lundi 27 mai 2013

Un jour de lessive presque comme un autre...

Presque que comme un autre. Pas tout à fait donc. Parce que dimanche, c'était la Fête des Mères. Alors j'ai envoyé un mail clin d'oeil à ma propre mère, propre juste parce que c'est la mienne, non pas parce qu'elle a été lessivée. Bien qu'à mon avis, mon humble avis, elle ait peut-être besoin d'être rincée, mais c'est juste parce que là où elle est, elle prend des bains plutôt agréables. C'est ce qui se dit, dans les Caraïbes. Rincée, finalement c'est plutôt à moi que cela pourrait coller. La semaine passée, la Grenouille ne m'a pas laissée une nuit sans me réveiller au moins deux fois. Parfois trois, parfois quatre et même cinq. Ce qui coupe les pattes, et pas seulement. Et puis il y a eu cette surdité enfin diagnostiquée. C'est marrant comme les choses ne peuvent pas vraiment être simples dans la vie. Ce qui me fait digresser directement, lire un livre pour enfant dans lequel l'histoire est douce, cela peut-être pas mal aussi. C'est une question que je pose sur une Lecture commune en cours pour A l'Ombre du Grand Arbre. Depuis samedi, c'est le Petit Pois qui est malade (c'est définitif, j'enlève le D sous peine qu'on y porte des sens complètement inappropriés ), avec de la température et un liquide vert et épais qui sort du nez et des oreilles. La classe, cette tendance Hulk sans les muscles. Dans ces cas là, il éprouve une grande fatigue. Et dans son sommeil, il a tendance à partir loin, très très loin dans les bras de Morphée et à tout oublier. Et moi j'ai tendance à oublier qu'il s'oublie... Ce matin là, hier matin donc, bonne fête Maman. Vraiment bonne fête ! Quand l'un  m'a réveillée trop tôt (c'est toujours trop tôt le dimanche quand c'est avant 8h00) et l'autre s'est réveillé mouillé. Un jour de lessive presque comme un autre.
Pour la fête des mères, des pères, l'équipe enseignante de l'école du village dans lequel nous vivons a pris la décision de ne pas préparer de cadeaux pour célébrer l'occasion. Et je les en remercie. Ce n'est pas l'idée d'éviter de recevoir un collier de nouilles peintes qui me fait dire cela. Ici, et certainement ailleurs, on ne fait pas de colliers de nouilles peintes. Les ateliers et les travaux rapportés sont de belles réussites et sont accrochés dans les chambres, dans la cuisine et dans notre galerie-couloir. Contrairement à ... ça. Mais ça vient d'ailleurs ! En mode parent solo de deux jeunes enfants, on ne peut donc compter que sur soi-même si l'on veut fêter la fête des mères et la fête des pères... Non, non. Je ne bois pas d'ode Vichy et je ne veux pas fêter la fêter des mères. Mais je ne suis pas contre un petit bisou avec les bras, un gros câlin avec les mains posées sur les joues, ou un petit mot doux murmuré dans le creux de l'oreille... Un petit peu chaque jour. 
Enfin quand même, hier, je voulais des croissants. Pour cause de Fêtes des mères ? Pour cause de dimanche détente ? Plutôt la deuxième option. Ou peut-être un peu des deux. Alors j'ai fait le bib' de l'un, en lui disant sage comme une image, le temps que tu te l'enfiles, je vais chercher le pain. Tu y vas en pyjamas, maman ? Bien sûr. Flash back rue d'Antrain à Rennes, rue Jeanne d'Arc Paris 13e, Place du Friège dans un no man's land d'Oise ou de Val d'Oise... Oui je suis toujours sortie en pyjamas pour aller chercher le pain de bon matin. Et oui, ça a toujours été moi le livreur de pain. Alors ici, à l'angle de la rue Angélique Perrigault, je fais de même. Et je géocalise à mort pour certains cercles, parce que oui, il y a parfois des privates jokes dans mes chroniques. Allez vite. Vite le pain, je veux dire. Et surtout les croissants, parce que mince, c'est fête des mères et que de toute façon je n'aurais pas d'offrande - sauf une marre de pipi, des fesses à essuyer, des nez à moucher, un jus de fruit renversé sur de beaux habits, ceux du dimanche, quelques pleurs, quelques cris. Si ça se trouve, de la bave aussi. Le tout lié avec des petits bisous, des formules de politesse, des compliments, des yeux doux, mais pas trop non plus. 
Retour, au pas de course, dans la maison, l'enfant sage qui ingurgite son biberon quand le reste de la maison, et même du quartier, du village presque dort... Et le café qui est prêt. Et le rituel tête à tête mère-fille quotidien. Et tiens, cette idée, cette envie de presser des fruits pour un jus parfait et cette pensée qui remercie en silence le doux livreur d'oranges qui me fournit en ce moment les vitamines nécessaires à une vie parfois chaotique. Comme de l'ouate. Des angles molletonnés. Celui qui garde silencieusement les enfants parce que non je ne les ai pas laissés seuls dans la maison. Un mug immense de café non terminé, et l'enfant mouillé se lève. Bisou sur la joue, sur le front. Il a de la fièvre. Change, Doliprane, deux trois trucs à picorer et à boire. Il a soif, sa gorge est en feu, mais il n'a pas faim. Et quand il a tout ce dont il a besoin, direction la chambre, au secours du lit aux draps imprégnés, rendez-vous à 9h00 devant la machine à laver. Bonne fête, maman. Une machine, donc. Non, deux, la couettes est grosse. La fête des mères ? Non pas que j'y attache une bien grande importance, mais à part les croissants auto- livrés et le jus d'orange pressé parce que pour une fois c'était un matin où l'on n'était pas pressés, je n'ai pas vu une grande différence. Comme si la fête des mères était un jour de lessive comme un autre. 
Un jour de lessive de Christian Bruel et Anne Bozellec. Il est vert pétant, travaillé au crayon, en bichromie. Il n 'y a pas de texte, dans cet album, mais il y a une histoire. Une maman de dos qui étend le linge. Il fait chaud, au loin la montagne, sur sa tête un chapeau de paille. Un petit garçon, tout petit garçon, doudou en main, passe derrière elle, soulève le drap, comme s'il s'agissait d'un rideau de théâtre. Et l'aventure commence. Avec des ours en peluche, un vautour peut-être et un lutin. Plusieurs même. Avec un fil à linge, un fil de pêche ou un fil à la patte. Avec des épingles à linge, toujours, le linge, parfois blanc, parfois vert, qui sèche au vent, avec de drôles de personnages, qui vivent et évoluent derrière le fil, derrière le fil à linge comme s'ils étaient des héros de film, de livres, de pièces de théâtre. Ils passent parfois devant, mais attention aux chaussettes vertes. Et si c'était l'enfant qui passait de l'autre côté ? Du côté des rêves, au pays de l'imagination ou de la fiction ? Et si le fil devenait liane, les vêtements des rideaux et si l'on retrouvait les personnages des histoires, des contes, et si enfin, avec toutes ces émotions dont la surprise, dont la peur, le rideau se refermait, et que la main de maman se posait réconfortante sur la tête de l'enfant ?

Un jour de lessive de Christian Bruel et d'Anne Bozellec, réédition d'un classique de la littérature jeunesse de 1989 aux Editions Thierry Magnier, janvier 2013 - 11 € - à partir de 2 ans.

3 commentaires:

  1. Le jour de la lessive est un de mes classiques, j'adorais ce livre quand j'étais petite. il n'était alors qu'en noir et blanc et figurait au catalogue des éditions Le Sourire qui mord, ensuite repris par les Editions Etre.
    je suis contente de voir qu'il figure désormais au catalogue de Thierry Magnier !

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  2. Oui Bouma j'ai oublié de le repréciser !

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  3. Oui, c'est un très joli jivre, et là très bien "relooké" en vert vif !
    Sinon, tes petites tranches de vie quotidienne en mode solo avec deux bigorneaux sont toujours émouvantes et drôles. Courage, et amitiés ...

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