudain. (Il y a souvent 'soudain' dans les contes, et aussi 'il était une fois', mais pas là. L'auteur est brillant). L'auteure de la chronique bien moins, elle peut donc se permettre le "Et soudain". Et soudain, donc, Charlotte. Charlotte qui transforme ses plans en compote. Qui les écrabouille, les met à mal. L'enfant modèle n'attendait que lui. Elle aime le Yark. Mais pas lui. Elle se rebelle. Il ne sait que faire de cette enfant qui ruine tous ses plans. Et puis il y a Lewis. Ah non, ce n'était pas Lewis, trop tard. Croqué, avalé, sa santé est ruinée. Au Yark. Patraque. Et patatras. Et Madeleine, alors ? Madeleine. Bonne, belle, aimante. Y a -t-il un cœur de Yark, sous tous ces poils de Yark ? Ou bien Madeleine n'est que bonne, bonne à croquer ? C'est ici en tout cas, que j'arrête mon résumé, ponctué, vous l'avez vu, de quelques dessins qui illustrent un album d'une très grande qualité, y compris en ce qui concerne son édition chez Grasset Jeunesse. A avoir et à offrir absolument. 
Mon histoire avec le Yark continue, encore et encore, comme avec Les Etoiles de Miu, comme Nox ou Méto, il fait partie des livres que j'offre et que j'offrirai encore et encore. Des livres avec lesquels je réponds à la question "Mais toi, vraiment, pourquoi, pour toi, la littérature Jeunesse ?". Parce que Le Yark, Méto, Nox, Les Etoiles et bien d'autres encore, albums ou romans pour tous les âges. Parce que la littérature pour la jeunesse n'a aucune limite d'âge. D'ailleurs, je ne saurais donner de tranche d'âge cible pour ces albums. Au pays des merveilles, ils sont destinés au lecteur universel. 

Les références
Les Etoiles de Miu d'Agnès Domergue, Editions Limonade, septembre 2012 - 12,40 € 
Le Yark de Bertrand Santini, illustré par Laurent Gapaillard, Editions Grasset-Jeunesse - juin 2012 - 13 €


2 commentaires:

  1. Etre présentée avec le Yark était déjà un cadeau... mais là... je peux simplement dire merci ? :-)

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  2. Très jolie chronique qui, du coup, me donne envie de lire les deux !

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